Les décompensations fonctionnelles du senior découlent de la conjonction « en cascade » de plusieurs phénomènes : une pathologie chronique affecte un organe vieillissant et un événement intercurrent induit la décompensation, souvent brutale, qui se traduit par des signes d’appel souvent peu spécifiques (confusion mentale, troubles digestifs à type de constipation, amaigrissement inexpliqué, chute…). Le recours au système de soins, à l’initiative du malade, d’un proche ou d’un aidant, reste souvent tardif du fait de la banalité du symptôme que l’on traite sans rechercher son étiologie, faute de temps, de motivation ou… par simple fatalisme.
Une modélisation de ce processus a été proposée par un gériatre français, Jean-Pierre Bouchon dans les années quatre-vingt. Connue comme « 1+2+3 de Bouchon », elle est pertinente dans la plupart des situations cliniques en gériatrie.
Le vieillissement entraîne inexorablement, mais avec une vitesse variable, une réduction de l’efficience des organes vitaux (notamment du cerveau, du cœur, du foie et des reins) à laquelle s’ajoutent d’autres processus de régression physiologique : fonte de la masse musculaire et augmentation relative de la masse grasse (sarcopénie), ostéopénie, hypovestibulie avec troubles de l’équilibre, troubles immuns avec infections chroniques ou répétitives, etc. Cette sénescence physiologique diffère d’un sujet à l’autre (certains sujets, même très âgés, ont un vieillissement « réussi » lié à des facteurs génétiques et à leur mode de vie : activité physique, intellectuelle, vie sociale, diversification alimentaire…) et diffère aussi entre organes pour un même individu. Toutefois, des capacités amoindries par l’âge n’entraînent pas en elles-mêmes de décompensation : celle-ci survient lorsque s’y ajoute une maladie car les organes perdent progressivement leur capacité à répondre à une sollicitation inhabituelle.
L’événement intercurrent joue un rôle majeur dans la survenue de la décompensation et de son expression clinique chez le sujet âgé : il s’agit par exemple d’une déshydratation, d’une dénutrition, d’une infection, d’un fécalome, d’un globe vésical, d’une arythmie cardiaque, d’une hypoxie, etc. mais aussi d’une réaction iatrogénique ou d’un événement de vie (deuil, isolement social, placement en institution, etc.). L’interrogatoire du patient et de ses proches permet souvent leur repérage.
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