Les substituts facilitent les bénéfices du sevrage. Ils sont destinés à réduire l’envie compulsive de fumer en compensant l’absence de nicotine due à la privation de tabac. La nicotine qu’ils délivrent diffuse très lentement par voie veineuse. À mesure que leur dosage diminue, ils permettent de se libérer de la dépendance physique. En revanche, ils n’agissent pas sur la composante psychologique.
Les patchs délivrent de la nicotine de manière régulière sur 16 ou 24 heures mais ils ne suppriment pas les envies compulsives de fumer. Il est possible de les associer à une forme orale (comprimés à sucer, sublinguaux, les gommes à mâcher) ou à l’inhaleur et au spray buccal qui délivrent de la nicotine au coup par coup, en fonction des besoins du moment.
Avec les substituts nicotiniques, les bienfaits du sevrage se font ressentir dès le premier jour. Le monoxyde de carbone (CO) issu de la combustion du gaz carbonique lors de la consommation de cigarette, disparaît de l’organisme en 24 heures après l’arrêt du tabac. Les autres substances irritantes et les goudrons, très toxiques pour le cœur et les artères, disparaissent ensuite.
La cigarette électronique : aide au sevrage ou intox ?
Depuis son apparition, la e-cigarette a suscité de nombreux débats et a mobilisé les instances juridiques nationales et européennes. Avec ou sans nicotine, ce n’est pas un produit de consommation anodin, même si elle contient moins de produits toxiques que la cigarette traditionnelle. De plus en plus d’experts estiment que la e-cigarette est moins dangereuse que le tabac et que le vapotage n’altère ni la fonction cardiaque ni la pression artérielle.
D’autres affirment qu’avec la e-cigarette, on observe moins d’atteintes au niveau de la trachée et des bronches ainsi qu’une réduction de la toux. L’explication est qu’elle fonctionne sans combustion. Lors de l’inhalation, le liquide qui se transforme en vapeur d’eau au contact de l’air, est chauffé à l’aide d’une résistance c’est-à-dire sans production de monoxyde de carbone. En outre, les e-liquides seraient beaucoup moins toxiques que la fumée du tabac.
En l’état actuel des connaissances, son efficacité et son innocuité n’ont pas été suffisamment évaluées. Toutefois, la HAS considère que son utilisation chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui veut arrêter de fumer ne doit pas être découragée. Le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris, va plus loin et conseille systématiquement aux fumeurs dépendants d’utiliser des patchs à la nicotine et/ou des substituts oraux avec la cigarette électronique.
Les recommandations officielles évoluent
L’Académie nationale de Pharmacie préconise que « la composition qualitative et quantitative des produits utilisés dans les recharges soit précisée et contrôlée dans le cadre de la norme AFNOR ; que la température obtenue à la sortie de l’atomiseur soit contrôlée et limitée afin d’éviter la transformation de la glycérine en acroléine, substance très toxique ; et que la cigarette électronique soit interdite en tout lieu où l’usage du tabac est interdit. »
Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) vient de reconsidérer la e cigarette favorablement et appelle les parties prenantes, notamment l’industrie pharmaceutique, à engager rapidement une réflexion sur la faisabilité d’une cigarette électronique médicalisée. Elle ferait l’objet d’une prescription, d’un remboursement au même titre que les substituts nicotiniques, et serait délivrée en officine.
Cette e-cigarette médicament devrait présenter certains critères tels que : revendiquer l’aide au sevrage tabagique, avoir une quantité de nicotine contenue dans la cartouche supérieure ou égale à 10 mg et une solution de recharge de e-liquide à une concentration de nicotine supérieure ou égale à 20 mg/L.
Toutefois, si le HCSP reconnaît l’intérêt de la e-cigarette dans le sevrage, il estime que le vapotage peut conduire au tabagisme, et il se prononce pour l’interdiction de l’utilisation de la cigarette électronique au moins de 18 ans et dans tous les lieux à usage collectif.
Article suivant
Quand le souffle déraille
Substituts nicotiniques contre e-cigarette
Quand le souffle déraille
Le souffle comme thérapie
« Nous respirons, nous émettons, nous agissons »
Psychothérapie : le pharmacien face aux dérives
Des modalités encore trop restrictives
Souffle et pharmacie : trois ordonnances
Pour donner de l’air à vos malades
Le réchauffement climatique pourvoyeur de pathologies ORL
Ayez les bons réflexes
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques