Deux ans après le premier confinement lié au Covid, les avis sont unanimes : globalement, les femmes ont été davantage impactées par la crise que les hommes. Nombre d'entre elles confient leur épuisement aux professionnels de santé de premier recours - médecin traitant, pharmacien, kinésithérapeute… - et aux médecins spécialistes. Avec la crise sanitaire, les difficultés auxquelles elles font face se sont amplifiées, surtout pour celles qui ont des enfants. Nombre de mères ont dû jongler entre vie professionnelle et vie privée pendant les confinements.
« La plupart de mes patientes m'ont confié qu'elles s'étaient occupées seules des enfants durant les confinements. Il a fallu faire l'école à la maison, les divertir, rompre l'ennui… Même s'il ne faut pas faire de généralités, force est de constater que la stratégie d'adaptation au Covid a été extrêmement genrée », souligne le Dr Amina Yamgnane, gynécologue à la maternité de l'hôpital Américain de Paris.
Davantage de troubles psychiques
Autre phénomène bien connu : souvent, les femmes sont davantage prescriptrices et proactives en termes de santé. Dans le cadre de la crise, elles se sont particulièrement préoccupées des tâches administratives et du protocole sanitaire mis en place à l'éducation nationale : tests Covid des enfants, déclarations à l'assurance-maladie, documents à remplir pour le retour à l'école… « Leur charge mentale s'est alourdie. Je vois davantage de patientes souffrant de dépression, d'anxiété généralisée, de difficultés conjugales, de troubles de la sexualité », confie le Dr Yamgnane. Chaque semaine dans l'Union européenne, environ 50 femmes décèdent à la suite de violences domestiques. Les confinements successifs et les restrictions qui ont empêché certaines femmes d'obtenir de l'aide ont aggravé la situation. Toutes les femmes ne sont pas égales face au Covid.
Le niveau éducatif et économique détermine grandement la façon dont elles perçoivent et vivent avec la pandémie au quotidien. « Le Covid a élargi le fossé entre les femmes dont le niveau socio-culturel est élevé et celles, issues d'un milieu défavorisé. Ces dernières se sont moins préoccupées de leur santé et ont davantage souffert d'isolement. Par ailleurs, elles n'ont pas toujours réussi à accompagner leurs enfants (école à la maison, devoirs) lorsque les classes étaient fermées », note le Dr Yamgnane.
Des craintes liées à la vaccination
Quoi qu'il en soit, le Covid a fait émerger beaucoup d'interrogations chez les patientes. Exemples : le vaccin risque-t-il de rendre infertile ? Ou cause-t-il des troubles du cycle ? Est-ce dangereux de se faire vacciner lorsque l'on est enceinte ? « Nous savons aujourd'hui que le vaccin ne rend pas infertile. Quant au lien avec les troubles du cycle, il n'a pas été démontré », affirme le Dr Yamgnane.
Concernant la femme enceinte, le Groupe de recherche sur les Infections pendant la grossesse (GRIG) apporte des réponses fondées sur la littérature scientifique. « Les femmes enceintes sont plus à risque de formes graves d'infections par le Covid. Selon une méta-analyse de mars dernier (1), elles ont un surrisque d'admission en soins intensifs multiplié par deux comparées aux femmes non enceintes du même âge. Le risque de mortalité est presque triplé. Vacciner la femme enceinte est nécessaire et recommandé, en particulier si elle a un facteur de risque : hypertension artérielle, diabète, plus de 35 ans… Il faut favoriser le vaccin à ARN messager et vacciner au deuxième ou troisième trimestre. Enfin, la vaccination n'engendre aucun risque par rapport à l'allaitement », conclut le Pr Olivier Picone, président du GRIG, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Louis-Mourier (Colombes).
1) Clinical manifestations, risk factors and maternal perinatal outcomes of coronavirus disease 2019 in pregnancy : living systematic review and metaanalysis, bmj2020, doi : 101136/bmj.m3320
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