Cinq mille ans avant notre ère, le cannabis était administré en Chine dans des indications variées : fièvre du paludisme, douleurs rhumatismales ou menstruelles, constipation. En Inde, le haschich, qui en dérive, était administré comme antipyrétique, mais aussi comme hypnotique, antimigraineux et orexigène - des indications que revendiquent aujourd’hui encore les partisans de son usage médical -.
Le milieu du XIXe siècle constitua l’âge d’or de l’utilisation thérapeutique du cannabis, alors inscrit dans la plupart des pharmacopées. Il était alors indiqué dans le traitement de nombreuses maladies et pouvait être acheté dans toutes les pharmacies. Ses indications gagnaient sur un terrain longtemps dévolu à l’opium, car il induisait moins d’effets indésirables sédatifs. Toutefois, le cannabis connut une infortune à la fin du XIXe siècle - comme tant d’autres plantes médicinales - : les médecins privilégiaient alors les médicaments de synthèse ou d’extraction (alcaloïdes notamment), d’origine industrielle, aux effets réputés plus rapides, plus spectaculaires et plus reproductibles et dont la promotion était assurée par l’industrie pharmaceutique qui commençait alors à prendre l’essor que nous lui connaissons.
La prescription médicale de cannabis, déclinante, finit par être interdite aux États-Unis à partir de 1937, à une époque où la production et l’usage de « marijuana » (désignant le cannabis dans la population Latino américaine) fut prohibée dans un contexte économico-politique qu’il serait trop long de décrire ici. Bref, il fut supprimé de la Pharmacopée de ce pays en 1941 et de la Pharmacopée française en 1953. Son usage médicinal devint dès lors plus ou moins clandestin.
Depuis, sous l’influence d’associations militantes, telles notamment l’International Association for Cannabis Medicines (IACM) (www.cannabis-med.org), sous la pression des usagers et constat fait des réels résultats thérapeutiques obtenus grâce au cannabis, à ses dérivés et aux cannabinoïdes de synthèse, la situation a évolué, d’une façon plus ou moins rapide et décidée selon les pays et selon le degré de maturation de la réflexion politique dans un domaine qui demeure souvent associé à celui de toxicomanie, voire de délinquance et qui peut effaroucher l’opinion publique… Et si la France a tardé à prendre en compte les attentes des patients, elle ne semble depuis les années quatre-vingt-dix plus hostile à une possible prescription médicale de la plante ou de ses dérivés puisque, aujourd’hui, quelque 60 % des Français sont favorables à l’usage thérapeutique du cannabis.
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