Selon une consultation menée par l'Association nationale des préparateurs en pharmacie d'officine (ANPPO), ces derniers ont difficilement vécu les premiers mois de la crise sanitaire et déplorent un manque de reconnaissance de la part des pouvoirs publics et des médias.
Les chiffres de ce sondage, qui a permis de collecter près de 3 500 réponses entre le 10 septembre et le 10 octobre, ont été présentés à l'occasion du 6e colloque de l'association SPS (Soins pour les professionnels de santé), organisé en distanciel ce 5 novembre. Submergée de courriers et de témoignages envoyés par des préparateurs depuis le début de la crise sanitaire, la présidente de l'ANPPO, Christine Julien, a voulu alerter sur le « manque de reconnaissance » ressenti par les membres de la profession. « 82 % des préparateurs disent souffrir d'un manque de considération et plus de 90 % se sont sentis émotionnellement vidés pendant la crise du Covid », a-t-elle signalé, rappelant les conséquences désastreuses des annonces faites en mars par les autorités sanitaires sur la distribution de masques aux professionnels de santé. Les préparateurs ont d'abord dû affronter le Covid sans masque avant de ne bénéficier que de masques chirurgicaux et non de FFP2. « Cela a été vécu comme une véritable injustice, souligne la présidente de l'ANPPO. Près d'un préparateur sur deux déclare que l'impossibilité d'avoir accès aux protections suffisantes est justement l'aspect qui l'a le plus affecté. Certains nous ont dit à quel point ils avaient peur de contaminer les patients avec qui ils étaient en contact, qu'ils redoutaient d'être responsables de leur décès s'ils étaient infectés », explique Christine Julien.
Le sentiment d'être « invisibles », de ne « pas être traités à leur juste valeur », l'impression que les pouvoirs publics et les médias « ne connaissent pas en quoi consiste le métier de préparateur », sont d'autres observations récurrentes dans les témoignages recueillis par l'ANPPO ces dernières semaines. Des difficultés qui rendent plus urgente que jamais une réflexion sur une véritable reconnaissance du statut de préparateur en pharmacie par les pouvoirs publics. « Les préparateurs sont cités dans le Code de la santé publique mais ne sont pas considérés comme une profession de santé, ni comme une profession paramédicale. Nous n'avons pas pu bénéficier de certaines mesures prises durant la crise comme le dispositif pour la garde d'enfants. Les préparateurs n'ont pas accès aux DGS-Urgent. Leur diplôme n'est même pas enregistré, ce qui nous empêche de savoir combien de préparateurs exercent officiellement », détaille la présidente de l'ANPPO, qui souligne aussi l'importance d'évoquer au plus vite la question de la revalorisation salariale, jugée prioritaire par la majorité des préparateurs. « Cette crise sanitaire aura au moins un effet bénéfique : celui de mettre en lumière les difficultés de nombreuses professions, dont celles des préparateurs qui en ont assez d'être dans l'ombre », résume Christine Julien.
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