Contre la grippe
Un seul produit est disponible actuellement en France, l’oseltamivir (Tamiflu).
Comment ça marche. Le phosphate d’oseltamivir est une prodrogue du métabolite actif, le carboxylate d’oseltamivir, qui est un inhibiteur sélectif des neuraminidases, des enzymes du virus de la grippe (actif in vitro sur les virus grippaux A et B, y compris le A(H1N1)). La neuraminidase joue un double rôle, dans la pénétration du virus dans les cellules non infectées et dans la libération des particules virales nouvellement formées, permettant ainsi leur propagation dans l’organisme.
Mode d’emploi. Il est efficace en prophylaxie post-exposition (il peut être utilisé chez les nourrissons de moins de 1 an) et réduit, modestement, la durée d’évolution d’une grippe déclarée, à condition d’être absorbé dans les premières heures qui suivent l’apparition des premiers symptômes, et au plus tard dans les 48 heures. Il n’a pas été démontré d’intérêt de l’oseltamivir sur les conséquences graves des infections grippales (mortalité, surinfections pulmonaires…), ni sur le taux d’hospitalisation dans les populations à risque.
Signalons à ce sujet que si le zanamivir n’est pas actuellement disponible par voie endobuccale (Relenza), il en existe une forme pour perfusion intraveineuse (Dectova).
La posologie du Tamiflu est, par voie orale à partir de 13 ans de 75 mg 1 fois par jour en prophylaxie et en curatif de 75 mg, 2 fois par jour pendant 5 jours (10 jours chez l’immunodéprimé). En dessous de 13 ans, la posologie dépend du poids.
Contre l'herpès labial
L’herpès labial, dû au virus herpès simplex, récidive dans diverses circonstances, parmi lesquelles une fièvre, un épisode de stress, une importante fatigue, une menstruation ou encore le froid ou une irradiation solaire (rôle des UV). Sans être un « virus de l’hiver », cette saison expose donc à de possibles récidives, typiquement lors des sports d’hiver. L’aciclovir (Zovirax) et ses dérivés (valaciclovir - Zélitrex) sont les produits pouvant être utilisés à cette occasion.
Comment ça marche. L’aciclovir est un analogue de la guanine. Pour être actif, il doit être phosphorylé en aciclovir triphosphate (grâce à la thymidine kinase virale), ce dernier entrant alors en compétition avec la déoxyguanosine triphosphate. Cela entraîne une inhibition de l’ADN polymérase et ainsi un blocage de la multiplication virale.
Mode d’emploi. En prévention : aciclovir 200 mg/j (double dose chez l’immunodéprimé), valaciclovir 500 mg 1 fois par jour. Pour le traitement des poussées (dès les premiers symptômes, picotements, démangeaisons, brûlure) : valaciclovir, 2 prises de 4 comprimés à 500 mg pendant une journée en espaçant les prises d’environ 12 heures. Les poussées bénéficient aussi de l’application d’une crème renfermant de l’aciclovir (Activir), à raison de 5 applications par jour espacées d’au moins 3 à 4 heures.
Contre le Sars-CoV-2
L’arrivée prochaine de deux antiviraux actifs par voie orale contre le virus du Covid-19 vient d’être annoncée.
Comment ça marche. Le molnupiravir (Lagevrio) fait partie du groupe des ribonucléosides mutagènes qui agit contre les virus à ARN en introduisant des erreurs de réplication de l'ARN par l'ARN polymérase ARN-dépendante virale. Plus précisément, dans le molnupiravir, la β-D-N-hydroxycytidine se substitue à la cytidine naturellement utilisée par l'ARN polymérase comme élément constitutif dans la synthèse d'ARN. Cette substitution engendre des erreurs de copie délétères à la réplication du virus.
Le PF-07321332 (développé en 2002 contre le SARS-CoV-1), associé au ritovir (ralentisseur de métabolisme), est un inhibiteur de protéase. Il bloque la réplication du virus à un stade très précoce.
Ces deux produits sont actifs sur les variants les plus courants du SARS-CoV-2. Dans les modèles précliniques, le molnupiravir a également montré un intérêt dans la prophylaxie post-exposition.
Mode d’emploi. Dans les deux cas il est essentiel d’administrer ces médicaments le plus tôt possible, dans les 5 jours.
Lors d’essais cliniques, à la dose de 800 mg 2 fois par jour, le molnupiravir réduit le risque d’hospitalisation ou de décès d’environ 50 % (néanmoins, des résultats récents font état de résultats inférieurs).
Quant au PF-07321332, ses résultats sont encore meilleurs avec 89 % de formes graves et de décès en moins avec 1 prise 2 fois par jour associée à 1 prise de ritonavir.
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