Face aux difficultés que rencontrent les officines (augmentation de la masse salariale et des coûts de gestion, baisse de la marge et du pouvoir d'achat des patients…), depuis plusieurs années, de nombreux groupements mettent en commun leurs moyens, qu'ils soient financiers, logistiques, intellectuels ou humains pour réaliser des économies.
C'est d'ailleurs là l'un des desseins originels des groupements de pharmaciens. Un objectif plus pertinent que jamais dans un contexte inflationniste, où la rentabilité – et donc, la survie — des pharmacies est directement menacée. Une rentabilité qui dépend non seulement d'économies financières, mais aussi de temps.
Faire appel aux compétences internes ou externes du groupement
« Ce n’est pas au pharmacien de gérer le tiers-payant ou ses réseaux sociaux », estime Lucien Bennatan, fondateur et président du groupement Act Pharmacie. « Il existe de nombreuses tâches similaires, importantes pour le bon fonctionnement de l'officine, mais qui sont très chronophages et auxquelles le titulaire n'est pas forcément formé », reprend-il. D'où la nécessité de l'assister, en faisant appel à des compétences internes ou externes au groupement pour se charger de ces aspects de la gestion de l'entreprise, et prendre en charge les coûts de ces services.
Ainsi, en plus de la gestion du site de la pharmacie ou de sa présence sur les réseaux sociaux, Act Pharmacie mutualise la logistique (en partageant les coûts liés à la distribution, au stockage et à la gestion des inventaires), les commandes (qu'il s'agisse des médicaments vendus par la pharmacie ou ses frais généraux), ou les services (formation du personnel, promotion des produits, logiciels de gestion d'officine, programmes de fidélité…) afin de dégager des économies substantielles (jusqu'à -20 % de coûts de fonctionnement) pour leurs adhérents. En argent… mais aussi en temps.
« Les groupements doivent accentuer leurs efforts dans la gestion du back-office, pour dégager du temps pharmacien et préparateur au comptoir », juge Guillaume Paquin, président d'Objectif Pharma. Le groupement, qui fait partie de la Coopérative Welcoop, utilise le LGO « ID », développé par Pharmagest, un autre membre de cette coopérative. Ce dernier inclut des outils de rendez-vous client, de pilotage de point de vente (My Pilot) et des applications de suivis d'achats et de ventes, qui permet à ses pharmacies de travailler de manière plus fluide toute en réduisant leurs coûts.
Les nouvelles missions, fruits de la mutualisation des services
Cette mutualisation des coûts est l'un des facteurs du développement des nouvelles missions. C'est du moins l'avis de Steeve Toledano, directeur général du groupement ExcelPharma : « Souvenez-vous de la vaccination : ce sont les groupements qui ont élaboré les affiches, les stickers, les clips pour indiquer aux patients qu'ils pouvaient se faire vacciner. C'est cette mobilisation qui a encouragé le développement de la vaccination en pharmacie contre le Covid, puis des autres vaccins. Elle n'aurait pas été possible sans la mutualisation, car le pharmacien titulaire à son comptoir n'a pas le temps ou la capacité de planifier des campagnes de communication… il y a des commerciaux pour ça ! ».
Si les nouvelles missions sont indispensables aux pharmaciens, ce n'est pas seulement sur un plan économique, mais aussi stratégique. Car améliorer l'image du métier sera vital pour attirer les nouvelles générations et renouveler une profession à la démographie vieillissante. Pour Lucien Bennatan toutefois, il faut aller encore plus loin : « La mutualisation des services ne doit pas se limiter au périmètre des groupements. Sur le sujet des nouvelles missions, il faut qu'ils s'unissent et collaborent tous ensemble, pour faire avancer la profession ! »
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