LA RÉFLEXION sur la proximologie s’inscrit dans le contexte de pandémie prévisible de dépendance : il s’agit de proposer un confort accru aux patients et aux personnes qui les aident, en aménageant le domicile pour éviter les accidents. Le pharmacien se place au cœur de cette démarche, pour mieux accompagner les malades et leur famille.
« Notre réflexion se situe au carrefour de la sociologie, de la médecine et de la psychologie », souligne le docteur Philippe Thomas, psychogériatre à Limoges, qui a piloté avec la Fondation d’Entreprise Novartis une étude coordonnée par BVA sur le profil des aidants repérés en France.
Première étude de cette ampleur - 28 200 personnes ont été entendues entre mai et septembre 2008 -, elle a permis de faire une photographie des personnes aidant les patients adultes dépendants. D’emblée, l’analyse permet de voir que la maladie d’Alzheimer et les conséquences du vieillissement représentent la mobilisation essentielle des familles, ensuite viennent les patients atteints de Parkinson et de dégénérescence maculaire liée à l’âge.
« Grâce à l’étude, nous avons pu identifier les aidants qui ont le plus besoin de soutien, reprend le docteur Thomas. Il s’agit des femmes âgées, parfois très âgées, ayant en charge les malades Alzheimer, souvent turbulents. Ensuite, viennent ceux qui n’ont plus accès au système de soins - soit un aidant sur cinq - et enfin les dépressifs, qui représentent la moitié des aidants. »
Le pharmacien joue pleinement son rôle de conseiller.
150 000 personnes seraient ainsi en dehors du système de santé, littéralement emprisonnées par les soins qu’elles doivent apporter aux malades. De nombreux jeunes de 14 à 21 ans sont aussi en difficulté. Ils s’occupent de leurs parents, frères ou sœurs atteints de DMLA et d’insuffisance cardiaque notamment. « Le travail de prévention doit ici s’accentuer car le risque est grand pour ces jeunes de rater leur scolarité, et de se trouver plus tard exclus de la société », souligne le psychogériatre.
D’autant que le phénomène s’est inversé et amplifié depuis une cinquantaine d’années : avant il y avait de grandes familles capables de s’occuper des personnes âgées et de se relayer auprès d’elles ; ce n’est plus le cas aujourd’hui où un seul enfant est souvent en première ligne et coordonne tous les soins, parfois pour plusieurs personnes âgées.
C’est là qu’intervient l’officinal, qui peut développer une palette d’astuces pour orienter les familles. D’abord, en les conseillant sur la manière de se conduire à domicile au quotidien, par exemple en cas de fausses routes du malade pendant le repas.
Ensuite, en proposant du matériel adapté aux malades d’Alzheimer, comme le Mémophone qui permet de rassurer le patient, et de lui rappeler les tâches qu’il a à faire dans la journée. Ou encore un calendrier de soins qui affiche le nom des médicaments et l’horaire de prise.
« Dans le Limousin, certaines officines ont eu l’idée de vendre des montres GPS. Elles sont dotées d’une balise Argos qui permet de repérer la personne âgée où qu’elle soit, en cas de fugue ou simplement si elle se perd. »
Le pharmacien peut également renseigner les familles sur des éléments permettant de sécuriser la maison. Le site développé par Novartis sur la proximologie* fourmille d’idées à ce sujet, notamment avec l’élaboration d’une maison virtuelle permettant de visualiser les conseils pratiques, pièce par pièce et en fonction des pathologies, pour faciliter le maintien à domicile.
Par exemple, dans la cuisine, le malade risque de se brûler voire de déclencher un incendie. Ici, le conseil pourrait être de préférer les plaques à induction et de soigner leur implantation. Autre pièce à risque, la salle de bains avec sa baignoire glissante. Le pharmacien pourrait rappeler l’importance des barres d’appui.
Pour les malades du Parkinson qui risquent de renverser les objets, il serait bon de prévoir des lampes stables et lourdes dans la chambre. Autant d’astuces qui permettront de prévenir les accidents et d’assurer au patient et à son accompagnant une vie plus sûre et plus agréable.
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