Certains troubles sont indissociables du temps qui passe. C'est le cas de la presbytie pour les quadragénaires ou de la ménopause chez les femmes. Ces phénomènes sans surprise sont rarement les bienvenus, signe de vieillissement, mais il n'y a d'autre issue que de les subir et de s'en accommoder en limitant leur retentissement sur la qualité de vie.
La baisse des capacités auditives est une de ces manifestations de l'âge dont on se passerait bien. Mais contrairement aux problèmes de vue, les troubles de l'audition semblent plus difficiles à accepter. Le déni n'est pas rare et le recours à l'appareillage reste souvent éludé malgré les remarques insistantes de l'entourage. « Le plus souvent, les patients ressentent une contrariété, parce que le port d'un appareil auditif est synonyme de vieillissement. Ils savent qu'ils passent un cap et ce n'est pas facile à admettre. Malgré Internet, le manque d'information sur l'appareillage reste probant, ce qui renforce ce tabou. Les patients gardent en mémoire l'ancien appareil en forme de banane, avec la grosse roulette de réglage. Quand ils découvrent les avancées et la miniaturisation, ils sont rassurés », constate Lydwin Hounkanlin.
Pharmacien et audioprothésiste : une conjugaison logique des compétences
Ce pharmacien adjoint à Saint-Julien-l'Ars (Vienne) s'y connaît en oreille et en audition. Et pour cause, il est également audioprothésiste. Il partage son temps entre l'officine et son cabinet d'audioprothésiste qu'il a créé à proximité de la pharmacie où il exerce (il enseigne également à la faculté de pharmacie de Poitiers et a créé son organisme de formation Focalys). « Mon activité d'audioprothésiste correspond à un mi-temps. Au total, je reçois entre 20 et 25 personnes par semaine. Chaque rendez-vous est de 30 minutes au minimum, le premier rendez-vous étant toujours plus long ». Pour l'aider, Lydwin Hounkanlin peut compter sur une assistante audioprothésiste diplômée : « elle gère les appels téléphoniques, la prise de rendez-vous et une partie des entretiens des patients ».
Appareiller pour conserver la faculté de communiquer
L'âge moyen de l'appareillage est de 70 ans mais parmi ses patients, Lydwin Hounkanlin rencontre des profils très divers : « Le doyen de mes patients a 109 ans, le plus jeune n'a que 8 ans. Il faut donc s'adapter à chaque besoin, et prendre en compte l'environnement et le mode de vie des clients. C'est le cas par exemple avec la génération des baby-boomers, qui correspond aux sexa et septuagénaires. Contrairement aux personnes plus âgées, cette génération reste très active. Ils ont de nombreuses activités, voyagent… Ils utilisent les nouveaux moyens de communication, d'où l'importance de bien entendre ». Généralement, la démarche de consulter l'audioprothésiste survient après un test auditif réalisé par l'ORL même s'il arrive que "certains patients viennent spontanément parce qu'ils en ont assez de s'entendre dire qu'ils ne comprennent rien", remarque Lydwin Hounkanlin. Et de rappeler les dangers de ne pas prendre en charge la baisse des capacités auditives : « un des risques est de se replier sur soi-même. Les difficultés de communication deviennent pesantes et certains préfèrent, parfois de façon inconsciente, s'isoler. Chez les sujets âgés, la perte auditive peut accentuer l'entrée dans la démence. »
Assistants d'écoute : une porte d'entrée vers l'appareillage
Que pense l'audioprothésiste des assistants d'écoute vendus en pharmacie ? Difficile de ne pas poser la question à Lydwin Hounkanlin du fait de sa double compétence. S'il ne remet pas en question l'intérêt de ces dispositifs, il met néanmoins en garde contre une utilisation inadaptée de cette solution auditive : « Les assistants d'écoute s'adressent aux personnes qui présentent une perte auditive légère. Ils peuvent avoir un intérêt s'ils constituent une porte d'entrée vers l'appareil auditif, une sorte d'initiation qui conduit le patient à consulter un audioprothésiste. En revanche, le risque est de retarder la mise en place d'un appareillage plus performant. Au pharmacien de rester vigilant et d'orienter le patient vers une consultation ORL. » Car dans ces situations où la dégradation du système auditif est très avancée, l'appareillage est plus difficile. Concernant le coût, Lydwin Hounkanlin souhaite également remettre les choses en place : « L'amplificateur est a priori moins cher mais cela ne compte pas le service du pharmacien. Alors que le prix d'un appareil auditif intègre l'appareil et l'intervention de l'audioprothésiste, c'est-à-dire la mise en place, l'adaptation et l'entretien. En ce qui me concerne, j'ai fait le choix de proposer un éventail de prix très large, pour répondre aux besoins divers. »
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