Messageries électroniques

L’abondance d’offre ne doit pas nuire à sa lisibilité

Par

Publié le 26/09/2024

Article réservé aux abonnés

L'essor de l'e-santé en France a conduit à un usage croissant de messageries. Grâce à l'initiative MSSanté, un espace de confiance a été créé pour sécuriser ces échanges de données sensibles entre les professionnels de santé par messages de type courriel.

MSSanté permet aux professionnels de santé d'échanger des données sensibles en toute confiance, tout en respectant les exigences réglementaires en matière de protection des données de santé
Crédit photo : GARO/PHANIE

MSSanté (Messageries Sécurisées de Santé) est une initiative pilotée par l'Agence du Numérique en Santé (ANS) visant à établir un cadre sécurisé dans lequel plusieurs dizaines de solutions de messageries (Medimail, Apycript v2, Adista, Mailiz, etc.) évoluent dans une sphère commune. Il permet aux professionnels de santé d'échanger des données sensibles en toute confiance, tout en respectant les exigences réglementaires en matière de protection des données de santé (HDS, RGPD). Évitant au passage aux professionnels de santé d'avoir à jongler entre différents canaux, tels que les boîtes mails comme Outlook ou Gmail, qui non seulement fragmentent les échanges et qui, non sécurisées, ne permettent pas aux professionnels de respecter leurs obligations réglementaires.

Un marché des messageries MSSanté qui se structure

Plusieurs actions lancées par les pouvoirs publics doivent permettre de faire monter en maturité le marché des offres de MSSanté. Il s’agit d’abord de standardiser les modalités de connexion entre les logiciels de professionnel (par exemple un logiciel d’officine) et les opérateurs (qui fournissent les boîtes aux lettres). Une interface standard a été défini et le programme Ségur a permis son déploiement dans la grande majorité des opérateurs. Prochaine étape l’adoption de cette interface côté client. À la clef une simplification considérable pour les éditeurs, et la capacité pour les clients de choisir leur fournisseur de boîte aux lettres indépendamment de leur solution. Par ailleurs l’ANS a publié en juillet un Panorama des offres MSSanté qui documente l’ensemble des offres MSSanté et leurs caractéristiques, pour aider les professionnels de santé, les établissements sociaux, les officines, etc., à choisir les opérateurs les mieux adaptés à leurs besoins spécifiques.

Car la prolifération des messageries MSSanté a entraîné une multiplication des offres qui peut conduire à une fragmentation des échanges et à une complexité accrue pour les professionnels au moment de choisir la solution qui leur convient. « Pour y remédier, nous avons commencé à “nettoyer “les messageries qui ne sont plus utilisées depuis deux ans chez les professionnels de santé. », précise Xavier Vitry directeur de projets au sein de la Délégation au Numérique en Santé (DNS). Service clef associé aux messageries sécurisées, l'annuaire de santé fait aussi l’objet de travaux pour le rendre plus facile à utiliser. En particulier, les opérateurs généralisent l’invisibilisation des adresses non utilisées, à commencer par Mailiz. L’accès à l’annuaire sera quant à lui intégré dans les logiciels soutenus par les prochaines vagues du programme Ségur.

Les messageries instantanées ajoutent leur grain de sel

En plus des solutions de messagerie par courriel proposées sur MSSanté, d'autres acteurs comme PandaLab et Doctolib avec Siilo déploient des messageries instantanées de Santé (EIMIS). Cette nouvelle famille d’outils ne compromet-elle pas la lisibilité et la centralisation de l'information durement acquises ? « Cumuler une solution de messagerie par courriel et une messagerie instantanée peut être utile, car les usages sont différents », estime un porte-parole de l’entreprise. Les messageries instantanées permettent effectivement des communications plus flexibles, rapides et informelles. Toutefois, « multiplier les solutions de messagerie instantanée et les solutions de messagerie par courriel est contre-productif pour une pharmacie, et nous le déconseillons », reconnaît le porte-parole. D’autant que, sur le segment des messageries instantanées, la question de l’interopérabilité n’est toujours pas résolue.

L’ANS a lancé un travail visant à créer un Espace d'Interopérabilité des EIMIS dont l’objectif est de permettre la création d’un espace unique entre les différents outils de messageries instantanées. « EIMIS peut être utilisé depuis différents outils déjà déployés dans le secteur de la santé. Ainsi, chaque professionnel de santé peut continuer à utiliser sa messagerie instantanée habituelle pour échanger avec les autres : il n’est pas nécessaire d’utiliser le même outil ni de changer », peut-on lire sur une page dédiée. De premières expérimentations ont eu lieu depuis mars 2024 avec plusieurs éditeurs : PandaLab, Arcad (Arche MC2) et la messagerie instantanée Medipeps (Mipih).

Victor Miget