COMME un même individu évolue tout au long de sa vie, la peau se transforme au cours de l’existence. Aux premiers stades de la vie, elle ne présente pas les mêmes caractéristiques qu’à un âge plus avancé. La peau du nourrisson se distingue ainsi à bien des égards. Par sa finesse, tout d’abord, ce qui la rend plus vulnérable. La couche cornée, première des barrières cutanées située à la surface de l’épiderme, est plus fine qu’elle ne l’est chez l’adulte ce qui pénalise sa fonction protectrice. Autre facteur de sensibilité aux agressions, l’adhérence entre les cellules qui est moins efficiente.
Immature.
Au niveau du derme, on trouve encore plus de particularités. Plus mince car doté de fibres de collagène plus fines et immatures, le derme du bébé présente deux niveaux, papillaire et réticulaire, mal individualisés. En profondeur, les glandes annexes - sudorales et sébacées - ont une activité réduite. Si les glandes sudorales eccrines fonctionnent normalement, les glandes apocrines sont moins actives avant la puberté tout comme les glandes sébacées dont la sécrétion est moins abondante. « Ces particularités expliquent la présence chez le bébé d’un film hydrolipidique à la surface de la peau moins bien représenté, ce qui diminue aussi la fonction de barrière cutanée », indique le docteur Toni Ionesco, dermatologue.
Autre facteur capital pour la compréhension de la peau des bébés, le rapport entre la surface de l’épiderme et le poids est trois fois plus élevé chez le nourrisson que chez l’adulte. Ce qui signifie que les doses de produit appliqué (médicament, substance active) et les zones concernées doivent tenir compte de ce rapport car le risque d’absorption est plus important pour un nourrisson. « Le site anatomique et l’épaisseur de la couche cornée doivent aussi être considérés surtout dans un contexte d’effet occlusif que peut engendrer le port de couches ou dans le cas d’un épiderme lésé (érythème fessier) ».
Attention aussi au niveau de sudation plus élevé chez l’enfant en raison d’une surface d’échange plus importante. La température, qu’elle soit basse (perte en chaleur) ou haute (perte en eau), est plus lourde de conséquences pour le bébé. Sa vulnérabilité face au soleil est également profonde et il est crucial de lui éviter l’exposition aux coups de soleil directement impliqués dans le risque de développer un cancer cutané des années plus tard. Moins problématique, l’immaturité de la peau du bébé se traduit aussi sur le plan immunitaire même si la flore saprophyte (normale) se met rapidement en place.
Petits bobos.
Toutes ces particularités n’ont, en revanche, pas d’incidence lourde sur la santé cutanée du bébé. Les affections qu’il développe couramment sont donc bénignes la plupart du temps. L’érythème fessier en fait parti. « Il est induit par un microclimat qu’on peut appeler « tropical », humide et chaud, favorisé par le port de couches », explique le docteur Ionesco. Une macération qui atteint la couche cornée et finit, avec l’acidité des urines, par agresser l’épiderme qui devient rouge vif ! Il convient alors de bien nettoyer le siège - mais également les plis qui peuvent être touchés - à l’aide de formules contenant des corps gras aux pouvoirs réparateurs et isolants et des actifs (cuivre et zinc) à l’action antiseptique.
Outre les formules bien connues (liniment oléocalcaire, pâte à l’eau) et les pommades avec AMM (Bepanthen 5 %, Mitosyl Irritations), certains laboratoires proposent des produits spécifiques : spray et crème anti irritations Cu-Zn+ dans la gamme Uriage pour bébés, pommade et spray Érytéal dans la gamme revisitée Klorane Bébé, nouvelles lingettes dermoapaisantes pour le change dans la gamme Mustela (Expanscience), lait crème dans la gamme Saforelle Pédiatrie (Iprad Santé), Babygella pâte chez Rottapharm… L’hygiène globale, pour sa part, peut être confiée à deux nouvelles gammes, Primalba dédiée aux nourrissons (huile lavante, huile de toilette, huile de soin) chez Aderma et BébéBiafine (5 produits pour le change, la toilette et l’hydratation). ? Quant à la marque Topicrem, elle met à la disposition des officines sa première gamme de soins certifiées BIO pour les nourrissons, bébés et jeunes enfants. Nouveautés également chez Sanofi Aventis qui lance des lingettes Visage et Mains dans la gamme Les Essentiels de Mitosyl et chez SVR qui présente un Gel lavant dans sa gamme rebaptisée SVR bébé. Bioderma, enfin, propose de nombreuses références ABCDerm pour l’hygiène et le bain.
La dermite séborrhéique.
Autre classique des petites pathologies du bébé, les croûtes de lait qui se forment au niveau du crâne. « Il s’agit d’une immaturité de kératinisation localisée qui appartient à la famille des dermites séborrhéiques et qui touche environ 70 % des nourrissons ». Si les croûtes de lait s’éliminent d’elles-mêmes passés quelques mois, l’application d’un corps gras peut accélérer le processus : crème DS Émulsion chez Uriage, gel croûtes de lait Pédiatril d’Avène, Babysquam ABCDerm (Bioderma)…
Les dartres apparaissent aussi fréquemment chez le bébé, au niveau des bras et avant-bras, des mains et autour de la bouche. « Elles se manifestent chez les sujets atopiques ». Un peu rugueuses au toucher, ces zones se traitent facilement par l’application d’un émollient de type cold-cream ou une formule moins occlusive comme un lait hydratant. Quelle que soit la texture employée, les actifs qu’elle contient doivent toujours être non allergisants et bien supportés : nouvelle crème hydratante stérile dans la gamme Pédiatril d’Avène, nouvelle huile de massage Kibio Bébé (Clarins), crème visage et lait corporel dans la gamme Weleda Bébé au calendula bio mais aussi les gammes bio, Babyléna (Bioes) en pleine rénovation et Natessance Bébé (Léa Nature).
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