Supplémentation nutritionnelle

Nutrithérapie des seniors : six raisons d'y croire

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Publié le 27/11/2017
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L'apparition des rides n'est pas la seule conséquence de l'avancée en âge. Troubles du sommeil, du climatère, déficience de la mémoire, dégénérescence de la vision, perte des cheveux sont quelques-unes des griffures qu'opère le temps sur les organismes vieillissants. Un processus naturel que la nutrithérapie peut accompagner en douceur, ralentissant ses manifestations, prévenant parfois même leur expression.

Vieillissement cutané

Rides, ridules, perte de densité et d'élasticité des tissus sont les premiers signes visibles de l'âge et témoignent de l'effondrement des structures de la peau. Une évolution naturelle que peuvent gravement accentuer les désordres nutritionnels. « Il n'existe pas de peau en bonne santé qui n'est pas bien nourrie », rappelle le docteur Michel Brack, spécialiste en nutrition. Et pour cause, la concentration en micro-nutriments est mille fois moins élevée dans les tissus cutanés qu'elle ne l'est dans le plasma. Si une personne souffre d'un déséquilibre nutritionnel, sa peau va en témoigner bien plus vite que son organisme. Certains nutriments sont plus impliqués que d'autres. Ainsi, un déficit en vitamines C et E mais aussi en zinc peut avoir de lourdes conséquences pour l'épiderme, accélérant le vieillissement et favorisant le développement de dermatoses. Le film hydro-lipidique, qui protège la peau et assure son intégrité, n'échappe pas à la règle. Il profitera d'un apport en acides gras oméga 3 mais aussi d'une supplémentation en co-enzyme Q10, un élément que l'alimentation ne suffit pas à fournir dans les quantités nécessaires.

DMLA

De nombreuses études témoignent des effets majeurs de la nutrithérapie en matière de prévention et d'accompagnement des traitements de la dégénérescence maculaire liée à l'âge. Particulièrement exposé au stress oxydant que produit le rayonnement solaire, l'œil – et plus particulièrement la rétine – est sujet aux maladies dégénératives telles que la DMLA. Le pouvoir anti-oxydant des complexes de nutriments trouve donc ici un parfait cadre d'expression. Il s'agit des caroténoïdes – lutéine et zéaxanthine pour être précis - contenus dans les pigments des fruits et légumes très colorés (poivrons, myrtilles, brocolis…). Ils seront associés avec profit aux acides gras oméga 3, qui composent une grande part des membranes cellulaires, à la vitamine C et au zinc. Ensemble, ces éléments sont capables de prévenir l'apparition de la DMLA et de ralentir sa progression. De ce fait, ils font souvent partie des prescriptions des ophtalmologues.

Ménopause

Considérés pour un temps comme potentiellement utiles à la minoration des troubles liés à la ménopause, les phyto-œstrogènes sont plus que contestés aujourd'hui. Essentiellement présents dans le soja et le trèfle rouge, ils se sont avérés mille fois moins efficaces que ne le sont les œstrogènes naturels ou de synthèse. Le traitement majeur des troubles du climatère reste donc les hormones substitutives. Cependant, la ménopause fait partie d'un faisceau de problématiques liées à l'âge que la nutrithérapie peut aider à alléger : les graines de lin et l'igname peuvent être utilisés pour lutter contre le cholestérol et les cocktails de vitamines et minéraux voués à la peau et au tissu conjonctif, trouveront ici également à s'employer.

Sommeil

En matière d'endormissement, il existe un nutriment majeur reconnu pour ses effets : le tryptophane est un acide aminé précurseur de la sérotonine et de la mélatonine qui favorisent le sommeil. Présent en petite quantité dans tous les aliments protéiques, on le trouvera en plus grande concentration dans les œufs, les produits laitiers, la viande, le poisson, les légumes secs, le riz complet, la banane, les noix (amandes, cajou), les graines de courge… De nombreuses plantes renferment également des principes actifs qui peuvent aider à dormir. Parmi elles, l'eschscholtzia est traditionnellement utilisée en cas d'anxiété, d'insomnies ou d'angoisse. Elle se prend en dehors des repas sous forme de tisane avant le coucher. La passiflore est connue pour réduire les états de nervosité et favoriser l'endormissement. Elle doit être prise deux à quatre fois par jour. La mélisse dispose de propriétés tranquillisantes et relaxantes. Son activité spasmolytique justifie son utilisation en cas de troubles du sommeil associés à un état de stress ou d'anxiété. D'autres plantes médicinales – coquelicot, houblon, aubépine, ballote, millepertuis, tilleul – possèdent des vertus apaisantes mais sont plus spécifiques dans leur indication. La mélatonine, enfin, dont la production dans le corps est stimulée lorsqu'il fait sombre, est probablement efficace pour traiter l'insomnie des plus de 55 ans et réduire les effets du décalage horaire. En tant que produit, cette hormone est toutefois à considérer avec circonspection en raison de sa nature.

Phanères

Tout comme la peau, les phanères ne feront preuve de bonne santé que s'ils sont bien nourris. Ici, tous les éléments utiles pour lutter contre le vieillissement cutané seront requis : vitamines C et E, fer, zinc, sélénium, acides gras insaturés auxquels il faudra ajouter des nutriments essentiels que sont les vitamines du groupe B (B2, B5, B6, B8) ainsi que la cystine et la méthionine, des acides aminés soufrés indispensables à la synthèse du glutathion. Ensemble, ces éléments vont favoriser la restauration de la peau et améliorer la production de kératine qui compose 80 % à 90 % du cheveu.

Mémoire

La présence des acides gras poly-insaturés conditionne le bon fonctionnement du cerveau. Objets d'études probantes dans le domaine cardio-vasculaire et celui de l'équilibre émotionnel, ils constituent une grande part des membranes des cellules nerveuses et offrent au cerveau connectivité et fluidité dans les échanges d'informations. Un apport en oméga 3 pourra donc favoriser l'activité cérébrale et notamment la mémoire à condition qu'il soit associé à un cocktail d'anti-oxydants. Très facilement oxydables, les acides gras poly-insaturés ont en effet besoin d'être protégés par des éléments aux propriétés antiradicalaires, vitamines C, E, B, zinc…

D'autres composants nourrissent les espoirs en matière de mémoire : le ginkgo, grâce aux flavonoïdes (polyphénols) qu'il contient, pourrait endiguer la dégénérescence neuronale. En effet, ces anti-oxydants favoriseraient la synthèse de la dopamine, un neurotransmetteur indispensable au bon fonctionnement du cerveau. Le griffonia simplicifolia, riche en tryptophane précurseur de sérotonine, présenterait également un intérêt pour lutter contre les pertes de mémoire et favoriser le sommeil.

(Sujet réalisé en collaboration avec le Docteur Michel Brack, médecin, fondateur du Collège du Stress Oxydatif, spécialiste de prévention et auteur des ouvrages « Vivre infiniment », éditions Frison Roche et « 100 questions et plus sur les antioxydants » MA éditions ESKA).

Anne-Sophie Pichard

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3392