La grille conventionnelle des salaires, le minimum syndical
La grille conventionnelle constitue le baromètre des salaires en officine. Elle détermine le minimum syndical que l'employeur doit verser à chaque collaborateur en fonction de son coefficient. Pour obtenir le taux horaire brut d’un adjoint, il suffit d’appliquer la formule « point officinal X coefficient / 100 ». Révisable chaque année, la valeur du point officinal est négociée en commission mixte paritaire. Son montant actuel, 4,355 euros, résulte d’un accord conclu le 7 mars 2016 et étendu par un arrêté paru au « Journal officiel » du 12 juillet 2016.
En 2017, les partenaires sociaux de la branche n’ont conclu aucun nouvel accord portant sur la revalorisation de la grille des salaires. « Tant que les négociations conventionnelles avec l’assurance maladie n’avaient pas abouti, on ne pouvait pas s’engager sur une évolution du point avec le risque de fragiliser l’économie des officines. Une augmentation par exemple d’un pour cent du point officinal aurait coûté 60 millions d’euros à la branche », explique Philippe Denry, président de la commission des relations sociales et de la formation professionnelle de la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France). Une conjoncture agitée de turbulences, des évolutions négatives de chiffre d’affaires, la météo officinale n’était pas au beau fixe !
Victimes collatérales d’un contexte économique sous tension, « les salariés sont directement impactés », déplore Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de FO-Pharmacie. « Certes, il existe des disparités régionales et certains adjoints sont mieux lotis que d’autres, mais la tendance générale s’aggrave. Leurs salaires sont majoritairement alignés sur le minimum de la grille, alors qu’il y a une dizaine d’années, ils étaient plus souvent payés au-dessus. »
Ce constat en reflète un autre. « Plus de 50 % des officines sont dans le rouge à la banque. Pour celles-ci, les tensions économiques sont telles que le problème n’est plus de savoir comment bien payer son adjoint mais comment le payer », souligne Daniel Burlet, en charge des relations sociales à l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine). Une situation critique qui entraîne des dérives. « On constate aujourd’hui que certains adjoints ne bénéficient même pas du coefficient qui devrait leur être attribué », s’inquiète Olivier Clarhaut. Si on regarde dans le rétroviseur pour objectiver ce constat sombre, les dernières années blanches, sans augmentation conventionnelle, sont survenues en 2011, 2014 puis 2017. Le retard sur l’inflation, en niveau, a été compensé en 2015 et 2016. « Mais le retard sur l’inflation, en masse, n’est jamais rattrapé. Ce qui n’a pas été gagné reste perdu », précise Olivier Clarhaut. Au final, en août 2017, la courbe des salaires conventionnels et celle de l’indice des prix à la consommation se confondent presque.
L’écart de 0,94 % n’est donc pas aussi alarmant, mais le malaise persiste. « À diplôme égal avec les titulaires, les adjoints souffrent d’un manque de reconnaissance et de considération. L’attractivité de la branche est devenue déplorable », poursuit Olivier Clarhaut. Ce sentiment de ne pas être valorisé, c’est bien le talon d’Achille de l’adjoint. Il bénéficie de la même indépendance professionnelle que le titulaire, tout en étant un subordonné en vertu de son contrat de travail. Le Code de la santé publique reconnaît d’ailleurs noir sur blanc cette dualité, « les pharmaciens doivent traiter en confrères les pharmaciens placés sous leur autorité », indique l’article R.4235-35.
500, le coefficient le plus répandu
Près de 60 % des adjoints culminent au coefficient 500. L’équation est simple, la rémunération à temps plein à ce coefficient (35 heures par semaine) atteint environ 3 300 euros brut, soit 2 570 euros net en bas de la fiche de paye. À part compter sur une augmentation librement arbitrée par le titulaire, les leviers pour évoluer sont limités. Travailler plus pour gagner plus. Les heures supplémentaires majorées (25 % de la 36e à la 43e heure incluse, puis 50 % au-delà) sont une option pour gonfler les fins de mois mais elles restent soumises à la volonté du titulaire, lequel détient le pouvoir de direction et d’organisation des plannings.
Parler anglais, espagnol, italien, russe etc., c’est l’assurance de gagner un bonus de 8 % sur le salaire minimum, à condition d’utiliser régulièrement au comptoir la langue étrangère couramment maîtrisée. Encadrer d’autres pharmaciens ou avoir une valeur technique élevée : dans l’échelle de la classification, les coefficients 600 à 800 sont accordés aux adjoints qui répondent à ces critères sélectifs, pas si évidents que cela à objectiver. Sur le terrain, ces coefficients premium deviennent des perles rares. De quoi dissuader un adjoint au coefficient 600 de changer d’officine.
« Recruter un adjoint en zone rurale reste encore souvent une gageure et les candidats ne se bousculent pas vraiment alors que les conditions offertes sont souvent plus avantageuses. La problématique est différente en zone urbaine et dans les villes universitaires », modère Daniel Burlet. La progression de carrière officinale des adjoints reste ainsi relative. À moins de prendre des parts dans une SEL, une SPF-PL, ou d’avoir une perspective d’installation, avec d’autres embûches économiques à la clef.
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