L'aromathérapie
C’est souvent à la personne malade ou qui souhaite prévenir une maladie que s’adresse un conseil en aromathérapie. Pourtant, on trouve des huiles essentielles dans les rayons de supermarchés, de magasins discount ! Selon une source IPSOS, les huiles essentielles sont distribuées dans différents canaux mais la pharmacie reste toutefois le canal de distribution principal avec quasiment 50 % des acheteurs. Et pour cause, qui dit naturel ne dit pas sans risques. Et c’est bien en pharmacie que le patient trouvera le conseil le plus approprié. Car qui, mieux que le pharmacien, expliquera au patient les différences de chémotype d’une huile essentielle qui définiront non seulement l’activité mais aussi sa toxicité (l’exemple le plus connu étant le thym à linalol versus thym à thymol…) ? Qui, mieux que le pharmacien, expliquera les effets indésirables épileptogènes ou l’hépatotoxicité d’une huile essentielle ? Les contre-indications pendant la grossesse ou chez l’enfant ? La causticité des huiles essentielles à phénols ou les irritations possibles avec les huiles essentielles à aldéhydes terpéniques ?
« Le conseil du pharmacien est extrêmement important en aromathérapie », souligne Lucile Minguet, chef de produit Phytosun Arôms ; « Une étude récente présentait l’aromathérapie comme la catégorie en pharmacie qui nécessite le plus de formations. Cela s’explique par la richesse mais aussi la complexité de la polyvalence des huiles essentielles, ainsi que par le potentiel de croissance de l’aromathérapie avec l’engouement pour les produits naturels. » Ainsi, Phytosun Arôms travaille avec un pharmacien expert en huiles essentielles, qui forme les officinaux et participe à la formulation des produits Phytosun Arôms.
D’autre part, qui, mieux que le pharmacien, suivra les différentes données de l’ANSM et de l’ANSES comme les préconisations de fin 2020 sur les huiles essentielles d’arbre à thé, de niaouli et de cajeput ? Ou encore le recensement par le dispositif de nutrivigilance d’effets indésirables de type symptômes hépatiques et gastroentérologiques lors de la consommation de compléments alimentaires contenant des huiles essentielles de cannelle ?
La nutrithérapie
Les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments et ne peuvent donc pas revendiquer un effet thérapeutique. Seules des allégations nutritionnelles et de santé, strictement encadrées par la réglementation européenne, peuvent être indiquées sur les produits. Les frontières sont cependant parfois ténues. D’un côté par exemple, la mélatonine a le statut de médicament dans Circadin LP à la dose de 2 mg, et d’un autre côté, les produits contenant moins de 2 mg de mélatonine par dose journalière, exonérés de la liste II des substances vénéneuses, sont commercialisés sous le statut de compléments alimentaires, et préconisés pour les troubles du sommeil.
D’après l’étude Inca 3 de 2014-2015, 22 % des adultes et 14 % des enfants consomment des compléments alimentaires. Ceux-ci sont principalement achetés en pharmacie mais l’achat sur Internet s’est fortement développé chez les adultes depuis 2015, passant de 1 % à 11 %.*
Là encore, n’oublions pas leurs contre-indications, interactions médicamenteuses et effets indésirables. Depuis la mise en place du dispositif de nutrivigilance en 2009 par l’ANSES, les effets indésirables peuvent être identifiés et collectés et l’ANSES peut réaliser des expertises et émettre des recommandations. Alors, encore une fois, qui mieux que le pharmacien, suivra ces données comme par exemple l’analyse de 90 cas signalés et de la littérature scientifique qui ont amené l’agence à recommander à certaines catégories de personnes (femmes enceintes et allaitantes, personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes…) de ne pas consommer de mélatonine sous forme de compléments alimentaires ? On pourrait aussi citer la levure de riz rouge, les compléments alimentaires riches en coumarine…
La cosmétique
Certaines gammes de cosmétique ont aussi pris le virage en développant l’aspect santé de leurs produits. Ainsi par exemple, le patient souffrant de cancer pourra se voir proposer des produits testés sur des patients sous traitements anti-cancéreux. Le pharmacien, en dispensant son ordonnance, pourra aborder les rougeurs, sécheresses, démangeaisons de la peau, la perte de cheveux, liées à la chirurgie, la radiothérapie, les chimiothérapies ou les thérapies ciblées. Il pourra également conseiller un baume réparateur contre le syndrome mains-pied, effet indésirable cutané fréquent des chimiothérapies, une crème réparatrice pour apaiser la radiodermite liée à la radiothérapie, un baume réparateur cicatrisant pour les cicatrices post-opératoires… L'officinal peut facilement s’appuyer sur les laboratoires de dermocosmétique : certains accordent une place spécifique au cancer sur leur site internet (La Roche-Posay, Avène, Même…) et développent des partenariats forts avec des associations de patients sous traitement anti-cancéreux ou post cancer.
De la même façon, le pharmacien pourra aborder des sujets sensibles comme l’alopécie en tant qu’effet indésirable médicamenteux, c’est lui qui connaîtra les médicaments photosensibilisants des patients et saura leur conseiller la protection appropriée. Il pourra ajouter un conseil de cosmétologie « en 1re intention » ou lors de la dispensation d’une prescription contre l’eczéma, le psoriasis, l’acné, la dermite séborrhéique, lors d’une intervention laser…
Un duo gagnant pour une meilleure observance ! C’est ce que souligne Florence Grasser, directrice marketing Ducray, qui précise : « Les études cliniques pour la gamme Ducray se font pour la plupart en association avec les molécules de référence médicamenteuse. Nos produits sont prescrits par les dermatologues, médecins généralistes, pédiatres, allergologues… donc souvent déjà notifiés sur l’ordonnance. L’environnement pharmaceutique est sécuritaire et on observe une hausse des ventes des gammes Ducray. » C’est aussi le cas d’A-Derma, avec notamment Épithéliale AH Ultra qui a renforcé sa place auprès des laséristes notamment, ou de l'Eau thermale Avène, avec des gammes comme Cicalfate ou Cleanance qui continuent à évoluer avec parfois même une croissance à deux chiffres, souligne Morgan Guéritault, directeur marketing Eau Thermale Avène.
De plus, les utilisateurs s’interrogent et se documentent de plus en plus sur la composition, l’innocuité, l’impact environnemental des produits. Alors, qui, mieux que le pharmacien, pourra rassurer sur l’innocuité d’un produit en s’appuyant sur les différentes études-produits et les partenariats entre les laboratoires et les médecins et pharmaciens ? Ainsi, « avant la mise sur le marché, pendant et après, un produit dermo-cosmétique Pierre Fabre peut subir plus de 700 tests », indique Florence Grasser. Autre exemple, l’eau thermale Avène affiche une efficacité prouvée par plus de 150 études scientifiques et cliniques. À noter enfin le dispositif de cosmétovigilance coordonné par l’ANSM, qui renforce ce sentiment de sécurité et de qualité proche de celles d’un médicament.
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