Une année avec Zika
L’année 2015 a été marquée par Zika. Ce flavivirus qui porte le nom de la forêt ougandaise où il a été identifié pour la première fois en 1947 est responsable d’une épidémie touchant les pays d’Amérique latine (Brésil, Mexique…), les îles du Pacifique et les Caraïbes. Fin avril 2016, la situation s’est dégradée en Guadeloupe, passée en phase épidémique.
Le vecteur est le moustique Aedes ægypti. La maladie est asymptomatique dans 80 % des cas. En cas de symptômes, elle se manifeste par un syndrome grippal, c’est-à-dire des maux de tête et des courbatures survenant dans les 3 à 10 jours qui suivent la piqûre. Au cours de cette période, le sujet est contaminant, c’est-à-dire susceptible de transmettre le virus à un moustique sain. La fièvre n’est pas systématique et peu élevée. Des éruptions cutanées, un œdème des mains et/ou des pieds, une conjonctivite ou une douleur oculaire de type rétro-orbitale sont également rapportés. La forme symptomatique évolue positivement en 3 à 7 jours. Le traitement repose sur l’administration de paracétamol. L’administration d’aspirine doit être évitée du fait de la coexistence de la dengue dans les zones d’épidémie et du risque hémorragique lié à cette maladie.
Des complications de type neurologique (syndrome de Guillain-Barré) peuvent être observées.
En raison d’un risque de transmission mère-enfant, les femmes enceintes doivent être étroitement surveillées. Des cas de malformations congénitales et de microcéphalie (anomalie de développement du crâne et du cerveau) ont été rapportés. Les séjours en zone d’épidémie doivent être reportés si possible. La transmission par voie sexuelle a été évoquée mais reste à ce jour conditionnelle.
La dengue : un vaccin bienvenu
La dengue est également un flavivirus qui sévit dans les régions tropicales et subtropicales. Au Brésil, 1,5 million de cas ont été recensés en 2015. Depuis mars 2016, l’activité virale s’est intensifiée dans l’île de la Réunion. Des cas de dengue autochtone ont également été confirmés en France métropolitaine (Languedoc Roussillon) en septembre 2015. La dengue est transmise par piqûre de moustique Aedes femelle (majoritairement Aedes ægypti). Une transmission verticale, c’est-à-dire du moustique adulte à ses œufs, est possible, multipliant les populations de moustiques porteurs du virus.
Il existe 4 sérotypes du virus de la dengue. La durée d’incubation est estimée entre 4 et 10 jours. La contamination peut passer inaperçue. En cas de symptômes, le patient présente une fièvre élevée supérieure à 38,5 °C, associée à un ou plusieurs symptômes de type grippal (maux de tête, douleurs oculaires, myalgies et arthralgies), digestif ou cutané. Le traitement est uniquement symptomatique, à base de paracétamol. L’aspirine et les AINS sont contre-indiqués en raison du risque d’évolution vers une forme hémorragique (1 % des cas). Les signes d’alerte évoquant une forme sévère sont des douleurs abdominales, du sang dans les vomissures, des saignements gingivaux ou une accélération de la respiration. Le patient doit être perfusé. La dengue sévère est une cause de mortalité importante chez les enfants.
Un vaccin tétravalent (Dengvaxia, Sanofi Pasteur) a reçu une AMM dans plusieurs pays, dont le Brésil. Il est indiqué selon un schéma à 3 doses (6 mois d’intervalle) pour les patients de 9 à 45 ans. Une mise à disposition en France pourrait être examinée prochainement selon l’évolution de la situation épidémique dans les départements d’outre-mer.
Le Chikungunia reste sous haute surveillance
Depuis l’épidémie de 2005 dans l’Océan Indien, le Chikungunya reste un virus très surveillé. Son vecteur est le moustique tigre (Aedes albopictus). Cette maladie "dite de l’homme courbé" se traduit par des fortes douleurs articulaires et musculaires touchant en priorité les extrémités (poignets, chevilles et phalanges). La fièvre est élevée et apparaît brutalement. D’autres symptômes comme les maux de tête ou une éruption cutanée peuvent être observés. L’évolution est généralement positive mais des formes chroniques, avec des douleurs articulaires persistantes, ainsi que des complications cardiaques et neurologiques ont été rapportées. Au cours des premiers jours, le traitement est antalgique et antipyrétique (paracétamol). Une fois le diagnostic confirmé et la fièvre tombée, les douleurs articulaires peuvent être soulagées par des anti-inflammatoires.
Les autres flavivirus : fièvre jaune, West Nile et encéphalite japonaise
Le virus West Nile est transmis par les moustiques Culex et Aedes. Il touche le pourtour méditerranéen et l’Amérique du Nord. La maladie est asymptomatique dans 80 % des cas. En cas de symptômes, elle se manifeste par un syndrome grippal. Des complications de type méningite ont été rapportées.
L’encéphalite japonaise sévit en Asie, où 68 000 cas cliniques sont estimés chaque année, et dans le Pacifique. Le virus est transmis par le moustique Culex. Il existe un vaccin, commercialisé en France.
La fièvre jaune est une maladie hémorragique ; 90 % des cas sont recensés en Afrique. Le virus amaril est transmis par le moustique Aedes ægypti. Les premiers symptômes correspondent à un syndrome grippal. Dans 15 % des cas, des complications surviennent, avec une fièvre élevée, une jaunisse, des saignements et des douleurs abdominales. Elle est mortelle en l’absence de traitement. La vaccination est recommandée selon un schéma à 1 dose, sans dose de rappel (calendrier vaccinal 2016).
Ebola, la frayeur mondiale
Ebola est une fièvre hémorragique virale. Elle sévit en Afrique de l’Ouest, zone touchée par une épidémie importante en 2014. Début 2016, une nouvelle flambée a été déclarée au Libéria et en nouvelle Guinée. Le virus se transmet par contact direct avec des animaux sauvages contaminés (viande de singe) ou entre hommes, par le sang ou les liquides corporels. La transmission sexuelle est possible. Le réservoir naturel serait la chauve-souris. Cette maladie se caractérise par un taux de létalité important, d’environ 50 %. Les symptômes sont une fièvre brutale, des douleurs musculaires, des maux de gorge et des troubles digestifs. La maladie évolue vers une insuffisance hépatique et rénale, et des hémorragies. Le traitement est symptomatique, associé à une réhydratation. Pour prévenir la transmission interhumaine, les contacts rapprochés avec les malades sont à éviter.
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