Uniquement des adultes, patients chroniques, avec un traitement par corticostéroïdes inhalés (CSI) prescrit pour plus de 6 mois… Les conditions pour mettre en place des entretiens rémunérés avec des patients asthmatiques, quoiqu’un peu assouplies depuis début 2016 (il n’est plus obligatoire qu’il s’agisse d’une reprise ou d’une initiation de traitement), restent très contraignantes.
Sous leur forme rémunérée, ils existent depuis début 2015. Ils sont ouverts à toutes les officines et chacune choisit, ou non, de les initier. Le pharmacien qui le souhaite informe le patient de l’existence de ce dispositif, et une fois son accord recueilli pour y entrer, doit communiquer ce choix à l’assurance-maladie.
Il mène ensuite deux entretiens (la première année) qui sont rémunérés 40 euros – puis 30 euros l’année suivante. « Ces entretiens viennent compléter la prise en charge, et pas remplacer celle déjà effectuée par le médecin », rappelle Victorien Brion, pharmacien et responsable formation au sein d’Atoopharm.
« L’observance dans les traitements de l’asthme est une des plus faibles, et le pharmacien a un rôle à jouer pour l’améliorer, et donc pour éviter les complications de l’asthme, et la survenue d’autres pathologies associées. Bien souvent, les patients ont des difficultés à utiliser l’appareil (pour les traitements inhalés), ou bien ne comprennent pas l’utilité du traitement de fond car ils n’en ressentent pas directement d’amélioration. C’est là que le pharmacien peut intervenir. »
Un rôle légitime
« Un problème important de ce dispositif est que les enfants ne peuvent y être intégrés », souligne Philippe Grandon, pharmacien à Nozay et membre de MC44 (un réseau d’experts en éducation thérapeutique du patient – ETP – dans les maladies chroniques dont l’asthme). « Or, 80 % des problèmes de l’asthme viennent des enfants. Ce cadre restrictif n’est donc pas adapté à ce qu’est la pathologie dans nos officines. Les adultes concernés sont souvent dans le déni et il est difficile de les faire évoluer. »
Par ailleurs, l’activité est bien sûr chronophage et demande un lieu adapté (suffisamment spacieux et disposant d’un espace isolé phoniquement). « Mais ce type d’intervention est indispensable pour l’évolution de notre métier, et devrait être largement revendiqué », poursuit Philippe Grandon.
« Les freins viennent plutôt du fait que ces entretiens pharmaceutiques ne sont pas vraiment reconnus (ils ne sont pas prescrits par le médecin par exemple), car l’ETP a été inventée à l’hôpital où le pharmacien n’est pas, comme en ville, un partenaire privilégié du médecin. Des rencontres de coordination ne sont pas non plus prévues, et comme tous les pharmaciens ne font pas ce type d’entretien, nous manquons aussi de crédibilité. »
De 15 à 30 minutes maximum
Ces entretiens destinés aux patients asthmatiques permettent d’expliquer le fonctionnement des aérosols, ainsi que la différence entre traitement de crise et traitement de fond, et l’importance de l’observance. Le pharmacien a aussi pour rôle de sensibiliser aux facteurs de risque (pollution extérieure et intérieure), et d’informer de l’existence des écoles de l’asthme et de l’association Asthme et Allergies, pour permettre au patient d’échanger avec d’autres malades.
« Ces entretiens devraient durer 15 à 20 minutes, au maximum 30 minutes ; ne pas donner d’informations en doublon avec la consultation mais être cohérents et clairs dans les conseils autour du traitement », précise Victorien Brion. Informer les médecins de sa zone géographique pour leur expliquer le fonctionnement de ces entretiens permettra aussi d’éviter d’inutiles crispations.
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