« LE RESPECT de l’observance est un vrai souci dans tous les traitements chroniques, et notamment chez les personnes âgées ». Pour Rémi John, titulaire de la pharmacie des trois gares à Viroflay, dans les Yvelines, une certaine forme de déresponsabilisation conduit quelques patients à être moins strictement observant dans le temps. Cela a des conséquences tangibles sur leur santé qui sont objectivées au plan national : « plus d’un million de journées d’hospitalisation dues à la mauvaise observance des traitements, soit un coût estimé de deux milliards d’euros pour l’assurance-maladie » selon Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest. Dans ce contexte, les pharmaciens ont un rôle central à jouer dans la meilleure observance. À cet effet, divers outils leur sont proposés afin d’aider leurs patients âgés à mieux respecter leurs traitements médicamenteux.
Alerte sur smartphone.
Le premier d’entre eux, le plus pratique à première vue, est l’usage du smartphone équipé d’un système d’alertes permettant de signaler le moment de la prise au patient. Plusieurs applications de ce type sont actuellement proposées, celle de Pharmagest, avec « Ma pharmacie mobile » ou celles de groupements, PHR ou Univers Pharmacie. Le principe en est simple : après une programmation, les alertes s’enclenchent sur le smartphone au moment de la prise, avec en général une validation du patient qui permet ainsi un suivi de l’observance. Le seul problème qui peut se poser est lié à la programmation. S’adressant à des personnes âgées, notamment les plus de 75 ans, il est nécessaire de leur faciliter l’usage de ces applications, simples pour la plupart, mais peut-être un peu ardues pour elles.
« Je n’ai pas le temps de m’en occuper » reconnaît Rémi John, dont la pharmacie est sous enseigne Pharma Référence (du groupe PHR), et pour qui la programmation doit être faite par les patients eux-mêmes, aidés par leur famille, leurs petits-enfants par exemple, ou les infirmières et aides à domicile. « C’est ce qui marche le mieux » estime-t-il. Le rôle de ces aides est central, affirme en substance le pharmacien, du renouvellement de l’ordonnance à la programmation des alertes pour l’observance du traitement.
Crée du lien avec le patient.
Pour sa part, Pharmagest a choisi une voie différente et son application prévoit un rôle accru du pharmacien : c’est lui qui donne au patient ses éléments identifiants, de façon à assurer la sécurité des données, et programme la posologie à respecter ainsi que les alertes. « Cela peut être assez lourd pour le patient et ne prend que quelques minutes au pharmacien qui initie là un lien fort avec lui et lui permet de le sensibiliser à la question de l’observance » explique Jérôme Lapray.
Ces différentes applications mobiles ont un bel avenir devant elles. Les acteurs déjà présents sur ce marché les peaufinent et de nouvelles versions sont attendues, comme c’est le cas chez Univers Pharmacie. « L’ergonomie de l’application sera complètement repensée pour faciliter l’utilisation de l’application et notamment l’accès à la gestion de l’observance qui mérite une meilleure mise en avant » affirme Nicolas Aldegheri, chef de projet développement mobile chez Altal Éditions, partenaire d’Univers Pharmacie. « Et faire en sorte que l’usage en soit instinctif. » Le groupement prévoit également de développer l’application sous plate-forme Androïd (système d’exploitation concurrent de l’I Phone d’Apple). Un signe de l’extension de ces applications, qu’on trouvera sans doute bientôt sur un support comme l’Ipad, qui selon Rémi John, est parfois très utilisé par les personnes âgées, en tout cas dans des régions comme la banlieue de Versailles où il exerce.
Piluliers et informatique.
Mais ces applications mobiles ne représentent pas le seul support technologique de l’observance. Depuis de nombreuses années, il existe des piluliers de toutes sortes qui s’adaptent aux besoins des patients selon leur âge et leur profil. Ainsi la société STI Plastics commercialise-t-elle différents types de produits dont le Pilbox 7 « qui dispose d’une grande contenance tout en étant plus compact et facilement transportable » selon Vanessa Garroux, responsable marketing et communication. « Ou bien le Classic, équipé d’un bouton-pression lequel permet de faire tomber le médicament dans la main. »
Mais pour être plus sûr de suivre précisément la posologie du traitement, notamment chez les personnes âgées « polymédiquées », un pilulier auquel est adjoint un système d’étiquettes éditées par un logiciel indiquant toutes les informations nécessaires à la prise est aussi adapté. C’est ce que propose la société Distraimed, plus connue sous le nom de son produit phare, Oreus. « Avec des étiquettes sur des alvéoles séparées, les patients disposent des informations liées au temps de prise » souligne Olivier Foubet, directeur commercial d’Oreus. En cours d’interface avec les principaux logiciels métiers du marché, ce logiciel permet une meilleure traçabilité du processus de remplissage des piluliers, selon Olivier Foubet. Une application qui peut notamment convenir aux personnes âgées ne souhaitant pas manipuler de terminaux mobiles quels qu’ils soient. Dans cette perspective, n’oublions pas l’informatique classique qui comme le souligne Jérôme Lapray, permet tout simplement d’éditer des étiquettes de posologie ou un document papier à partir du logiciel de gestion.
Mais le meilleur est peut-être à venir : c’est en effet avec les piluliers intelligents, dotés de systèmes d’alerte que s’exercera sans doute le plus aisément le respect de l’observance (voir encadré).
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