Il est aujourd’hui bien établi que l’intestin est le premier organe de défense immunitaire. La muqueuse intestinale est en effet tapissée d’environ 100 000 milliards de bactéries dont la fonction ne se limite pas à la digestion. Elles jouent un rôle de barrière contre les germes extérieurs potentiellement pathogènes, stimulent aussi la formation des cellules immunitaires et aident à les rendre plus actives. Pour ce faire, le microbiote doit être équilibré. De nombreuses études montrent en effet qu’un déséquilibre de la composition de la flore intestinale peut participer à l’apparition ou à la diffusion de maladies digestives (Mici) mais aussi de maladies systémiques… D’où l’essor des recherches visant à découvrir des moyens de maintenir ou de réparer cet équilibre. Les probiotiques, ou compléments alimentaires à base de micro-organismes vivants, apparaissent ici en bonne place.
Lactobacilles et bifidobactéries
Faute de travaux scientifiques de grande ampleur, les règlements européens ne permettent plus, depuis 2012, aux aliments et compléments alimentaires contenant des probiotiques de revendiquer un effet bénéfique sur le système immunitaire, mais les études se multiplient. En particulier sur les bactéries lactiques dont les lactobacilles (Lactobacillus acidophilus, L. reuteri, L. helveticus, L. rhamnosus, L. casei, L. plantarum…) et les bifidobactéries (Bifidobacterium infantis, bifidum, longum…).
Les modes d’action de ces « bonnes bactéries » ne sont pas encore élucidés mais plusieurs sont possibles : inhibition de l’adhésion des pathogènes aux récepteurs des cellules épithéliales, production de substances antimicrobiennes, ou stimulation des réponses immunes protectrices. Par ailleurs, leurs effets bénéfiques, différents selon les espèces, les souches et les doses ingérées, rendent difficiles les comparaisons. Cela dit, plusieurs méta-analyses montrent que la prise par voie orale de diverses souches probiotiques permet de moduler la barrière immunitaire muqueuse et/ou systémique et ainsi de conférer une protection vis-à-vis des infections virales hivernales. Par exemple, une revue systématique de la Cochrane Database de 2011 (10 essais randomisés contrôlés) fait état d’une diminution du nombre de participants présentant des infections respiratoires des voies supérieures dans les groupes probiotiques (de - 42 à - 47 % versus placebo).
Une étude de 2009 montre que la consommation pendant 6 mois de lait supplémenté avec une souche de Lactobacillus acidophilus réduit, chez les petits enfants, la fréquence des épisodes de fièvre (- 53 %), toux (- 41 %), rhinorrhée (-28 %) et du recours aux antibiotiques (- 68 %). Dans une autre étude menée chez 310 adultes, les auteurs (West et al, 2014) observent une baisse de 27 % du risque de rhume dans le groupe complémenté avec une souche de Bifidobacterium lactis pendant 150 jours. Une méta-analyse portant sur les diarrhées aiguës infantiles (dont celles à rotavirus fréquentes en hiver) conclut, quant à elle, à une réduction significative de leur durée avec une souche de Lactobacillus rhamnosus. La Société européenne de gastroentérologie pédiatrique recommande d’ailleurs son utilisation pour prévenir et traiter les gastro-entérites de l’enfant.
Cures préventives
Autre proposition pour résister aux agressions hivernales et donner un coup de pouce à l’organisme : les oligo-éléments qui assurent les réactions nécessaires pour arrêter les virus, faire face aux stress et à la fatigue. Or, les apports nutritionnels conseillés ne sont pas souvent respectés, en particulier chez les seniors. À la mauvaise saison, quand le corps est mis à rude épreuve, une supplémentation à très faible dose est bien utile pour relancer le métabolisme. À plus forte raison en cas d’infections hivernales à répétition. Par exemple, les associations zinc-selenium et cuivre-or-argent en cures préventives tout hiver (2 à 3 fois par semaine). En cas de rhume ou d’autre infection hivernale, augmenter la dose (2 fois par jour) pendant quelques jours pour soutenir les défenses. En cas de fatigue physique, associer du sélénium au trio cuivre-or-argent et du magnésium en cas d’épuisement nerveux.
À souligner : certains oligo-éléments doivent être pris à distance sous peine d’inefficacité, notamment sélénium + cuivre ou manganèse.
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