S’ils sont une mince majorité (53,5 %) à reconnaître les délégations de compétences vers les pharmaciens comme positives pour leur exercice officinal, les titulaires n’en restent pas moins circonspects quant à leurs retombées économiques. Ainsi, une proportion identique estime que ces missions entraînent un surcroît de tâches administratives, réclament un budget consacré à la formation des équipes et, dans une moindre mesure, un réagencement de l’officine. 16 % considèrent que cet engagement nécessite une embauche de personnel, 26 % une réorganisation des postes au sein l’équipe.Intensifier le fluxCes délégations de tâches sont d’ailleurs à multifacettes. Tant et si bien qu’il est difficile pour les titulaires d’évaluer la part des honoraires associés à ces actes dans leur rémunération. Seuls trois pharmaciens sur dix y parviennent. D’ailleurs le gain associé à ces nouvelles missions ne figure pas au rang de leurs motivations premières. Pour neuf pharmaciens sur dix, leur engagement dans la vaccination, dans les TROD, la téléconsultation, les entretiens etc répond avant tout à la demande de leurs patients. Un peu plus d’un quart convient que ces offres permettent également d’intensifier le flux dans l’officine. L’amélioration de la marge et la différenciation concurrentielle vis-à-vis de leurs confrères n’arrivent qu’en troisième et quatrième positions de leurs motivations.
Les titulaires restent d’ailleurs sceptiques sur les retombées financières d’un tel investissement en temps et en ressources humaines. Pour 88 % d’entre eux, les nouvelles missions contribueront à améliorer avant tout l’image de la profession tandis que 29 % estiment qu’elles seront bénéfiques à l’économie du réseau. En revanche, un titulaire sur dix s’avoue pessimiste : le développement de ces nouvelles activités va achever de plomber le bilan comptable des officines. De fait, comme le démontre David Syr, directeur général adjoint de GERS Data, (voir page 35), il reste pour l’heure difficile de mesurer les effets directs des nouvelles missions dans l’exercice officinal. « L'enjeu c'est de voir comment les officines peuvent les digérer », souligne David Syr. Car il ne nie pas la « charge mentale » que peuvent représenter ces nouvelles tâches dans un quotidien déjà saturé par les ressources humaines, la trésorerie, les stocks, le conseil, la recherche de relais de croissance... « Il saute d’une pensée à l’autre avec le risque d’exploser, au regard de tout ce que doit gérer le pharmacien au quotidien », décrit l’expert alertant sur un « effet pop-corn », un risque dont le réseau officinal n’est pas éloigné… Pour autant, le titulaire ne peut faire l’impasse. Il doit s’y mettre en ne perdant pas de vue l’enjeu essentiel, comme le recommande David Syr, « se les approprier dans le quotidien, de manière que son entreprise-pharmacie reste, elle, la plus rentable possible. »
*Du 14/06/2024 au 01/09/2024 auprès de 1 026 pharmacies représentatives de la population globale
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