Peau et hiver ne font pas bon ménage. Le froid et le vent modifient le bon fonctionnement cutané avec des conséquences diverses selon les profils. Les grands atopiques, par exemple, seront plus susceptibles de voir la sécheresse constitutionnelle qui les caractérise s’aggraver sous l’effet du climat avec la possibilité de développer des surinfections cutanées notamment à Staphylocoques. Mais pour tout autre sujet moins fragile, la période hivernale n’est pas sans comporter quelques désagréments, notamment sous l’effet d’un air plus sec que le reste de l’année.
Une question d'équilibre
« Notre peau a tendance à équilibrer son taux d’hydratation en fonction de l’humidité extérieure », explique le Dr Marina Alexandre, dermatologue. Dans un environnement où l’air est sec, l’eau que contient la peau a tendance à s’évaporer beaucoup plus. « Ce phénomène se produit d’autant plus facilement que le film hydrolipidique à la surface de l’épiderme remplit moins bien sa fonction de protection des couches superficielles de la peau où l’eau est maintenue. » Mélange de corps gras et d’eau, cette émulsion est essentielle pour préserver la peau de la déshydratation et des agressions extérieures. Altéré par le froid, le film hydrolipidique devient plus perméable et laisse l’eau s’échapper plus qu’habituellement.
Mais un second mécanisme peut compromettre l’efficacité du système cutané en hiver. « Le vent, les changements brusques de température, les douches trop chaudes et trop longues endommagent la barrière cutanée. » Composée des couches superficielles de l’épiderme et du film hydrolipidique, celle-ci agit comme un ciment en surface qui régule le passage de l’eau et préserve l’intégrité des tissus. « Ce couvercle, quand il fonctionne normalement, protège de tout ce qui peut irriter ou agresser le système cutané. »
Quand il perd de son efficacité, la peau devient plus sensible et moins bien armée contre les allergènes ou les composants irritants (huiles essentielles, parfums des formules cosmétiques…) voire les agents pathogènes extérieurs. Les signes de cet affaiblissement sont rapidement visibles. L’épiderme s’assèche, devient inconfortable et sujet aux rougeurs. Le teint est terne, le grain de peau moins régulier, les ridules sont plus marquées, les rides plus apparentes. « Ce sont, dans la plupart des cas, les seules conséquences que le froid peut avoir sur la peau qui va conserver un pouvoir de défense dans ces conditions climatiques. Tant que l’épiderme n’est atteint qu’au niveau de la couche cornée, la plus superficielle, la fonction barrière reste suffisante pour faire barrage aux virus, microbes venus de l’extérieur… À condition qu’il n’y ait pas de plaie, bien sûr ! » Les mains, en revanche, sont moins bien loties. Dépourvues de glandes sébacées, elles subiront plus facilement les effets d’une exposition régulière au froid, de lavages répétés et pourront voir s’installer des fissures et des crevasses.
Bien identifier son type de peau
Afin de préserver l’intégrité cutanée et soutenir sa fonction protectrice en période hivernale, des produits cosmétiques peuvent être appliqués mais tous ne présentent pas pour autant une utilité. « La peau assure elle-même son processus de purification en renouvelant ses cellules tous les 28 jours, précise Marina Alexandre. Les soins purifiants ou détoxifiants n’ont donc pas un intérêt physiologique démontré. »
En revanche, l’exfoliation régulière offrira à la peau une plus grande luminosité et permettra aux actifs contenus dans les formules de pénétrer plus facilement dans l’épiderme. « Mais, en hiver, mieux vaut avoir recours de façon modérée aux exfoliants ou les choisir très doux et adaptés à son type de peau car ils décapent le film hydrolipidique, ce précieux mélange de lipides et facteurs naturels d’hydratation que rien ne remplace. » Même pour les peaux grasses, une trop forte exfoliation risque de se solder par une sur stimulation des glandes sébacées, compensation de l’effet abrasif.
Le nettoyage de la peau, lui aussi, doit s’effectuer à l’aide de formules non agressives, qui n’assèchent pas. « Les produits surgras - pains dermatologiques, huiles nettoyantes – sont à privilégier. »
L’hygiène du visage et du corps sera complétée par l’application d’une crème hydratante. Celle-ci pourra combiner des actifs humectants (acide hyaluronique, glycérine, urée…) et des corps gras (beurre de karité, huiles végétales, squalane…) aux pouvoirs émollients afin de sceller l’hydratation et la maintenir dans la peau. « Si on souhaite un stade supérieur de protection, les produits occlusifs – huiles minérales, silicones – formeront un film étanche sur l’épiderme et isoleront le système cutané du milieu extérieur. » Mais ils peuvent se révéler trop occlusifs dans les cas où la peau n’est pas très sèche. C’est pourquoi, avant de décider quel soin appliquer, il faut bien identifier son type cutané. « Une peau grasse aura besoin de beaucoup d’humectants mais peu de lipides (textures gel-crème) alors qu’une peau sèche bénéficiera plus d’une association d’actifs humectants et de corps gras (texture riche) car, en surface, elle ne dispose naturellement que de peu de lipides. »
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