La rosacée est une maladie inflammatoire évolutive, donnant souvent lieu à alternance de poussées et de rémissions, qui affecte particulièrement le visage au niveau des joues et des pommettes, du nez, du menton, de la zone médiane du front et aussi des yeux (il peut exister cependant des lésions extra-faciales). Ses signes cliniques peuvent être aisément confondus avec d’autres maladies dermatologiques (acné, dermite séborrhéique, etc.) ou avec de simples phénomènes transitoires et non pathologiques comme des rougeurs suivant un effort physique ou une brusque variation de la température ambiante.
Les anomalies cutanées sont généralement symétriques mais une prédominance unilatérale s’observe dans 10% des cas. Les signes cliniques les plus fréquents sont :
- Des rougeurs cutanées transitoires ou permanentes (« couperose ») ;
- Une vasodilatation des petits vaisseaux du visage (télangiectasies) ;
- Des boutons inflammatoires (pustules et papules) ;
- Des signes oculaires banals (conjonctivite, gêne oculaire, sécheresse, moindre qualité de la vision, etc.) chez certains patients.
Une personne atteinte de rosacée peut présenter de simples rougeurs transitoires sans jamais évoluer vers les autres stades de la maladie. En revanche, un patient peut présenter des rougeurs permanentes, des vaisseaux dilatés ou des pustules dès l’apparition des premiers signes de l’affection.
Ces signes et leur intensité varient selon chaque cas et selon l’environnement : ils sont exacerbés par les aliments trop chauds (thé, café, etc.), les épices, le stress, une exposition à de brusques variations thermiques ou au soleil qui altère les vaisseaux et exerce, à terme, une action pro-inflammatoire sur les téguments (peut-être aussi par la consommation de fruits et légumes acides ou de chocolat).
De plus, les symptômes sont volontiers aggravés par la consommation d’alcool, même de façon ponctuelle et en faible quantité : les rougeurs induites par la rosacée sont d’ailleurs facilement associées dans l’imaginaire populaire à une consommation excessive et chronique d’alcool - et, plus encore, les déformations du nez chez les patients atteints d’un rhinophyma (cf. ci-dessous) -.
Formes cliniques.
La définition des formes cliniques de la rosacée n’est pas consensuelle. La maladie a été initialement classée en quatre stades (pré-rosacée, puis stades I à III) avec toute une série de variantes cliniques (érythème et œdème persistants, rosacée conglobata, rosacée fulminans, etc.). La National Rosacea Society américaine a remplacé en 2002 ce système par quatre sous-types (érythémato-télangiectasique ou vasculaire, papulopustuleux, hypertrophique et oculaire) et une variante (rosacée lupoïde ou granulomateuse). Cette classification est basée sur des signes cliniques et des symptômes fonctionnels et se prête à une gradation selon la sévérité des lésions.
L’apparition inaugurale ou l’évolution d’une forme à une autre, difficile à anticiper, dépendent de chaque patient et, probablement aussi, du traitement suivi. L’évolution de la maladie est donc imprévisible et individuelle, d’où la nécessité de consulter un médecin qui traitera chaque cas d’une façon personnalisée.
- Forme vasculaire. Cette présentation, la plus commune, se caractérise par l’apparition progressive d’une rougeur plus ou moins permanente de la zone centrale du visage (nez et pommettes) : l’érythrose. Elle peut aussi se traduire par des rougeurs intenses mais transitoires accompagnées de sensations de bouffées de chaleur, de brûlure et/ou de picotement qui persistent plusieurs minutes : ce sont les « flushs ». De petits vaisseaux sanguins dilatés rouges ou violacés apparaissent progressivement sur les joues, les ailes du nez et les pommettes : il s’agit de télangiectasies plus souvent appelées « couperose ».
- Forme papulo-pustuleuse. Les signes cliniques de cette forme, la plus caractéristique, sont le plus souvent les mêmes que ceux de la forme vasculaire, auxquels s’ajoutent des boutons rouges (papules) et/ou des boutons blancs (pustules) inflammatoires. Des zones autres que le visage peuvent exceptionnellement être atteintes par la rosacée.
- Forme hypertrophique. Cette présentation, la moins fréquente mais la plus sévère, touche principalement l’homme (90% des cas). Présentant les signes de la forme vasculaire, elle est le plus souvent précédée par l’apparition puis la chronicisation de papulopustules, mais, surtout, elle s’associe au développement de phyma : il s’agit de lésions très stigmatisantes, fibreuses, caractérisées par un important épaississement de la peau, une hyperplasie des glandes sébacées et un lymphœdème. Leur sévérité dépend du degré de l’hypertrophie tissulaire Le phyma peut affecter diverses zones du visage : le menton (gnatophyma, très rare : quelques cas connus au monde…), le front (métophyma), les oreilles (otophyma), les paupières (blepharophyma) mais il concerne surtout le nez (rhinophyma) : cet organe se déforme, se tuméfie, devient parfois violacé et grossit au point, dans les cas extrêmes, d’empêcher une prise alimentaire correcte. Les phymas peuvent être le siège du développement ultérieur de tumeurs cutanées : toute ulcération locale mérite d’être rapidement biopsiée.
- Rosacée oculaire. Bien que tenue comme une affection dermatologique, la rosacée affecte également les yeux de façon fréquente (60-70% des patients avec ici une égale incidence chez l’homme et chez la femme). Elle peut même se manifester par des signes purement oculaires (et ce notamment chez le jeune enfant), même si, dans la plupart des cas, ces manifestations ophtalmologiques sont associées à des signes cutanés caractéristiques. Les localisations oculaires, pouvant survenir avant l’atteinte cutanée ou en même temps, se traduisent par une conjonctivite, une blépharite (inflammation des paupières) et une kératite (inflammation de la cornée) à l’origine de signes banals : yeux rougis car injectés de sang, paupières œdématiées, présentant sur leur bord de petits vaisseaux sanguins apparents, sensation de corps étranger, de démangeaison, de brûlure ou de picotements dans l’œil, xérophtalmie (sécheresse oculaire), sensibilité anormale à la lumière ou vision brouillée.
Malgré sa sévérité potentielle (atteinte de la cornée), cette présentation reste sous-diagnostiquée car ses symptômes, généralement discrets, ne sont pas associés par le médecin à la rosacée typique et car le patient n’évoque pas avec le dermatologue des signes qu’il estime relever de l’ophtalmologiste ou vice-versa. De plus, les signes oculaires précèdent les signes dermatologiques dans 20% des cas et le lien entre les deux n’est pas établi par le praticien.
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