Dans l’allocution que la présidente du Conseil nationale de l’Ordre des pharmaciens projetait de prononcer en ouverture de la journée nationale de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot souhaitait dévoiler les résultats de deux études sur les interventions pharmaceutiques des pharmaciens.
L’une d’elle nous intéresse particulièrement puisqu’il est question de la dispensation de deux molécules, notamment indiquées dans le rhume, pseudo-éphédrine et ibuprofène, isolées ou associées dans une même spécialité. Sous l’égide du Professeur Brigitte Vennat (doyen de la faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand) l’étude a été réalisée dans 480 officines reparties sur le territoire national, où 25 000 dispensations ont été comptabilisées dont la moitié sans ordonnance. Sur cette moitié, 800 interventions pharmaceutiques ont été pratiquées. Preuve s’il en est de la place du conseil des pharmaciens qui exercent toute leur vigilance avec constance sur la dispensation adéquate et mesurée des produits de santé.
Médicaments sans ordonnances : un énorme enjeu
En introduction des journées de formations d’UTIP innovations consacrées à la dispensation des médicaments sans ordonnances, Xavier Pavie, professeur à l’ESSEC Business School analyse : « Toute votre valeur ajoutée, c’est le conseil. Vous êtes dans le service, c’est un engagement ; tout le monde ne sait pas, ne peut pas le faire. Considérez que la boite du médicament est juste un support ; elle est au service du service ». Il ajoute « Acheter en masse, c’est vendre en masse, cela est pour la grande distribution et n’importe qui peut le faire. Le pharmacien n’a absolument pas la même place que les grands distributeurs. »
« Cet enjeu, les pharmaciens ont parfois du mal à le comprendre », s’étonne Catherine Rorato, pharmacien, directrice des opérations d’UTIP Innovations. « C’est pour cela que nous avons mis au point des formations innovantes autour du changement de métier du pharmacien. Il ne s’agit plus de faire de la vente mais de proposer des services. »
En mai 2014, UTIP Innovations a lancé un stage à la journée « OTC : des compétences au service du patient ». Il est suivi d’un module complémentaire en ligne pour la validation du DPC à terminer dans les deux mois. Cette formation est bâtie autour d’études de cas où le pharmacien apprend à se poser les bonnes questions et comment chercher les réponses. Les stagiaires interagissent en réponse aux questions préparées par Vivien Veyrat, professeur associé à la Faculté de Pharmacie Paris XI. Obstruction nasale, mal de gorge, fièvre chez un enfant font partie des cas travaillés pour mieux accompagner le patient sans ordonnances dans un esprit créatif, rigoureux, professionnel.
Prochainement, l’UTIP Innovations offrira un plan de formation sous forme de module d’e-learning d’1 heure par mois. Les modules commentaire d’ordonnance sont le fruit du travail d’un comité scientifique. En janvier 2016, fièvre et dispositifs doseurs chez enfants, en octobre état grippal puis en décembre gastroentérite. Chaque module adoptera toujours le même schéma : 15 minutes de généralités, un cas où le patient a choisi sa boîte, un autre où le patient en demande une, un troisième où il demande une forme précise et enfin un cas où il évoque ses symptômes.
Se poser et poser les bonnes questions
Président du Comité pour la Valorisation de l’Acte Officinal (CVAO), Jean-Michel Mrozovski fait le constat du changement des comportements des clients-patients : « Hier, nos clients-patients étaient peu informés. Aujourd’hui, le problème est le tri de leur information. Le pharmacien ne peut plus être le sachant. Il doit être dans l’observation, l’écoute et l’analyse ! »
Pour que le pharmacien soit cet interlocuteur légitime, le CVAO donne au pharmacien des moyens pratiques pour actualiser et sécuriser son conseil.
En premier lieu, identifier les facteurs de risque. Certains peuvent être simplement observés : la personne âgée, le nourrisson, le jeune enfant sont des personnes à risque. D’autres nécessitent une exploration plus approfondie (pathologies chroniques) présageant un affaiblissement des réponses immunitaires.
En second lieu, veiller à la bonne utilisation des médicaments. Deux exemples pratiques pour mieux comprendre. Pourquoi le virus du rhume commence-t-il par infecter le nez ? Parce que la température y est favorable à son développement. De ce point de vue, un antipyrétique est-il systématiquement nécessaire pour une personne en bonne santé sans facteur de risque, alors qu’une température en dessous de 38,5 °C est un moyen efficace de défense contre l’infection ?
L’écoulement nasal bien que désagréable et inconfortable à l’avantage de favoriser l’élimination physique des virus. Faut-il favoriser son action ou choisir de limiter l’inconfort qu’il peut occasionner en proposant l’usage d’un anti-histaminique ?
Rapprocher physiopathologie et pharmacologie génère les questions qui permettent de faire la balance entre le bénéfice et le risque et de lutter contre l’iatrogénie d’une automédication non validée.
Enfin, favoriser l’autonomie du patient qui, informé des conditions de succès ou d’échec du traitement, sera sensibilisé à consulter le cas échéant et à ne pas poursuivre un traitement inefficace.
Le conseil s’ouvre à d’autres approches
Le recours aux médecines naturelles est de plus en plus plébiscité par les patients qui recherchent leurs effets lorsque les symptômes sont présents mais connaissent aussi leurs actions préventives par stimulation de l’immunité. D’où un besoin de formation bien réel comme en témoigne Sabine Zenglein, pharmacien titulaire à Boulay-Moselle (57).
« J’avais déjà cette sensibilité à d’autres voies que le médicament allopathique. Aussi, il était important que toute l’équipe ait la même formation et puisse dispenser un conseil individualisé aux patients. Soit de façon complémentaire au traitement prescrit pour réduire tous les symptômes soit pour un conseil de première intention pour tenter de juguler leur syndrome grippal. »
« Chez Pileje, les formations sont essentiellement présentielles, explique Delphine Gallezot, responsable de la formation officinale et des réseaux de formateurs, avec des soirées de formation présentant l’aspect complémentaire des trois types de solutions de santé développées : micronutrition, phytothérapie, aromathérapie. Les thèmes abordés sont saisonniers. Dès le mois de septembre, l’immunité, axe primordial du laboratoire, est au cœur des formations. Puis en journée, dans l’officine, des formations, basées sur des cas pratiques les plus fréquemment rencontrés sont dispensées par de pharmaciens formateurs, dont le réseau se développe. »
Cette formation plus fréquente (une fois par trimestre) est très appréciée de toute l’équipe. « Elle agit comme un relais, une piqûre de rappel avec la formation dispensée en soirée. La démarche diagnostique est expliquée, aboutissant à un conseil individualisé tant sur le plan de la prévention que sur le plan de l’accompagnement lorsque la pathologie s’est installée en réduisant le temps des symptômes et la fatigue », analyse Sabine Zenglein.
Parallèlement, se développent des Web conférences, souvent en direct, où un expert est invité à partager sa pratique. « Des questions peuvent lui être posées par chat », précise Delphine Gallezot.
Les Laboratoires Pierre Fabre qui ont développé la gamme Naturactive, experte en santé naturelle, proposent également des moyens de formation adaptés à la demande et à la disponibilité des pharmaciens et de leurs équipes.
Les formateurs interviennent en journée dans les pharmacies, à l’extérieur dans le cadre d’atelier, le soir en réunion. Chaque saison est l’occasion de présenter un module différent. « Les pathologies hivernales font l’objet d’un programme particulier depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de janvier », spécifie Véronique Labouyrie, pharmacien et responsable Trade Marketing.
En complément, des modules e-learning sont proposés sur le site naturactive.fr, (espace professionnel). Des fiches informatives et des documentations sont également mises à disposition en téléchargement.
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