EN ATTENDANT de voir aboutir les discussions sur les nouveaux services rémunérés à l’officine, proposés en matière de prévention, de dépistage et d’accompagnement des patients, le pharmacien assure déjà un rôle de conseil sur les vaccins, en particulier du petit enfant. Mais il a fort à faire pour combattre les idées reçues et dissiper les craintes.
Courants antivaccins.
La gestion par les pouvoirs publics de la campagne antigrippe A(H1N1) en 2009-2010 a un peu chahuté le bien-fondé des recommandations sur le vaccin grippal, mais aussi sur les autres vaccinations, déjà en butte à diverses attaques. Après les rumeurs qui ont entouré le vaccin anticoquelucheux, soi-disant responsable de morts subites du nourrisson, le ROR relié à l’autisme, puis le vaccin contre l’hépatite B, accusé de causer une sclérose en plaques, les rumeurs dénigrantes circulent, amplifiées par l’Internet jusqu’à l’incroyable : « les vaccins sont des armes bactériologiques déguisées destinées à réduire le nombre d’humains sur la planète » !
Difficile de contrer des croyances délirantes, mais le pharmacien peut redonner confiance aux parents et lutter contre les idées fausses telles que « trop vacciner affaiblit l’organisme » ou contre un raisonnement qui tient à un individualisme bien français : « pas besoin de vacciner mon enfant, les autres le sont »… Faute de couverture suffisante, des maladies que l’on croyait éradiquées ressurgissent, la rougeole en particulier. Trop de parents pensent que le vaccin ROR n’étant pas obligatoire mais simplement recommandé, est inutile et que la rougeole est bénigne. En 2010, sur les 5 000 cas recensés (dont 30 % hospitalisés), 82 % n’étaient pas vaccinés et 13 % avaient reçu une seule dose. En 2011, on serait passé à 10 000 cas, ce qui inquiète nos voisins.
Trois vaccins obligatoires.
Dans ce contexte, il n’est pas inutile de faire un petit rappel des vaccins obligatoires avant l’âge de 18 mois :
La diphtérie. Cette maladie infectieuse des voies respiratoires, hautement contagieuse, a disparu de l’Hexagone, mais des épidémies sévissent dans de nombreux pays, dont ceux de l’ex-bloc de l’Est. Le vaccin s’administre en 3 injections, à 2, 3 et 4 mois et un premier rappel entre 16 et 18 mois est également obligatoire.
Le tétanos. Le schéma vaccinal étant identique, chez le bébé, à celui de la diphtérie et de la poliomyélite, les trois vaccins sont associés, avec éventuellement en plus ceux contre la coqueluche, les infections à Hemophilus influenzae de type b et l’hépatite B, non obligatoires.
La poliomyélite. Le virus, transmis principalement par voie digestive, ne se rencontre plus sur le territoire. À la différence des deux précédents vaccins, les deux rappels suivants, à 6 ans puis entre 11 et 13 ans, sont obligatoires.
À noter : le vaccin contre la fièvre jaune (en dose unique) est obligatoire chez les enfants de résidents de Guyane de plus de 9 mois.
Fortement recommandés.
Les autres vaccins non obligatoires mais recommandés à tous les nourrissons dans le dernier calendrier vaccinal, n’en sont pas moins utiles, voire indispensables.
La coqueluche. On assiste en France à une recrudescence des cas chez des adultes jeunes… qui transmettent la bactérie aux nourrissons. La raison : le rappel vers 11-13 ans et le rattrapage possible à 16-18 ans sont négligés. Or, contrairement aux idées reçues, avoir contracté la coqueluche dans l’enfance n’empêche pas de l’avoir à nouveau. Compte tenu des complications gravissimes de la maladie, en particulier chez les moins de 6 mois, le vaccin est fortement recommandé dès le 2e mois de vie : 3 injections à 4 semaines d’intervalle + 1 rappel un an après.
La rougeole. La situation est plus préoccupante encore car des encéphalites, certaines mortelles, ont déjà été enregistrées. Le ROR, administré à 9 mois chez les nourrissons accueillis en collectivité (2e dose à 12-15 mois) et chez les autres à 12 mois (2e dose avant 2 ans), protège en même temps contre la rubéole et les oreillons qui semblent aussi amorcer un come-back.
Les infections à Pneumocoque. Le vaccin pneumococcique à 13 valences est aujourd’hui recommandé à la place du 7-valent pour protéger contre 6 autres types de pneumocoques émergents dont le sérotype 19A, particulièrement virulent et résistant aux antibiotiques. Mais le schéma vaccinal reste le même : 1 injection à 2 mois, 1 à 4 mois, 1 rappel à 12 mois. Il est essentiel de vacciner les tout petits qui ne savent pas fabriquer d’anticorps contre l’antigène de cette bactérie avant l’âge de 2 ans.
Les infections à méningocoque C. Les nourrissons sont les plus touchés, or la maladie peut causer troubles neurologiques, surdités, amputations et décès (10 % des cas). Le vaccin (1 dose) est recommandé entre 12 et 24 mois.
Les infections à Hemophilus influenzae. Avant de disposer d’un vaccin, la bactérie était, en France, la première cause de méningites graves du nourrisson. Trois injections à 2, 3 et 4 mois et un rappel entre 16 et 18 mois.
L’hépatite B. Le vaccin, destiné à protéger plus tard, est recommandé dans la petite enfance à partir de 2 mois, suivi d’un rappel à 4 mois et d’un autre à 16-18 mois.
Carnet vaccinal électronique.
Pour éviter oublis et retards, le carnet de vaccination en ligne apparaît comme une bonne solution, déjà proposée par Orange et des sites comme mesvaccins.net, mais aussi par des groupements de pharmaciens comme PHR. Testé actuellement dans 5 officines pilotes, son carnet de vaccination électronique personnalisé (confidentiel) permet au pharmacien d’informer son patient ou de l’alerte par courrier ou SMS en fonction de son âge ou de son état de santé. Le groupement Univers Santé a, quant à lui, prévu un carnet vaccinal volontairement simple dans son application gratuite Iphone (et Ipad) « Votre suivi santé ». Il alerte systématiquement le patient à sa date d’anniversaire sur le statut vaccinal qu’il devrait logiquement avoir à son âge, pour qu’il en parle ensuite à un professionnel de santé. Mais d’autres groupements et laboratoires planchent activement sur ce type d’outils électroniques de suivi et de rappel des vaccinations. À suivre.
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