La deuxième saison vaccinale avait à peine débuté que l'on apprenait la généralisation de la vaccination contre la grippe en officine sur l'ensemble du territoire pour la saison 2019-2020. Une bonne nouvelle pour les pharmaciens des régions non concernées par l'expérimentation, mais surtout pour les patients. Les très bons taux de vaccination en pharmacie démontrent que ce canal supplémentaire convient à une partie de la population. Après avoir simplifié le parcours vaccinal pour la grippe, pourrait-on imaginer un modèle similaire pour les autres vaccinations ?
Simplifier l'accès pour augmenter la couverture vaccinale
À l'Académie nationale de pharmacie, on recommande d'autoriser la réalisation en pharmacie des TROD de détection des anticorps antitétaniques, pour les patients ignorant leur statut vaccinal ou présentant une plaie à risque. Dans cette logique, s'appuyant sur le résultat de ce TROD, le pharmacien pourrait réaliser la vaccination contre le tétanos si cela s'impose. Dès 2018, Isabelle Lebert, pharmacienne en Charentes, s'est lancée dans la vaccination contre la grippe. Pourtant, l'idée de réaliser d'autres vaccinations la laisse perplexe : « Je suis partagée. D'un point de vue technique, cela ne poserait pas de problème, avec une formation préalable évidemment. Mais les vaccins sont sur prescription et je pense que le médecin doit conserver ce rôle de prescripteur. En revanche, si le patient vient à la pharmacie avec une ordonnance, pourquoi pas ? Cela lui éviterait d'avoir à retourner chez le médecin. » Sur ce territoire de Nouvelle Aquitaine touché de plein fouet par la rougeole en 2018, la vaccination à la pharmacie contre cette maladie, notamment l'injection d'une deuxième dose chez les sujets nés après 1980, aurait peut-être modifié l'évolution de l'épidémie ? Simple hypothèse qui plaide cependant en faveur d'une ouverture plus large des compétences de certains professionnels de santé en matière de vaccination, dont les pharmaciens.
Pour Olivier Rozaire, pharmacien et président de l'URPS pharmacien en région Auvergne Rhône Alpes, la prescription n'est pas un obstacle, d'autant plus que l'idée d'une prescription pharmaceutique est dans l'air du temps : « il suffit de réfléchir au meilleur parcours de soins pour les patients, et à la meilleure démarche pour optimiser la couverture vaccinale sur le territoire français avec un haut niveau de sécurité. » Sur le modèle de la grippe, le bon de prise en charge (qui vaut ordonnance) pourrait être élargi aux autres vaccins. « Cette démarche présente deux intérêts : simplifier l'accès à la vaccination, et motiver individuellement les personnes à se faire vacciner », souligne Olivier Rozaire, confiant sur l'implication des pharmaciens dans la promotion et la réalisation de la vaccination. « Dans ma région, 8 pharmaciens sur 10 se sont engagés dans la vaccination antigrippale. Cela démontre que nous sommes prêts à nous inscrire plus largement comme acteurs de la vaccination. » Pour Olivier Rozaire, la simplification de l'accès au vaccin, via les pharmaciens et les infirmiers, a pour effet positif de banaliser, de dédramatiser cette démarche de prévention. « En 2018, nous avons tous les outils pour partager l'information entre professionnels de santé, notamment avec le carnet électronique de vaccination », ajoute le président de l'URPS. Pour lui, la seule limite serait la vaccination dans la population pédiatrique : « je pense qu'il faut se limiter à la vaccination de l'adulte ; le parcours médical des enfants doit être préservé. »
Article précédent
Trois ordonnances de saison
Article suivant
Testez-vous - Questions de température
Mon officine à l'heure d'hiver
« La chaîne du froid, école de la rigueur »
Le froid qui soulage, le froid qui prépare
Des coups de froid, amis de la peau
Les saintes huiles de la saison froide
Comment le corps s'adapte au froid
Trois ordonnances de saison
Et si on allait au-delà ?
Testez-vous - Questions de température
Des solutions pour un hiver confortable
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %