QUEL EST LE POINT commun entre un patient soigné pour un cancer de la prostate et Jason Bourne, le fameux héros de « La mémoire dans la peau » ? Un implant bien sûr. Si la comparaison s’arrête là, elle montre cependant combien la peau et ses propriétés ont inspiré les cinéastes comme les pharmacologues. Conçus pour répondre à une problématique initialement pharmacologique et galénique, les patchs et les implants ont permis en pratique d’améliorer le confort du patient et l’observance du traitement.
On le surnomme patch.
Appliqués sur la peau, les dispositifs transdermiques, communément appelés patchs, permettent la libération du principe actif de manière régulière et contrôlée pendant plusieurs jours. Le médicament diffuse à travers la peau pour exercer une action systémique. Arrivée dans les années quatre-vingt, cette forme pharmaceutique présente de nombreux avantages. D’un point de vue pharmacologique, elle permet de court-circuiter la voie digestive et le premier passage hépatique, d’où son utilisation préférentielle pour les substances subissant une importante dégradation hépatique ainsi que pour les substances mal absorbées telles que la scopolamine. Cette forme est également intéressante pour les substances ayant une demi-vie brève ou présentant une relation taux effet, d’où le recours au dispositif transdermique pour les dérivés nitrés et les traitements hormonaux.
L’observance, un point fort du patch.
Autre atout des patchs, la facilité d’utilisation privilégie une observance accrue. L’ensemble de ces propriétés expliquent leur utilisation dans des domaines tels que la contraception ou le traitement hormonal substitutif nécessitant une imprégnation hormonale prolongée, dans le traitement de la douleur, en neurologie (Parkinson, Alzheimer), en cardiologie et en tabacologie. En prévention de la crise d’angor, le traitement de fond requiert des doses plasmatiques faibles et constantes de dérivés nitrés. La voie transdermique permet de répondre à ces exigences difficiles à obtenir par voie orale.
Anatomie du patch.
On distingue deux types de dispositifs transdermiques. Dans les patchs de type réservoir, une membrane semi-perméable permet de contrôler la diffusion du principe actif dispersé dans une suspension, imposant une cinétique d’ordre zéro. La formation d’un dépôt cutané permet d’assurer une diffusion du principe actif pendant un certain délai même après le retrait du patch. Les patchs à réservoir ne doivent pas être découpés.
Dans le système matriciel, le principe actif est dissous ou dispersé dans une préparation polymérique. La vitesse de diffusion du principe actif dans la matrice conditionne sa pénétration dans la peau. Théoriquement, les patchs matriciels peuvent être découpés mais il est préférable de toujours se référer aux données de l’AMM.
Les limites des dispositifs transdermiques
Le principe actif est le premier facteur limitant de la forme transdermique et seules les substances résorbées par voie cutanée sont éligibles à cette forme galénique. L’utilisation des dispositifs transdermiques impose également certaines précautions d’emploi supplémentaires par rapport à la voie orale, à commencer par l’application sur une peau saine et sèche. La zone d’application du patch ne doit pas être exposée à des sources de chaleur externes. Le risque est d’accroître l’absorption cutanée. Les réactions cutanées sont des effets indésirables bien connus, et impliquent de changer l’emplacement du patch à chaque nouvelle application. Dans certains cas, ces réactions peuvent remettre en cause le rapport bénéfice/risque. Pour limiter le risque de brûlures, les patchs contenant de l’aluminium doivent être retirés avant une IRM.
Surdosage et accidents.
Des risques de surdosage et d’intoxication sont observés avec les patchs, résultant généralement d’un mauvais usage. Il convient de toujours rappeler au patient l’importance de retirer le patch avant d’en appliquer un nouveau. Une vigilance particulière est nécessaire en cas de patchs transparents ou chez les patients présentant des troubles neurologiques.
Il reste une quantité de principe actif dans le patch après son utilisation. La toxicité après usage peut être source d’accidents, notamment chez les enfants. Les patients doivent donc remettre les patchs usagers (le fentanyl notamment) repliés dans le sachet prévu à cet effet, avant de les rapporter à la pharmacie.
Les implants, une nouvelle forme parentérale.
Plus récemment apparu, l’implant garantit une action prolongée tout en optimisant l’observance. En contraception, l’implant est une alternative intéressante pour les femmes qui ont tendance à oublier leur pilule et pour lesquelles le stérilet ne convient pas. Seul implant contraceptif commercialisé en France, Nexplanon (4 cm de long et 2 mm de diamètre) est conçu pour rester en place pendant trois ans (un peu moins chez les femmes en surpoids). La forme implant est également utilisée dans le traitement de cancers hormonodépendants, de la prostate ou du sein (Zoladex, Bigonist). Principalement destiné à la voie sous-cutanée, l’implant peut être implanté dans d’autres tissus. C’est le cas de Gliadel, indiqué comme traitement d’appoint de gliomes et de glioblastomes et placé directement dans le tissu cérébral après résection tumorale, ou d’Ozurdex, indiqué dans le traitement de l’œdème maculaire et d’implantation intravitréenne.
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