Pierre-Olivier M., 29 ans
Malarone 1 cp/j
2 boîtes
Le contexte
Monsieur M. part deux semaines dans la région de Santa Cruz, en Amazonie bolivienne. Conformément aux recommandations, le médecin a prescrit une chimioprophylaxie du paludisme à Plasmodium falciparum. L’association atovaquone + proguanil (Malarone) inhibe à deux niveaux la synthèse des pyrimidines, et empêche la réplication de l’ADN du parasite. Ce médicament demeure efficace même dans les zones de chimiorésistance aux amino-4-quinoléines (chloroquine, amodiaquine, etc.).
Le prescripteur a oublié de préciser le dosage (en prophylaxie : 250 mg/j au cours d’un repas, dès que le poids dépasse 40 kg ; il existe un comprimé 62,5 mg + 25 mg destiné aux enfants) et de préciser que la prophylaxie est instaurée la veille ou le jour du départ, puis poursuivie encore une semaine au retour. La prise quotidienne du médicament a lieu à heure fixe, avec un repas ou une boisson lactée pour favoriser l’absorption de l’atovaquone. Les effets indésirables se résument à des troubles digestifs transitoires, à des céphalées et à de la toux. Il n’y a pas de contre-indication à ce traitement (sauf éventuelle insuffisance rénale sévère) et peu de risques d’interactions.
lVotre conseil
L’anophèle, vecteur du paludisme, pique au crépuscule et la nuit. À ce moment, la prophylaxie passe par le recours à un répulsif agréé (DEET, icaridine, IR3535, etc.) appliqué avec régularité sur la peau découverte, mais retiré (rinçage) avant le coucher.
Pendant la nuit, le recours à une moustiquaire imprégnée d’un biocide (perméthrine) s’impose. La rémanence du produit est comprise entre 1 et 2 mois si l’imprégnation est faite extemporanément avec un kit vendu en pharmacie ou en magasin spécialisé, mais elle se prolonge jusqu’à 6 à 8 mois pour un dispositif imprégné industriellement. Ce système est adapté à la protection des femmes enceintes et des enfants. Il est aussi recommandé d’imprégner (pulvérisation ou trempage) les vêtements et tissus par la perméthrine.
Les huiles essentielles (citral, eugénol, etc.) ne sont pas recommandées en raison d’une mauvaise tolérance et d’une efficacité discutée, de toute façon inférieure à 20 minutes. N’utiliser les serpentins fumigènes qu’en extérieur et ne les considérer que comme une solution d’appoint. Ne pas considérer comme fiables les appareils sonores à ultrasons, la vitamine B1, l’homéopathie, les rubans, papiers et autocollants gluants sans insecticide.
Monsieur Thibault T., 31 ans
Paracétamol 500 mg deux boîtes
Nautamine deux boîtes
Lactibiane Voyage une boîte
Diosmectite deux boîtes
Lopéramide une boîte
Phloroglucinol deux boîtes
Cétirizine 10 mg une boîte
Dacryosérum une boîte de 20 unidoses
Phénergan pommade un tube
Niflugel un tube
Coalgan une boîte
Soluté isotonique Gilbert 30 unidoses
Bétadine alcoolique un flacon
Le contexte
Le « kit pharmaceutique » minimal en voyage revêt une triple fonction : prévention, soins, urgences. Son contenu est adapté à la nature et à la durée du voyage mais également au profil du voyageur (âge, antécédents médicaux, degré d’isolement pendant le voyage, etc.). Ici, Monsieur T. part à Cuba pour dix jours et s’y déplacera en taxi ou en bus avec un ami du pays. Il est en parfaite santé.
L’ordonnance du médecin constitue un compromis : certains voyageurs la jugeront pléthorique, d’autres insuffisante… Ici, un choix un peu arbitraire a porté sur :
Un traitement antalgique (paracétamol) ;
La prévention de l’inconfort lié aux trajets routiers (diphénhydramine = Nautamine) ;
Le traitement d’un éventuel épisode de diarrhée (« turista ») : diosmectite (argile), lopéramide (antidiarrhéique), phloroglucinol (antispastique ; les lyocs ont l’avantage de s’avaler sans eau), sans oublier une prévention par contrôle de la flore colique (par exemple Lactibiane Voyage = supplémentation en Lactobacillus) ;
Le traitement préventif d’une éventuelle allergie par un anti-H1, la cétirizine (le médecin aurait pu prescrire de la dexchlorphéniramine = Polaramine plus sédative mais plus puissante) ;
Le traitement d’inconforts et d’irritations oculaires diverses (Dacryosérum) comme le nettoyage des sinus (soluté physiologique stérile) ;
Le traitement des allergies, piqûres d’insectes banales et petites inflammations locales (Phénergan, Niflugel) ;
Un antiseptique local (Bétadine alcoolique)
Votre conseil
Le pharmacien attire l’attention du client sur le contenant de ces produits et articles : l’encombrement et le poids doivent être pris en compte dès lors qu’il s’agit d’un séjour itinérant. La boîte à médicament sera donc résistante, étanche, en plastique. Monsieur T. emmènera les notices des médicaments (mais un accès à internet permet de retrouver les données utiles). Le pharmacien ajoute à cette trousse des cotons hémostatiques (Coalgan) et de petits pansements.
Le pharmacien rappellera utilement l’intérêt d’un thermomètre, d’une pince à écharde, de ciseaux à ongles, de produits antisolaires adaptés, d’un répulsif ou biocide contre les moustiques, d’épingles de sûreté, etc.
Thomas G., 40 ans
Ciprofloxacine 500 mg 2 boîtes de 12 comprimés
Si diarrhée 500 mg matin et soir, sans excéder 5 jours de traitement.
Le contexte
Monsieur G. part découvrir la baie de Rio pendant une semaine avec sa femme, Alexia, 38 ans, et leur fils, Gaël, 15 ans : séjournant en hôtel, ils envisagent de se limiter à la visite de la ville et à des journées de plage. Monsieur G. a consulté leur médecin de famille, lui demandant quelles précautions médicales devaient être prises.
Le médecin a prescrit une fluoroquinolone (ciprofloxacine) destinée à traiter une éventuelle diarrhée du voyageur handicapante. Ce type d’antibiotique est indiqué dans ce contexte chez l’adulte, en dehors de l’Asie (zone où l’on privilégie en première intention l’azithromycine en raison d’une résistance des Shigella et des Campylobacter).
Dans cette situation, l’antibiotique est administré à la dose de 500 mg x 2/j pendant 1 à 5 jours. Le médecin a pris soin d’évoquer le risque de photosensibilisation et de tendinopathie (faible sur une période d’administration aussi brève).
Votre conseil
Nul besoin spécifique pour ce séjour bref en zone urbaine : notamment, il n’y a pas besoin de prophylaxie du paludisme ni de vaccination anti-fièvre jaune ou contre l’hépatite A si la famille ne prend pas de risque (consommation de boissons capsulées, hygiène alimentaire rigoureuse, etc.). Le médecin ayant préconisé, en revanche, quelques médicaments classiques (paracétamol, désinfectants, topique intestinal, protection solaire, etc.), le pharmacien participe à la constitution de cette petite trousse… qui sera surtout faite pour rassurer un client inquiet, car Rio est dotée en infrastructures de santé et en pharmacies auxquelles s’adresser !
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