TOUTES les plaies sont susceptibles de s’infecter… Lourde menace quand on sait avec quelle facilité la peau peut céder face aux multiples petits « accidents » de la vie quotidienne. On considère ainsi qu’il existe quatre types de plaies courantes, qui peuvent cependant varier considérablement en termes de surface, de profondeur, d’origine : les plaies traumatiques (excoriation, coupure, plaie pénétrante), les brûlures de tous niveaux, les plaies chirurgicales et les ulcères d’origine diverse, en particulier ceux qui touchent les jambes en conséquence de troubles circulatoires.
Quand la peau est lésée, la priorité, avant même de penser à la réparation des tissus est l’éviction de tout risque d’infection. Car, ici aussi, les facteurs favorisant la colonisation de la plaie par des micro-organismes pathogènes sont nombreux. La surface et la profondeur de la blessure qui facilitent d’autant l’accès aux bactéries ; l’origine de la plaie (contact avec un objet souillé, avec de la terre…) ; une mauvaise hygiène ; un terrain fragile occasionné par certaines maladies chroniques – diabète, eczéma (…) - qui représentent des brèches dans les systèmes de défense corporels. Pour autant, la peau est à elle seule un organe de protection de l’organisme. « L’épiderme normal est une véritable barrière mécanique empêchant la pénétration de la majorité des agents infectieux », explique le dermatologue Victor Georgescu. « En plus de cette barrière il existe à la surface de la peau un film hydrolipidique protecteur et des mécanismes immunitaires de défense portés essentiellement par les peptides antimicrobiens (on parle d’immunité innée). La rupture de l’épiderme supprime cette barrière mécanique et immunitaire. Les bactéries trouvent dans les sécrétions provenant de la plaie un milieu très favorable à leur développement d’où multiplication, c’est-à-dire infection ».
Propre, mais pas forcément stérile.
Le risque que comporte toute infection cutanée est de la voir s’étendre, localement tout d’abord – sous forme d’abcès, d’érypsèle (inflammation du tissu sous cutané avec douleur, œdème et fièvre) – sachant qu’elle peut gagner tout l’organisme en particulier chez les personnes immunodéprimées. « Une septicémie, infection généralisée via la circulation sanguine, est une complication très grave », rappelle Victor Georgescu. Quelques gestes simples suffisent cependant à écarter le risque d’infection des plaies courantes. Quand la lésion se produit, il faut laver la peau abondamment à l’aide d’eau et savon ou de solutés physiologiques et débarrasser la blessure des éventuels débris qui peuvent s’y trouver. Ensuite, on applique un antiseptique de son choix (chlorhexidine, hexamidine, dérivés chlorés, dérivés iodés, alcool) avant de protéger la plaie par un pansement adapté à sa taille et à sa profondeur. « Cela va de la simple compresse à des dispositifs médicaux très "techniques", visant à obtenir une cicatrisation progressive (on parle de cicatrisation dirigée) ». À noter cependant que la meilleure cicatrisation s’effectue en milieu humide à l’aide de pansements capables de maintenir un niveau d’hydratation suffisant.
Quant à l’usage d’un antiseptique, il n’est pas toujours nécessaire – notamment en ce qui concerne les plaies superficielles – et doit faire l’objet d’usage raisonné. S’il est conçu pour éliminer toute trace de germes ou de micro-organismes présents à la surface de l’épiderme, il éradique également les bactéries bénéfiques. Cette flore cutanée qui vit en symbiose avec la peau varie beaucoup selon la zone du corps ou elle se situe et l’individu qui l’abrite. Mais elle a une action bénéfique pour la cicatrisation et doit être préservée autant que possible. « Il n’est pas indispensable, en règle générale, de vouloir en permanence utiliser des antiseptiques puissants qui vont tout stériliser ». Ainsi, proscrit-on l’application d’antiseptique ou d’antibiotique au long cours (plus d’une semaine) sur une plaie sous peine de déséquilibrer le microbiote cutané. « Tout excès comporte le risque de sélectionner des bactéries plus résistantes et plus agressives qui vont perturber l’efficacité d’un traitement ». En revanche, dans les cas à fort risque d’infection, les antiseptiques sont systématiquement employés. « On leur associe parfois des antibiotiques administrés par voie orale et même, dans certaines situations extrêmes comme les brûlures étendues, en intraveineuse ».
Ne pas oublier, enfin, qu’il est obligatoire de vérifier que la vaccination antitétanique est bien à jour et ce pour toute plaie risquant une infection.
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