LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Vous allez sur vos 84 ans et vous faites preuve d’une vitalité et d’une forme qui imposent le respect. Comment faites-vous ?
MARCEL AMONT. - Avant tout, c’est génétique. Merci papa, merci maman ! Ce qui est sûr, c’est que les bons gènes sont là. Mais il n’y a pas que ça. Il est clair que lorsqu’on est pharmacien à Villeneuve sur Lot ou agent de la Poste à Carcassonne, on n’a moins de tentation que quand on est dans la capitale sous les feux de la rampe. Dans nos métiers, la tentation est permanente. Mais on a beau être portés au rang d’idole, on n’est pas fait d’un autre métal que les gens ordinaires. Nous n’avons pas trois poumons, deux cœurs, etc... Nous ne sommes pas des dieux. J’ai donc eu conscience très vite, probablement grâce à une éducation les deux pieds dans la glaise, que j’étais fait comme tout le monde et qu’il fallait résister à toutes les tentations : la bouffe, l’alcool, la drogue, les filles... C’est une somme de petites choses, qui mises bout à bout, font que vous arrivez à 83 ans en pas trop mauvais état.
Vous êtes de nature sportive, vous avez même failli devenir professeur d’éducation physique. Est-ce que vous vous imposez des exercices quotidiens encore aujourd’hui ?
Pendant longtemps j’ai fait de l’exercice physique. Lorsque j’étais étudiant, je courrais le 800 mètres et j’étais le premier de ma classe. Mais au pays des aveugles, les borgnes sont rois (rires). Il paraît que le sport va être remboursé par la sécurité sociale. Mais j’ai aujourd’hui passé l’âge de faire des efforts physiques importants. Je marche un peu. Et puis, de temps à autre, vous voyez dans le jardin cette table de ping-pong ? Je prends régulièrement une raclée de ma femme qui est très adroite à ce sport (rires) ! En bref, je me donne du mouvement, et comme je suis de nature plutôt active, voire agitée, j’ai du mal à rester en place... Ça doit bien un peu contribuer à ma forme.
Vous racontez dans votre livre*, que vous avez côtoyé la maladie alors que vous n’aviez que 25 ans. Quel a été alors, et quel est aujourd’hui, votre rapport à la maladie ?
À bien y réfléchir, cette frayeur dans mon jeune âge est peut-être une explication de mon comportement raisonnable vis-à-vis des excès... J’ai une grande énergie mais pas une grande santé. On peut même dire que je suis de santé fragile. Lorsqu’à 25 ans, j’ai été pris dans la troupe de Jean Nohain, je faisais mon numéro avec en plus un petit numéro d’acrobate. Et là, l’exaltation de cette réussite débutante aidant, j’ai commencé à goûter tous les plaisirs de la vie parisienne, et je me suis un peu trop gaspillé. Résultat ? Pleurésie ! Mais je ne voulais pas m’arrêter, grisé que j’étais par l’ivresse du succès. La sanction ne s’est pas fait attendre, en plein tour de chant à Montauban, j’ai fait deux pas dans la coulisse et je me suis effondré. Ce soir-là, je crois bien que sans le secours de Philippe Clay j’y serais passé. J’en suis sorti heureusement. Le Docteur Lhoste, notre bon vieux médecin de famille m’a alors pris à part pour me dire : « tu sais ce métier-là n’est pas fait pour toi, il faut que tu reprennes tes études et que tu ailles vers l’enseignement ». Je l’ai regardé dans les yeux et lui ai dit : « Docteur, vous me connaissez depuis que je suis petit, je préfère crever, mais c’est ce métier que je ferai ». « OK, m’a-t-il dit, mais tu vas me faire une promesse : tu vas veiller à te reposer autant que faire se peut. Lorsque tu passeras une nuit folle, n’en passe pas deux, puis trois puis dix comme ça ! Ne te drogue pas, ne bois pas, ne fume pas ». J’ai eu tellement j’ai peur que je m’y suis tenu. Rien ne vaut l’expérience.
Aujourd’hui, mon rapport à la maladie est simple : quand je suis malade, je consulte. Je préfère y aller pour rien, que de laisser traîner. Pour les petits bobos, mes souvenirs d’infirmier pendant mon service militaire, me suffisent. Mais dès que quelque chose cloche vraiment, vitesse de sédimentation, PSA, etc. Je consulte.
Et les médicaments ? Avez-vous des préférences en matière de traitements médicamenteux et de soins ?
Je me fie aux prescriptions de mon médecin et aux conseils de mon pharmacien. Eux, ils ont fait des études. On peut parfois déplorer quelques effets secondaires bien regrettables dont on ne vous avait pas prévenu, mais globalement je reste fidèle et je suis à la lettre mes ordonnances. Moi je suis chanteur, je sais en quel ton on est quand on me parle de clé mineure relative de mi bémol, mais ne me demandez pas de parler médecine. Pour autant, n’attendons pas du médecin qu’il soit infaillible.
Êtes-vous fidèle à un pharmacien ?
Oui. En l’occurrence c’est le plus proche de chez moi. Il est sympathique et je lui fais confiance. La proximité et la compétence sont aussi importantes l’une que l’autre en ce domaine. Si un jour il n’est plus sympa avec moi, j’irai chez un autre...
Vous enchaînez tournées et récital, vous sortez un livre, un DVD et bientôt un CD. Vous étiez hier sur les planches de l’Alhambra. Que dit votre médecin du rythme effréné que continue de vous imposer votre carrière ?
Je fais très attention. Tenez, après l’émission de Drucker (NDLR, Vivement Dimanche du dimanche 18 novembre) la semaine dernière, nous avons pris la voiture pour Bergerac avec mes musiciens pour roder mon spectacle. Mais c’est eux qui ont conduit, je me suis reposé à l’arrière. Le lendemain on a fait le spectacle, puis on a pris la route du retour. 1 200 kilomètres en deux jours quand même, mais sans excès. Même à ce rythme-là, je trouve le moyen de me ménager. Je prends soin de ma santé comme une vieille chatte de gouttière prend soin de ses petits.
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