L’automatisation des officines pourrait presque paraître comme le parent pauvre de l’innovation dans le monde de la pharmacie, tant les technologies qui la font ronronnent depuis plusieurs années. Pas de rupture technologique, juste des évolutions ponctuelles qui renforcent, ici la puissance, là la vitesse de traitement, ou qui permettent de retailler en quelque sorte les robots pour les plus petites officines, tendance nette d’un marché par ailleurs dynamique. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’enjeu technologique important susceptible de mobiliser les efforts des fabricants. Ils ont eu, ils ont encore le défi de la sérialisation à relever. Pas vraiment un défi technologique, tous s’accordent à dire que la sérialisation n’est pas, pour le monde de l’automatisation, une problématique complexe : « nous savons lire toutes formes de codes depuis longtemps », disent-ils en chœur. Le problème est ailleurs, il est dans le protocole de communication qui permettrait aux robots et automates de faire le lien avec le LGO à qui revient la mission in fine de repérer tout médicament contrefait, puisque, rappelons-le, la sérialisation est uniquement destinée à lutter contre la contrefaçon de médicaments.
Or, pour l’instant, il n’y a pas de solution globale valable pour tous les acteurs. BD Rowa a bien développé un protocole de communication qui s’adapterait à tous les LGO, mais selon Bertrand Rodriguez, directeur commercial du fabricant, « c’est difficile pour les éditeurs d’accepter qu’on intervienne dans le domaine des logiciels ». Un problème plus politique que technologique donc. Et par ailleurs, d’autres spécialistes de l’automatisation préféreraient un protocole de communication standardisé proposé par les pouvoirs publics et/ou par l’industrie.
La sérialisation a aussi son impact au plan matériel. Jean-Pierre Petiot, directeur commercial d’Omnicell, souligne celui sur le conditionnement des médicaments : « la sérialisation a changé le mode de fermeture des boîtes, leurs surfaces ne sont plus planes en totalité, avec des plis ou du scotch à certains endroits, cela a conduit à modifier les modes de prise de nos machines. » Les robots Omnicell ont deux modes de prise, avec le bras ou par aspiration. Dans ce dernier cas, c’est pour prendre une seule boîte à la fois, ce qui convient à la sérialisation, le fabricant a fait en sorte que son système d’aspiration soit plus puissant et ne soit pas gêné par les nouveaux conditionnements. La sérialisation a aussi comme conséquence de s’interroger sur le multipicking (prélèvement de plusieurs boîtes à la fois), sera-t-il aussi utile alors que les pharmaciens devront tout scanner, boîte par boîte ?
Des robots plus compacts
Hors sérialisation, les fabricants de robots et d’automates innovent dans la continuité de leur action depuis plusieurs années : ainsi poursuivent-ils la démocratisation de l’automatisation avec des modèles de robots plus compacts et plus accessibles en termes de prix. BD Rowa ajoute un nouveau modèle de robot compact, le Smart 120 à son modèle existant (Voir « Le Quotidien » du 7 octobre dernier), tandis que Gollmann Zwick lance le Go Compact Édition, une machine dont l’architecture repose sur un système de déplacement latéral. Sa longueur est en moyenne de 4,35 mètres et ce système fait en sorte que le bras se déplace peu, d’où un gain en termes de rapidité de délivrance, précise Didier Caron, directeur commercial grands comptes.
Au-delà de ce sujet de la compacité des machines, Pharmathek a présenté un robot doté d’un bras double, cela pour disposer d’une plus grande puissance de traitement et également dévoilé un système de sortie connectée destiné aux robots conçus avec des gares d’arrivée chacune dédiée à plusieurs comptoirs. « Ce dispositif permet de clarifier les arrivées de médicaments quand un autre membre de l’équipe commande au robot le même médicament, ce qui peut susciter une certaine confusion en termes de traçabilité », explique Emmanuel Zittoun, Directeur de Pharmathek France. « Il permet de voir où en est le traitement des commandes sur tous les postes. » Omnicell a pour sa part allégé de deux kilos la composition du bras de ses machines pour plus de rapidité.
Simplifier les usages
Les prestataires travaillent également sur l’aspect logiciel de leur offre, à l’image de Mekapharm qui a revu son interface de façon à simplifier son usage notamment en la convertissant au tactile, et qui a également fait en sorte qu’elle soit accessible à partir d’une plateforme mobile Androïd. Sans doute cherchent-ils à être plus ambitieux mais ils risquent de se heurter encore une fois aux éditeurs de LGO, tout comme dans le domaine de la sérialisation. On peut imaginer par exemple qu’un jour ils finissent par résoudre la délicate question des promis, qu’on ne peut faire autrement de gérer de façon manuelle. Là encore, les robots sont limités par les LGO qui ne peuvent envisager le promis autrement que dans le stock, dès lors qu’il en sort, il est considéré comme vendu.
La gestion automatisée est pourtant une demande des pharmaciens selon Olivier Resano, directeur de Mekapharm, c’est aussi une arlésienne, mais peut-être arrivera-t-on à trouver une solution. En tout cas, l’avenir de l’automatisation passe non plus par une meilleure communication, mais par une plus grande intégration avec les LGO soutient Emmanuel Zittoun. Logique pour Pharmathek, désormais lié à Pharmagest par des liens capitalistiques et stratégiques : on pourrait bien voir les premiers fruits de ce rapprochement dans les mois qui viennent.
Article précédent
Le hackathon : boîte à idées de l'e-santé
Article suivant
« Le pharmacien sera demain un médiateur de e-santé »
Comment les nouvelles missions réinventent le métier de pharmacien
La pharmacogénomique au service de la médecine de précision
Quand les médicaments cherchent leur voie
La box senior santé : un exemple d'innovation high-tech dédiée aux personnes âgées
La nouvelle génération d'essais cliniques arrive
Le hackathon : boîte à idées de l'e-santé
L’innovation dans la continuité
« Le pharmacien sera demain un médiateur de e-santé »
Innovation thérapeutique : trop belle, trop chère ?
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin