FAUT-IL RAPPELER que la dépression touche tous les âges, tous les milieux sociaux, toutes les cultures et toutes les latitudes ? Elle est d’ailleurs connue depuis la plus haute Antiquité et les prêtres guérisseurs avaient déjà développé des prises en charge thérapeutiques avec les moyens de l’époque.
Il est habituel d’affirmer que le sexe féminin est environ deux fois plus touché que le sexe masculin. Cela étant, on sait aussi depuis longtemps qu’avant l’adolescence, le sex-ratio est équilibré, avec même un léger désavantage pour les garçons.
Il n’est sans doute pas inutile de remarquer que les hommes sont vulnérables à la dépression à tout âge, alors que les femmes le sont plus aux moments de leur vie où leur taux d’hormones varie de façon importante ; mais est-ce le principal facteur ?
Rôle des facteurs hormonaux.
Ce déséquilibre hommes/femmes est « traditionnellement », mis en relation avec des facteurs hormonaux (il est vrai qu’il existe un pic de prévalence féminine avant la ménopause et que les fluctuations hormonales liées à l’accouchement ou aux règles affectent l’humeur de certaines femmes), des facteurs neurologiques (le taux de sérotonine, un neurotransmetteur clé de la dépression serait plus élevé chez les hommes, mais il se pourrait aussi que les deux sexes ne réagissent pas de la même manière à un déficit en sérotonine) et des facteurs cognitifs. Les femmes et les hommes ne hiérarchiseraient pas de la même façon leurs rapports avec leur environnement, les femmes attacheraient une plus grande attention aux problèmes relationnels tandis que les hommes se concentreraient plus volontiers sur des facteurs « abstraits », au premier rang desquels leur travail.
Parmi les symptômes de la dépression reconnus par les experts, 9 critères sont considérés comme essentiels (voir encadré).
Sous-diagnostic.
Mais, il faut savoir que ces critères tendent à être aujourd’hui remis en cause par certains spécialistes qui considèrent ceux-ci comme trop « féminins », ce qui pourrait expliquer en partie le sous-diagnostic de la dépression chez l’homme. Ils font, en effet, remarquer que des symptômes comme la tristesse et les crises de larmes des femmes sont remplacés chez les hommes par de l’irritabilité et de l’agressivité.
Souvent, également, la dépression masculine se manifeste par une consommation exagérée d’alcool, voire de drogues ou encore un refuge dans le travail, le sport ou d’autres activités pratiquées d’une manière intensive pour « oublier » leurs problèmes. Chez les hommes âgés, un autre symptôme fréquent sera de ressentir des douleurs plus ou moins généralisées dans le corps.
Ces phénomènes, auxquels il faut être attentif, peuvent être considérés comme des conduites d’évitement de la dépression ; voire aux yeux de certains, comme des « équivalents dépressifs ».
Autre particularité masculine, l’homme attribue facilement ces réactions à des facteurs extérieurs, comme un surmenage professionnel ou des problèmes avec des collègues de travail ou leur supérieur hiérarchique. Alors que les femmes « dépriment » plus volontiers en réaction à des difficultés rencontrées par leurs proches.
On peut aussi remarquer la particulière vulnérabilité des hommes à une séparation conjugale, comme un divorce (selon certaines études, la perte de la garde des enfants ou des changements dans les responsabilités parentales représenteraient des aspects particulièrement stressants pour les hommes) ou à un veuvage ; ce qui pourrait expliquer l’excès de mortalité bien connue chez les veufs.
Une plus grande réticence à consulter.
Si on a l’habitude de dire que seulement environ la moitié des personnes déprimées consultent un médecin, cette proportion ne serait-elle pas en fait encore plus importante chez les hommes ?
C’est fort probable quand on sait que les hommes déprimés ont une tendance marquée au repli, cachant leur état à leur famille et à leurs amis. Repli sur soi empêchant la reconnaissance du trouble et sa prise en charge en temps utile.
Alors que les femmes consultent plus rapidement et prennent cette décision elles-mêmes, les hommes sont plutôt adressés par leurs proches, intrigués ou inquiets d’un état de dysfonctionnement social, qui aura déjà des répercussions négatives, tant au niveau professionnel que familial.
Cela explique un diagnostic plus souvent tardif chez les hommes d’un état dépressif, associé à d’autres problèmes, comme le développement d’un alcoolisme plus ou moins important (voire de violences ou de problèmes conjugaux), ce qui complique la prise en charge.
Traitement : hommes et femmes, même combat !
Quel que soit le sexe, l’objectif du traitement est d’obtenir une rémission complète afin de limiter le risque de rechutes et d’éviter le passage à la chronicité. Rappelons à ce sujet qu’un état dépressif non traité dure, en moyenne, entre 6 et 10 mois et que 75 % de ces patients connaîtront un nouvel épisode dépressif dans les 6 mois qui suivent.
D’où l’importance d’un diagnostic et d’une prise en charge les plus précoces possibles, d’autant plus que la répétition des épisodes augmente la probabilité d’en faire de nouveaux.
N’oublions pas non plus que le risque majeur demeure le suicide : 20 % des patients souffrant d’une dépression majeure commettent au moins une tentative de suicide ou adoptent un comportement suicidaire.
Dans les deux sexes, le traitement comprend les antidépresseurs et la psychothérapie.
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