Sécurisation de l'officine

Vigile ou vidéosurveillance ?

Par
Publié le 29/09/2022
Article réservé aux abonnés
Pour assurer la sécurité des officines, les solutions sont nombreuses. Matérielles (équipement de vidéosurveillance) ou humaines (emploi d'un vigile), elles s'avèrent sont parfois complémentaires. Avantages et inconvénients de chacune de ces options.
Le logiciel Veesion détecte en temps réel les gestes de vol grâce à l’intelligence artificielle

Le logiciel Veesion détecte en temps réel les gestes de vol grâce à l’intelligence artificielle
Crédit photo : Capture d'écran Veesion

Vidéosurveillance ou vigile, faut-il vraiment choisir entre les deux ou les deux solutions sont-elles complémentaires ? Les attentes des pharmacies qui souhaitent s'équiper de caméras de vidéosurveillance ou d’un agent de sécurité sont diverses : économiques, en diminuant la démarque inconnue et ainsi en améliorant la rentabilité ; professionnelles, en diminuant la surveillance des rayons et ainsi en se concentrant sereinement sur l’activité première de dispensation ; sécuritaires, en luttant contre les vols et/ou les cambriolages par dissuasion, mais aussi en permettant de retrouver les auteurs d’une infraction lors d’une enquête.

Les caméras de vidéosurveillance

Deux tiers des pharmacies seraient équipées d’un système de vidéoprotection. Le choix se fait en fonction des différentes fonctionnalités : haute résolution (qui permet une identification des personnes pouvant aller à plus de 10 mètres selon certains modèles), qualité de l’image, fonction zoom, grand angle, vue panoramique 360, micros et haut-parleurs intégrés, détection de mouvements, détection jour/nuit, applications sur smartphone ou tablette…

L’offre Offiseen que propose Equasens (ex Pharmagest), grâce à un interfaçage avec le logiciel LGPI, propose aussi des fonctionnalités directement en lien avec l’activité du pharmacien. Ce dernier peut activer des marqueurs de vidéos selon des événements spécifiques, comme par exemple une vente de stupéfiants, des transactions en espèces d’un montant élevé, une détection à l’approche d’un linéaire de parapharmacie haut de gamme, l'annulation d’une vente… De plus, une combinaison de touches permet à l’équipe officinale de déclencher un enregistrement si elle détecte un acte malveillant. « La demande des pharmacies ne cesse d’augmenter, et ce notamment grâce à l’évolution de la technologie des caméras de vidéosurveillance mais aussi depuis la crise sanitaire qui a été à l’origine de comportements agressifs et a généré le besoin de tranquilliser l’environnement, souligne Raynald Martino, directeur commercial chez Equasens. Aujourd’hui, environ 1 500 pharmacies sont équipées de la solution Offiseen, pour un coût inférieur à 90 euros par mois. »

Si, avec le temps, la vidéosurveillance s'avère de moins en moins dissuasive (les malfaiteurs apprennent le positionnement des caméras dans l’officine et leurs faiblesses, et peuvent ainsi agir sans être pris sur le moment), des solutions existent pour l'améliorer. Ainsi, le logiciel Veesion, en se greffant sur les caméras de surveillance existantes, permet de détecter en temps réel les gestes de vol grâce à l’intelligence artificielle. Une alerte vidéo s’affiche sur les écrans de caisse et sur le smartphone de l’agent de sécurité s’il y en a un, ou du pharmacien directement (avec une vidéo de courte durée centrée sur le geste suspect). Il est alors possible d’arrêter le suspect avec la vidéo comme preuve si nécessaire. Cette solution est mise en place aujourd’hui dans plus de 300 officines en Europe. Pour en bénéficier, comptez 150 à 800 euros par mois selon la taille de l’officine.

Pour rappel, avant d’installer une caméra de vidéosurveillance, le pharmacien doit respecter plusieurs obligations : une demande d’autorisation auprès de la préfecture ; l’affichage de panneaux en permanence et de façon visible mentionnant l’existence du dispositif (avec le pictogramme d’une caméra) et les finalités, le nom et les coordonnées du responsable (pharmacien titulaire), la durée de conservation des images et la possibilité d’exercer le droit d’accès aux enregistrements (dans le cadre du droit « Informatique et libertés ») et le droit de réclamation auprès de la CNIL ; l’information des salariés de l’officine et la durée de conservation des images qui ne doit pas excéder 30 jours.

L’agent de sécurité

La présence d’un vigile est indéniablement la méthode la plus dissuasive pour la plupart des voleurs, mais elle est aussi plus coûteuse. Alors qui choisit l’agent de sécurité ?

C’est ce qu’explique Victor Vilemand, directeur commercial dans la société Oprotect, plateforme qui met en relation les clients avec les agents (une centaine de sociétés partenaires). « Nous recevons une centaine de demandes par mois de la part des pharmacies. Les pharmaciens qui nous contactent ont des besoins ponctuels : la présence de l’agent de sécurité dans les jours qui suivent un vol ou une agression, pendant une garde de nuit, quand le pharmacien est seul dans son officine, pendant le temps de délai de réparation d’une vitrine cassée… » Et ces demandes ne cessent d’augmenter.

Le coût d’un agent de sécurité est variable et dépend de la localisation, des horaires (nuits, dimanches, jours fériés…), de l’ancienneté… Comptez en moyenne entre 22 et 26 euros par heure.

Le choix de l’agent de sécurité doit donc être réfléchi ! Pour s’assurer du professionnalisme de l’agent de sécurité, vérifier que l’entreprise délivrant cette prestation de sécurité privée est agréée par le CNAPS (qui est un établissement public sous la tutelle du ministère de l'Intérieur), et que l’agent de sécurité de l’entreprise est bien titulaire d’une carte professionnelle. On peut aussi s’assurer du professionnalisme et du respect de la déontologie si la société dispose d’une certification, par exemple la certification Qualisécurité, ou encore la certification NF service (délivrés par Afnor certification).

En conclusion, vidéosurveillance, ou vigile, ou vidéosurveillance et vigile : à chacun de faire son algorithme et son choix en fonction de la position de l’officine, du coût, du taux de démarque inconnue et du taux d’insécurité.

 

 

Céline Longeard

Source : Le Quotidien du Pharmacien