Infections gastro-intestinales

Réduire les risques liés au péril fécal

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Publié le 29/05/2017
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Le risque infectieux est très présent dans certaines régions du globe où la gestion de l'eau reste rudimentaire. Pour les touristes, mieux vaut savoir apprécier ce danger et s'en prémunir pour conserver un bon souvenir de vacances.

Quel est le point commun entre la turista, l'hépatite A ou la poliomyélite ? Ces infections ont un vecteur de propagation commun, l'eau. Dans les pays où l'assainissement n'est pas maîtrisé et où les installations sanitaires sont insuffisantes, la contamination de l'eau par les excréments humains reste une problématique majeure pour les populations locales, et pour les touristes. Pour se protéger contre ce péril fécal, quelques règles sont incontournables.

Les bactéries et virus en cause : typhoïde, hépatite, turista…

La turista ou « diarrhée du voyageur » est l'infection la plus connue des globe-trotters. D'origine bactérienne ou virale, on l'observe principalement dans les pays tropicaux. La turista survient rapidement, en début de séjour. Elle se manifeste par des diarrhées fréquentes, avec des douleurs abdominales et parfois de la fièvre. Elle évolue positivement. Autre maladie transmise par l'eau ou les aliments souillés, le choléra a pour agent responsable le vibrion cholérique. Cette bactérie provoque des diarrhées intenses, blanchâtres et aqueuses, accompagnées de vomissements. Le risque de déshydratation est élevé. La bactérie cholérique survit plusieurs jours dans l'eau, favorisant la contamination humaine. C'est également le cas de Salmonella typhi, responsable de la fièvre typhoïde. La diarrhée en jus de melon est caractéristique de cette infection pour laquelle un traitement antibiotique est nécessaire. La vaccination peut être proposée en cas de longs séjours, à risque. Un vaccin combiné avec l'hépatite A, autre maladie des voyageurs, existe. De même, il est important de vérifier le statut vaccinal avant de partir, notamment pour la poliomyélite.

Attention à l'eau et à l'alimentation

Les dangers liés à la consommation de l'eau issue du circuit d'alimentation général (robinet, puits) imposent d'utiliser de l'eau en bouteille, en vérifiant que celle-ci est encapsulée. Cette eau doit également servir pour le brossage des dents et si possible, pour se laver les mains. Les produits frais, de type crudités ou fruits, servis en buffet ou sur les étalages des marchés, sont à éviter même s'ils sont appétissants. Les plats cuits, servis très chauds, présentent finalement moins de danger de contamination. Si malgré tout, le voyageur se laisse tenter par un fruit, il est préférable de l'éplucher et de le laver à l'eau désinfectée ou à l'eau de bouteille. Enfin, l'hygiène systématique des mains, avec l'utilisation de solutions hydro-alcooliques, est une précaution à ne pas négliger.

Choisir de désinfecter son eau

Si l'eau en bouteille reste une des solutions les plus simples, il peut être intéressant de se munir de produits de désinfection de l'eau. Ces derniers se présentent en comprimés à dissoudre (Aquatabs, Hydroclonazone, Micropur, Oasis) ou en solution (Opure). Ils doivent être utilisés sur eau claire uniquement. L'eau peut être consommée dans les heures qui suivent le traitement. Cette solution est pratique en cas de périple dans des zones isolées sans commerces.

Diarrhées : le SRO en première intention

Le soluté de réhydratation (SRO) doit être administré en première intention en cas de diarrhées, en particulier chez les enfants et les sujets âgés. Il permet de compenser la perte en eau et en minéraux et de réduire le risque de déshydratation. Le SRO se présente en poudre ou en solution buvable. La solution Ydrovit existe avec le goût pèche, ce qui facilite la prise. Les médicaments antidiarrhéiques peuvent être envisagés mais ils ne réduisent pas le risque de déshydratation. Parmi eux, le lopéramide agit comme ralentisseur intestinal. Il est contre-indiqué en cas de dysenteries aiguës, de fièvre importante, d'entérocolite à Salmonelle, Shigella ou campylobacter. Les antibactériens intestinaux dont le nifuroxazide peuvent être pris en l'absence de fièvre ou d'une altération de l'état général, si la diarrhée est présumée d'origine bactérienne. Selon la destination, le médecin traitant peut prescrire un antibiotique intestinal (fluoroquinolone ou amoxicilline) à n'utiliser que si nécessaire. Pour traiter les amibes, c'est le métronidazole (Flagyl). Ces médicaments « de réserve » doivent être administrés après confirmation du diagnostic d'une infection par un médecin local. Avec les fluoroquinolones, le patient doit se souvenir de ne pas s'exposer au soleil. Autre solution contre la diarrhée, les probiotiques peuvent être envisagés en association avec le SRO et un antidiarrhéique. Une cure après l'épisode diarrhéique favorise le rétablissement du microbiote intestinal. En cas de nausées ou de vomissement, il peut être intéressant de disposer d'un antivomitif comme la métopimazine, facile à prendre sous sa forme lyophilisée (Vogalib). Un antispasmodique intestinal seul ou associé (phloroglucinol) et un médicament contre la fièvre (le paracétamol) complète la trousse à pharmacie du voyageur.

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3354