Dossier - Froid et pharmacie

Trois ordonnances de saison

Par

Nicolas Tourneur -

Publié le 10/12/2018

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Monsieur Jacky M., 77 ans

Amoxicilline/acide clavulanique 500 mg 2 prises par jour

Allopurinol 100 mg 3 cp par jour

Acamprosate 2 cp matin, midi et soir

Ultra-Levure 4 gélules chaque jour

Le contexte

Monsieur M. souffre d’une bronchite, infection qui peut s’aggraver facilement chez ce patient âgé.

La prescription de l’association aminopénicilline (amoxicilline) + inhibiteur des lactamases (acide clavulanique) est justifiée par la vulnérabilité du patient ex-alcoolodépendant et fumeur. Le médecin aurait dû prescrire chez ce patient fragile une dose standard de 3 g/j.

L’Ultra-Levure contribue à prévenir la survenue de l’un des effets indésirables les plus banals de l’antibiothérapie, les troubles gastro-intestinaux.

L’allopurinol, un agent uricosurique, traite une hyperuricémie suivie de longue date.

L’acamprosate, un médicament agissant sur les récepteurs GABAergiques, facilite l’abstinence chez le patient alcoolo-dépendant.

Votre conseil

Attirer l’attention du patient sur le fait qu’une « prise » d’antibiotique correspond ici à 2 comprimés dosés à 500/62,5 mg (soit 1 000/125 mg). Le patient doit donc prendre au total 2x2 comprimés/jour.

Les conseils restent classiques : s’hydrater abondamment en privilégiant les boissons chaudes (type thé ou infusions). Informer Monsieur M. des effets indésirables propres à toute antibiothérapie.

Par ailleurs, l'utilisation concomitante d'allopurinol pendant le traitement par amoxicilline augmente la probabilité de survenue de réactions cutanées allergiques ; l’acamprosate peut également induire des effets indésirables à type de prurit. Il faut attirer l’attention du patient sur ce risque et lui rappeler de signaler toute iatrogénie dermatologique.

Éric T., 6 mois ; 8 kilogrammes

Gaviscon buvable 2 cuillères à café après chaque repas et avant le coucher

Doliprane poudre 80 mg 3 à 4 fois par jour, à intervalle minimal de 4 heures.

Traitement pour cinq jours.

Kinésithérapie respiratoire pour drainage bronchique. Une à deux séances/j selon encombrement bronchique y compris le week-end.

Le contexte

Tout a commencé par une rhinite : la fièvre du petit Éric s’est rapidement élevée à 37,9° et il a manifesté des difficultés pour chasser l’air de ses bronches encombrées. Le pédiatre, ayant diagnostiqué aisément une bronchiolite, a prescrit :

Du Gaviscon (alginate de sodium, bicarbonate de sodium), indiqué dans le traitement symptomatique du reflux gastro-œsophagien (RGO) - une manifestation accompagnant fréquemment la bronchiolite -. Le praticien a confondu la présentation destinée aux adultes (suspension buvable en flacon) et celle destinée au nourrisson (flacon accompagné d’une pipette graduée en ml). Le pharmacien dispense logiquement cette présentation dont il suffit d’administrer 2,5 ml après chacun des 4 repas, à l’âge d’Eric.

Du paracétamol ayant un rôle antipyrétique. La posologie est, pour un enfant, de 15 mg/kg/6 heures ou 10 mg/kg/4 heures La dose est ici d’un sachet par prise, à renouveler si besoin au bout de 4 heures (sans dépasser 6 sachets par jour).

L’élément essentiel de la prise en charge de la bronchiolite reste la kinésithérapie, qui accélère passivement le flux expiratoire.

Votre conseil

Une fois rappelés les conseils hygiéno-diététiques classiques (repas légèrement « épaissis » pour limiter le risque de RGO), le pharmacien rassure Madame T. : le traitement d’une bronchiolite simple, non récidivante, n’impose pas l’utilisation d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires ou de bronchodilatateurs - son secret réside dans une kinésithérapie assidue -.

Laura F., 60 ans

Relenza deux inhalations/j pendant dix jours

Dafalgan 500 mg 1 g à 3 g par jour

Le contexte

Madame F. s’est plainte d’un malaise avec fièvre au lever. Pressentant la survenue d’une grippe, elle s’est rendue chez le médecin.

Le zanamivir (Relenza) est un inhibiteur de la neuraminidase des virus grippaux A et B : après administration par inhalation (puisque le virus grippal est essentiellement localisé dans les voies respiratoires), il bloque l’enzyme responsable de la libération des particules virales néoformées.

Pour être actif, ce traitement sera initié dans les 48h suivant l’apparition des premiers symptômes, à raison de deux inhalations deux fois par jour pendant cinq jours. Le zanamivir réduit la symptomatologie grippale et diminue la durée de la maladie à 1,5 jour en moyenne.

Il est possible d’associer au zanamivir tout traitement symptomatique habituel de la grippe ou tout traitement d’une éventuelle surinfection.

Le zanamivir ne nécessite pas d’adaptation posologique selon le terrain. Il ne donne pas lieu à interactions médicamenteuses. Pour autant, il faut demeurer vigilant : le prescripteur s’est trompé dans la durée du traitement, limité à cinq jours : ceci est signifié à la patiente.

Le paracétamol est indiqué comme antipyrétique et antalgique.

Votre conseil

Le pharmacien souligne que l’efficacité du Relenza est conditionnée à une mise en œuvre précoce du traitement antiviral (dans les deux jours suivant l’apparition des premiers symptômes) et explique le fonctionnement du dispositif d’administration.

Il attire l’attention de la patiente sur les effets indésirables, décrits chez 1/3 des patients environ, et se traduisant par des signes évocateurs de… la grippe. En fait, il peut s’agir de manifestations résultant d’une efficacité incomplète du traitement, qui ne ferait alors qu’atténuer le syndrome grippal. Des effets plus spécifiques ne sont pas à craindre car le passage systémique du médicament reste limité (10 à 20 % de la dose).