Les médicaments de plus de 1930 euros PFHT constituent désormais 12 % du chiffre d’affaires, selon Fiducial. « Si l’on prend la tranche 4 et 5 de la MDL, c’est-à-dire les médicaments à 150 et à 1930 euros, cela représente entre 37,5 et 38 % du chiffre d’affaires du médicament à TVA de 2,10 % », relève Emmanuel Leroy, responsable national du réseau professions de santé chez KPMG.
« L’analyse du chiffre d’affaires faisant abstraction de la part des médicaments chers dans le « 2,10 % » est un sujet de commentaire de bilan mais aussi un sujet de transaction et un sujet de viabilité de l’officine », ajoute-t-il. La démonstration n’est plus à faire. Alors qu’au-delà d’un prix de vente de 1920 euros, un produit ne dégage pas de marge, la part de plus en plus significative des médicaments chers dans le chiffre d’affaires grignote d’année en année la marge brute. Tout au moins quand celle-ci est ramenée au chiffre d’affaires. Or en 2023 ce ratio passe pour la première fois sous le seuil des 30 %, à 29,80 % pour Fiducial, 29,33 % chez CGP et 29,90 % chez KPMG. Du jamais vu depuis une dizaine d’années, puisqu’en 2019, ce taux se situait entre 30,76 % et 31,80 %, selon les cabinets comptables.
Inquiétudes
Ce décrochage est principalement dû à la disparition de la marge issue des activités Covid. Il n’empêche, cette tendance inquiète tout particulièrement les pharmacies dont le chiffre d’affaires n’a pas augmenté (40 % des officines clientes de KPMG). « Ces pharmaciens-là me disent, ces médicaments chers on ne veut plus les délivrer. Car si on vend un médicament à plus de 2000 euros, on gagnera 100 euros de marge et ça va tirer vers le bas notre taux de marge. En revanche, s’il y a un litige avec l’assurance-maladie, on perdra 1 900 euros, c’est-à-dire le coût d’achat du produit », décrit Emmanuel Leroy. « Il y a une véritable inquiétude pour les pharmaciens en trésorerie tendue. Dans ce cas, ils préfèrent renvoyer les patients vers des confrères. » Une posture qui, en Île-de-France ou dans les métropoles, ne porte pas préjudice à l’accès aux soins. En revanche, en zone sous-dense, elle pourrait être néfaste à la prise en charge des patients. À surveiller donc. Un bémol toutefois est émis par Emmanuel Leroy. En dépit de leurs effets sur le taux de marge, l’expert-comptable n’en incite pas moins les titulaires à considérer les médicaments chers comme pourvoyeurs de marge en valeur. Car si la première dispensation peut, de fait, nécessiter du temps en conseil, les suivantes, lors des renouvellements sont moins chronophages. « À chaque fois cependant on va gagner 95 euros de marge. Or il faut en vendre des boîtes de Doliprane pour accumuler une telle marge ! »
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