Les publications consacrées au cannabis et aux cannabinoïdes suggèrent une étonnante diversification de leurs indications potentielles. Toutefois, ces études restent souvent de faible puissance statistique. Peu d’entre elles se sont conclues par l’obtention d’une indication validée par une AMM.
Prévention et traitement des nausées et des vomissements.
Divers cannabinoïdes exercent une activité antiémétique significative dans la prévention et le traitement des nausées et des vomissements post-chimiothérapiques ou postradiothérapiques. Nabilone, dronabinol et lévonantradol ne se sont pas révélés plus actifs que les molécules de référence (métoclopramide, etc.). Même si leur intérêt en regard de celui des sétrons (antagonistes des récepteurs sérotoninergiques 5-HT3) mérite d’être relativisé, ils pourraient potentialiser l’action de ces antiémétiques et augmenter encore, administrés en association, leur efficacité.
La consommation du cannabis lui-même limite les nausées induites par certains traitements antirétroviraux et peut contribuer à améliorer l’observance du traitement.
Traitement de l’anorexie.
Une augmentation de l’appétit est observée chez le fumeur de cannabis avec une appétence spécifique pour le sucre. Sujet à tolérance, cet effet disparaît, voire même s’inverse, lorsque l’usage du cannabis se pérennise. Les cannabinoïdes sont inefficaces dans le traitement des troubles des conduites alimentaires (anorexie, boulimie). Ils sont potentiellement utiles chez les patients cachectiques en raison d’une affection néoplasique ou d’une infection par le VIH à un stade avancé, en raison de leur action sur la cinétique digestive, de leur action antiémétique et de leur potentiel anxiolytique. Des études suggèrent aussi leur intérêt pour redonner de l’appétit au patient âgé dément.
Traitements de la douleur.
Les cannabinoïdes exercent une activité antalgique centrale par leur action sur les récepteurs centraux CB1, mais aussi par leur action indirecte sur les circuits neuronaux monoaminergiques et sérotoninergiques et leur action inhibitrice de la transmission GABAergique. Cette activité reste voisine de celle de la codéine. Des études sont en cours pour mieux évaluer l’intérêt des cannabinoïdes et du cannabis dans le traitement de certaines douleurs chroniques : lésions rachidiennes, sclérose en plaque, polyarthrite, fibromyalgie etc. Le cannabis et la nabilone sont efficaces dans les douleurs neuropathiques liées à la sclérose en plaques. L’extrait titré de cannabis (Sativex, cf. plus bas) est efficace dans les douleurs liées au cancer.
Sclérose en plaque.
Nombre de publications soulignent l’intérêt des cannabinoïdes dans le traitement de la sclérose en plaque. Elles suggèrent leur efficacité dans la spasticité, la rigidité musculaire, les tremblements et la douleur. Sativex est indiqué dans le traitement des troubles spastiques chez les patients atteints de sclérose en plaque.
Maladie de Parkinson et autres pathologies neurodégénératives.
Les cannabinoïdes auraient un effet neuroprotecteur qui pourrait être exploité dans le traitement des pathologies neurodégénératives telles la maladie d’Alzheimer, la chorée de Huntington ou la maladie de Parkinson. L’intérêt de l’administration de cannabis pour traiter les dyskinésies chez le patient parkinsonien reste controversé : celle-ci semble parfois favorable s’il s’agit de dyskinésies iatrogènes, induites par la lévodopa, mais parfois non s’il s’agit de troubles moteurs liés au génie évolutif propre de la maladie.
Maladies spastiques.
Le cannabis et certains cannabinoïdes sont actifs contre les spasmes musculaires (ex : vessie hyperactive). Cette action explique aussi leur intérêt dans le traitement de la sclérose en plaques.
Glaucome.
Évoqué depuis le début des années 1970, l’intérêt de la plante comme celui des cannabinoïdes de synthèse reste réduit. Seuls le THC et le 11-OH-THC semblent réduire la pression intra-oculaire. En l’état actuel des travaux, l’intérêt du cannabis ou de ses dérivés dans le traitement du glaucome n’est pas démontré.
Asthme.
Le THC est un bronchodilatateur puissant agissant d’une façon différente de celle des médicaments antiasthmatiques. Cependant, même si de nombreux asthmatiques soulignent l’incidence favorable de la consommation de cannabis (au moyen de vaporisateurs) sur leur asthme, peu d’études cliniques concluantes sont disponibles.
Syndromes inflammatoires.
Le cannabidiol module l’équilibre entre les prostaglandines pro- et anti-inflammatoires et pourrait à ce titre exercer une action anti-inflammatoire. De petites études observationnelles portent, par exemple, sur la maladie de Bowel ou la maladie de Crohn.
Troubles psychiques.
Les travaux sont souvent contradictoires. Le cannabis pourrait limiter l’agressivité chez le sujet âgé dément et serait actif contre certains troubles anxieux (son action anxiolytique est d’ailleurs bien décrite par les usagers récréatifs de cannabis).
Cancers.
Les études, limitées, portent sur des tumeurs solides ou hématologiques. Pour s’en tenir à des publications récentes, une action du THC et du CBD sur les gliomes est évoquée : elle résulterait de l’action inhibitrice sur la protéine VDAC1 des mitochondries.
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