Albin Dumas, président de l’Association de pharmacie rurale (APR)
« Dépasser le pessimisme ambiant »
L’économie est très importante pour l’exercice officinal ; mais celui-ci ne saurait se limiter à une approche chiffrée. D’autant que les PLFSS successifs maintiennent une pression excessivement importante sur la profession. Il est donc essentiel de dépasser la stricte vision quantitative, qui est naturellement attachée aux données économiques, afin de dépasser le pessimisme ambiant vis-à-vis de l’officine. Les informations présentées lors de cette journée devraient même nous inciter à instaurer un indice de bonheur brut, à l’instar de ce qu’Amartya Sen, Joseph Stiglitz et Jean-Paul Fitoussi avaient imaginé pour mesurer la croissance française et pondérer le produit intérieur brut. C’est dans cette même logique que la démarche qualité devrait davantage s’appuyer sur des facteurs humains pour apprécier et valoriser les actes officinaux.
Brigitte Bouzige, vice-présidente de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS)
« La voie à suivre »
Cette 18e Journée de l’économie de l’officine a encore une fois démontré toute son utilité en mettant en exergue les écueils auxquels va être confrontée l’officine et en indiquant la voie à suivre. Je déduis toutefois des débats qui se sont déroulés que nous n’avons pas encore clairement identifié les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Et en particulier pour les officines qui sont inexorablement appelées à disparaître. Mais il ne faut pas pour autant se résigner à voir le réseau officinal se réduire sous prétexte qu’une partie des pharmacies souffriraient aujourd’hui. D’où l’intérêt de disposer de présentations comptables objectives, à même de différencier le chiffre d’affaires par segments (remboursable, OTC, parapharmacie) afin d’être capable de défendre les officines de proximité et un cadre d’exercice interprofessionnel, à l’instar de ce que font les Suisses.
Emmanuel Dechin, délégué général de la Chambre syndical de la répartition pharmaceutique (CSRP)
« Les clés de compréhension »
Comme tous les ans, la Journée de l’économie de l’officine permet aux grossistes répartiteurs de mieux cerner les attentes des pharmaciens d’officine et de comprendre les problématiques auxquelles ils sont confrontés. Nous en avons bien évidemment conscience dans notre quotidien, puisqu’ils sont nos clients. Mais les tables rondes qui sont organisées permettent de disposer de clés de compréhension. À ce titre, la présentation conjointe des trois cabinets d’expertise comptable apporte un éclairage fondamental ; et tout particulièrement cette année, puisqu’elle a mis en évidence un recul de l’excédent brut d’exploitation (EBE). C’est donc la preuve que la crise qui touche la distribution dans son ensemble est désormais dans le dur, puisque les baisses de prix affectent l’officine comme les entreprises de la répartition. D’où la nécessité de déconnecter autant que possible la rémunération de la marge…
Franck Vanneste, président de Giropharm
« Une prise de conscience »
Les chiffres présentés par les experts-comptables ne sont pas une surprise, puisqu’ils font état d’une situation vécue par nombre de pharmaciens d’officines et pressentie par les autres. Ces données contribuent toutefois à une véritable prise de conscience. D’autant que les trois cabinets sont sur la même longueur d’onde. D’où la nécessité pour tous les confrères de faire preuve d’une vigilance extrême car plus rien ne sera comme avant. La convention qui vient d’être signée par l’USPO est d’ailleurs un bon indicateur de cette évolution et de la nécessité de rendre les pharmaciens moins dépendants de la vente de boîtes. Surtout à l’heure où les baisses de prix et les baisses de prescription vont se poursuivre. Il ne faut pas pour autant croire aux miracles et se faire des illusions au-delà de la seule possibilité pour le pharmacien de sauver sa rentabilité. À charge pour le pharmacien de libérer du temps.
Jean-Baptiste de Couture, président de Giphar
« Des perspectives encourageantes »
La journée de l’économie présente l’immense intérêt de proposer une photo de la profession à l’instant T et offre des perspectives encourageantes avec l’exemple de la pharmacie suisse. C’est donc un rendez-vous que je qualifierai d’incontournable. D’autant que ces tables rondes me confortent dans l’idée qu’il faut arrêter d’avoir peur et s’engager franchement dans un processus à même de pérenniser le réseau et de garantir à nos concitoyens que nous pouvons contribuer à les maintenir en bonne santé. À charge pour les syndicats de mettre en œuvre une stratégie adaptée pour valoriser le pharmacien et défendre les intérêts de la profession comme ils semblent le faire. Dans cette optique, la pharmacie suisse, telle qu’elle nous a été présentée semble être le modèle à suivre puisque nos confrères helvètes ont réussi à se faire adopter en tant que véritables professionnels de santé impliqués à la fois dans la prévention et dans l’acte de soin. La voie semble donc tracée !
Jean-Luc Tomasini, président d’Europharmacie
« Une vision globale »
La présence des directeurs de la CNAMTS, du CEPS et du président du LEEM est bien la preuve que les Journées de l’économie de l’officine occupent une place centrale dans la réflexion sur l’avenir de la profession. Elles présentent en outre l’avantage d’élargir le débat en sortant du cadre strict de la pharmacie d’officine. Et c’est une bonne chose car il n’est plus possible aujourd’hui de vivre en vase clos sans tenir compte des autres professions de santé car nous évoluons dans un système où la cohérence nécessite d’avoir une vision globale. Peut-être faudrait-il compléter la présentation des experts-comptables par un état d’endettement de la profession afin de pouvoir mesurer les marges de manœuvre de la profession.
Laurence Bouton, directrice des relations institutionnelles d’Alliance Healthcare France
« Un état des lieux objectif »
Pertinentes est le premier mot qui me vient à l’esprit lorsque j’analyse les tables rondes auxquelles j’ai assisté lors de cette Journée de l’économie de l’officine. La vision tripartite des comptables m’est ainsi apparue particulièrement judicieuse pour présenter un état des lieux objectif du réseau officinal ; quand bien même les chiffres présentés ne permettraient pas une analyse pointue de l’activité découlant des accords conventionnels. D’où la nécessité, sans doute, de compléter ces données… Quant à la table ronde sur le prix du médicament je regrette qu’elle ait dévié vers une analyse des accords conventionnels bien que cela me semblait plus ou moins inéluctable. L’intervention du représentant des pharmaciens suisses, enfin, confirme la justesse de vue des groupements qui ont choisi de faire confiance à QMS Pharma au travers de la certification.
Michel Quatresous, président d’Optipharm
« Être moins dépendants de la marge »
La présence des institutionnels, et en particulier du directeur général de la caisse nationale d’assurance-maladie, à cette 18e Journée de l’économie de l’officine suffit avant tout à démontrer son intérêt. Les échanges qui ont eu lieu ont permis, en outre, d’avoir un bon aperçu de la direction que doit prendre l’officine. De ce point de vue, la composition des tables rondes m’a semblé des plus pertinentes quoiqu’aient pu dire les grossistes-répartiteurs présents dans la salle. Il ne faut pas oublier en effet que le prix du médicament ne doit pas être basé sur le coût de la répartition. De la même manière il m’a semblé logique qu’une partie de la discussion porte sur la politique conventionnelle, puisqu’elle régit désormais le prix du médicament remboursable. Et dans la même optique, j’ai particulièrement apprécié l’intervention de Dominique Jordan qui nous a montré la voie à suivre pour être moins dépendants de la marge du médicament.
Pascal Louis, président du Collectif national des groupements de pharmaciens d'officine (CNGPO)
« Optimiser nos structures »
Cette nouvelle édition de la Journée de l’économie de l’officine a cette année encore tenu toutes ses promesses en dressant un bilan objectif de la situation des officines françaises et en proposant des perspectives encourageantes à partir de l’exemple suisse. À charge pour nous, maintenant, de relever ce défi et de prendre à bras-le-corps toutes les missions qui s’offrent à nous et qui permettront aux pharmaciens français de jouer pleinement leur rôle d’acteurs de santé. D’autant que les perspectives qu’offre l’économie du médicament ne peuvent que nous inciter à décoreller le plus possible notre rémunération de la marge qui est attachée à la vente des produits avec AMM. Il nous appartient aussi de réfléchir à l’opportunité de regroupements afin d’optimiser nos structures et de disposer de la taille suffisante et des moyens nécessaires pour prendre le virage des services. C’est tout l’intérêt d’appartenir à un réseau sous enseigne…
Laëtitia Hible, présidente de Pharma Système Qualité
« S’adapter en période de crise »
Les tables rondes qui se sont déroulées lors de cette Journée de l’économie de l’officine ont démontré que les confrères ne pouvaient plus baser leur avenir sur les seuls accords conventionnels. À l’instar de ce qui s’est passé en Suisse, il nous faut donc prendre notre destin en mains et imaginer des solutions qui permettront de compenser la pression exercée sur le prix du médicament et sur le chiffre d’affaires de nos officines. Dans cette perspective, il me semble évident que le process qualité, avec la certification qui valide à la fois la démarche ISO et le label QMS pharma, sera un passage obligatoire, puisqu’elle permettra d’améliorer l’organisation de nos points de vente, nécessaire au détachement du comptoir pour les nouvelles missions, et de sécuriser l’acte officinal. Je reste donc optimiste pour l’avenir car les pharmaciens ont toujours su s’adapter en période de crise.
Jean-Christophe Lauzeral, directeur général de Giropharm
« Dresser des typologies de pharmacies gagnantes »
Les résultats économiques qui ont été présentés par les experts-comptables m’ont un peu laissé sur ma faim car j’aurais souhaité qu’ils s’intéressent davantage à la dispersion des pharmacies. En clair qu’ils portent un peu moins sur les moyennes et montrent plus qui gagne et qui perd. Nous aurions ainsi esquissé une réflexion sur les causes et pu brosser une ou des typologies de pharmacies gagnantes autrement qu’en fonction du seul niveau de chiffre d’affaires. J’ai bien conscience qu’une analyse nécessite de tenir compte des spécificités, mais je pense qu’à l’occasion d’une Journée de l’économie, les cabinets présents auraient pu donner les grandes lignes de l’incidence de l’évolution du modèle économique sur l’organisation de la pharmacie. Nous aurions ainsi des éléments tangibles pour apprécier l’opportunité de nous orienter vers une pharmacie de services et la capacité des petites pharmacies à prendre cette direction.
Gilles Brault-Scaillet, ancien président du Collectif des groupements
« Besoin de changements »
Il y a aujourd’hui besoin de changement dans la profession. Et les débats qui se sont déroulés dans le cadre de cette Journée de l’économie de l’officine me laissent à penser que les pharmaciens évoluent dans deux mondes : celui attaché au métier, et celui de l’entreprise où le « hors médicament » occupe une place importante. Or pour le premier, que j’ai toujours défendu en prônant par exemple le pharmacien prescripteur, les avancées sont minimes et la mutation me semble excessivement lente alors même que la profession n’a plus le temps d’attendre. Quant au second, il semble carrément oublié par les instances représentatives de la profession, alors que pour les jeunes générations ce segment peut constituer un réel relais de croissance sur lequel il n’est pas possible de tirer un trait. Il serait donc temps que nous assumions notre statut de chef d’entreprise et que nous n’ayons plus honte de l’activité business.
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