Un constat sans équivoque. Et sans appel. L’automédication sauve l’officine. La ventilation du chiffre d’affaires par catégorie de produits (remboursés, non remboursés et parapharmacie) fait apparaître une perte de vitesse de l’activité à taux de TVA de 2,1 % (médicaments remboursables) au profit des activités à TVA de 5,5 %, 10 % et 20 %. Soit respectivement, le médicament non remboursé, les compléments alimentaires, les dispositifs médicaux ainsi que la parapharmacie.
Les experts-comptables relèvent une répartition quasi identique : le médicament remboursable ne constitue plus, dans le meilleur des cas (selon les données Fiducial), qu’une part d’activité de 75,08 % ; elle se réduit même à 73,80 % chez KPMG, voire à 72, 93 % chez CGP. La parapharmacie quant à elle franchit allégrement la barre des 10 % et constitue même 11,83 % du chiffre d’affaires chez les clients des cabinets CGP. Par conséquent, plus d’un quart de l’activité officinale est constitué aujourd’hui par la vente de produits non soumis au remboursement par l’assurance-maladie.
S’affranchir du médicament remboursé
L’analyse de l’évolution de l’activité « à 2,1 % » sur les trois derniers exercices démontre donc clairement l’érosion du médicament remboursable à l'officine. Alors qu’il détenait une part comprise entre 75,32 % et 76,78 % dans le chiffre d’affaires en 2014, il n'en constitue plus aujourd’hui qu'entre 72,93 % et 75,08 %. Ce recul significatif résulte de deux facteurs. La baisse des prix du médicament remboursé entraîne, toute chose égale par ailleurs, un ralentissement de la croissance de ce segment de produits. « Le chiffre d’affaires sur le médicament remboursable croît moins rapidement que le chiffre d’affaires des autres activités », confirme Joël Vellozzi, responsable national du réseau professions de santé chez KPMG.
Deuxième facteur de cet effritement de la part du 2,1 % au profit des autres segments, « la bonne tenue du selfcare en 2016 ». Toutefois, comme le précise Philippe Becker, directeur du département pharmacie chez Fiducial, ces chiffres ont été reconstitués en intégrant les honoraires de dispensation au produit des ventes. « Nous avons livré un travail de concert avec les syndicats pour affiner notre approche, aligner nos méthodes et résoudre les problématiques de comparabilité », ajoute-t-il, redoutant cependant que les pouvoirs publics ne s’emparent de ces chiffres. Ils font en effet état d’une certaine résilience de l’économie officinale face aux assauts subis sur le médicament remboursé. Et indiquent clairement aux titulaires l’intérêt qu’il y a à développer leur activité dans l’OTC et la parapharmacie.
Car, conclut Joël Vellozzi, « à la limite, une pharmacie d’un chiffre d’affaires plus faible mais détenant une part de parapharmacie importante dans son activité fera, dans ce contexte, une progression plus importante qu’une pharmacie se situant dans la moyenne ». Face à l’existence de cette porte de sortie, l’avenir de l’officine n’est donc pas tout à fait bouché. Reste à miser sur le développement de ces segments en marge des relations conventionnelles avec l’assurance-maladie.
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