« Notre système de santé fait la part belle au « curatif » et ne laisse pas assez de place au préventif ! ». Cette critique fréquente – émanant des professionnels de santé, mais aussi, des patients — devrait, à l'avenir, être mieux prise en compte par les pouvoirs publics. C'est en effet l'objectif du nouveau plan santé – baptisé « Ma Santé 2022 »- pour lequel le gouvernement compte mobiliser tous les acteurs du monde de la santé. Le pharmacien notamment, devra jouer un rôle clé en matière de prévention. De leur côté, le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm), mais aussi, les organes de formation continue, les grossistes et les éditeurs informatiques n'ont pas attendu la réforme pour accompagner l'officinal dans cette voie.
Une source fiable
Créé en 1959, le Cespharm aide les pharmaciens à s’impliquer dans la prévention, l’éducation pour la santé et l’éducation thérapeutique du patient. Cette structure – devenue une direction à part entière de l'Ordre des pharmaciens — fournit des services gratuits et des informations validées, en lien avec la prévention. Une équipe est notamment dédiée à la rédaction de documents sur des thématiques très larges (vaccination, addictions, cancer, sujets âgés…). « Notre objectif est de canaliser ces informations – via notre site Internet (www.cespharm.fr)- afin de permettre aux pharmaciens de les restituer de façon vulgarisée auprès du grand public. Le Cespharm relaie également les campagnes nationales de prévention auprès des pharmaciens. Sur notre site, ils peuvent télécharger et commander de nombreuses vidéos, affiches et brochures thématiques en lien avec la prévention », souligne Pascal Casaurang, pharmacien référent du Cespharm. Le comité offre, par ailleurs, un service téléphonique gratuit. « Les pharmaciens ne doivent pas hésiter à nous appeler pour relayer une campagne ou mettre en place une opération de prévention. Notre rôle est de faciliter leur travail dans ce domaine », confie Pascal Casaurang.
Favoriser le dépistage
Les éditeurs informatiques s'investissent également dans la prévention. C'est, par exemple, le cas du groupe Pharmagest, filiale de la Coopérative Welcoop. « Par le biais de notre logiciel de gestion (le LGPI) utilisé par 44 % des officinaux, nous relayons les campagnes de prévention et de dépistage nationales et offrons un outil d’e-learning pour former les pharmaciens au contenu de ces campagnes », souligne Dominique Pautrat, directeur général du groupe Pharmagest. Le LGPI va plus loin en proposant au pharmacien de s'impliquer dans des campagnes de pré-dépistage ciblées (en fonction de l'âge du patient ou des médicaments qui lui sont prescrits). « Exemple : lorsqu'un pharmacien est face à une patiente dont l'âge correspond à celui du dépistage du cancer du sein, le LGPI lui propose d'éditer une brochure sur le sujet qu'il pourra remettre à la patiente », précise Dominique Pautrat.
Par ailleurs, par le biais d'eNephro – dispositif médical d'intelligence artificielle financé par le ministère de la Santé et expérimenté dans les Hauts-de-France, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine — Pharmagest propose à l'officinal de participer au dépistage des patients à risque d'IRC. « Via un questionnaire spécifique – disponible dans le LGPI — le pharmacien peut mesurer le risque d'un patient à devenir insuffisant rénal. En fonction des réponses, il édite un document que le patient doit remettre à son médecin traitant », assure Dominique Pautrat.
Prévenir l’iatrogénie
Cette année, certains grossistes et organismes de formation continue se sont engagés pour accompagner le pharmacien dans la mise en place du bilan partagé de médication (BPM). Ce dispositif a pour objectif de prévenir l’iatrogénie et les problèmes liés à la mauvaise observance chez les personnes âgées de 65 ans à 74 ans avec une ALD ou âgés de 75 ans ou plus. Avec un traitement d’au moins 5 principes actifs prescrits, pour une durée consécutive supérieure ou égale à 6 mois.
L'UTIP (organe de formation continue) propose, par exemple, un cycle de formation dédié au BPM, sur une journée dans plus de 65 villes : « à l'issue de cette session, le pharmacien sait dérouler correctement un BPM et délivrer des messages clairs pour aider le patient âgé à s'approprier son traitement », affirme Alain Guilleminot, président de l'UTIP.
OCP Formation, organise également des formations au BPM sur une journée, partout en France. « Nous fournissons, par ailleurs, un guide pratique pour aider l'officinal à préparer le BPM, recruter les patients, fixer les rendez-vous au sein de son officine… », affirme Constance Pérard, directrice marketing de l'OCP.
S'impliquer dans la vaccination antigrippale
Les pharmaciens qui le souhaitent peuvent se former sur la vaccination contre la grippe. Cette nouvelle mission – expérimentée dans 4 régions françaises : Auvergne Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Hauts-de-France et Occitanie — devrait être généralisée à l'ensemble de la France dès l'automne 2019. « Vacciner, c'est un véritable acte de prévention. À l'UTIP, nos médecins forment les pharmaciens – sur une journée — à la pratique de la vaccination, mais aussi, à sa promotion auprès des patients », note Alain Guilleminot. Pour sa part, OCP Formation a déjà formé plus de 1 200 officinaux à la vaccination contre la grippe et compte presque doubler le nombre de sessions dédiées à cette formation pour 2019.
Accompagner les patients chroniques
Pour mieux accompagner ses patients chroniques, le pharmacien peut s'appuyer sur des outils informatiques. Le logiciel de suivi d’observance (LSO) de Pharmagest leur permet, par exemple, de se spécialiser sur quatre thématiques : AVK, asthme, bilan nutritionnel et observance. Les pharmaciens peuvent également renforcer leurs connaissances sur les maladies chroniques par le biais de formations. « Nous proposons des sessions dédiées au suivi et à la prévention des pathologies chroniques, en présentiel ou en e-learning. Par ailleurs, nous formons également l'officinal à la conduite de l'entretien motivationnel : cette démarche lui permet d'amener le patient, à prendre les décisions bénéfiques pour sa santé (alimentation, activité physique, sevrage tabagique…). Pour ces formations, notre objectif reste le même : permettre au pharmacien d'acquérir les bons réflexes pour faire œuvre de prévention auprès de sa patientèle », conclut Alain Guilleminot.
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