« La température de la surface du globe s'est élevée de 1,1 °C par rapport à la période pré-industrielle », rappelle les auteurs du sixième rapport d'évaluation du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), publié en mars. Et quand le climat de la planète Terre se dérègle, la santé en paye les conséquences. En Europe, le risque sanitaire en lien avec ce phénomène est plus qu'une menace : il est devenu une réalité.
Chaleur et pluies : les moustiques se régalent.
Températures extrêmes en été, hivers doux, précipitations et événements extrêmes… la France cumule les manifestations du dérèglement climatique, créant un milieu favorable au développement de certaines maladies dont l'Hexagone était jusqu'à présent épargné. « Le changement climatique impacte les cycles des vecteurs et des pathogènes, et favorise l'expansion de la distribution géographique des maladies », écrivait le Pr Christian Chidiac, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Lyon dans une présentation donnée en 2019. Comme un signal d'alerte, l'épidémie à virus Monkeypox qui a surpris l'Europe en août 2022 démontre que la cartographie des maladies infectieuses n'est pas figée, que ce soit en médecine humaine ou en médecine vétérinaire. En quelques années, la population de moustiques du genre Aedes a envahi la métropole ; en 2023, le fameux moustique tigre Aedes albopictus est implanté dans 71 départements. Et plus la population de moustiques se multiplie, plus la menace de transmission des infections dont ils sont les vecteurs grandit. En 2022, 47 cas de dengue autochtones en métropole ont été recensés, « le maximum détecté en France métropolitaine » selon Santé Publique France qui n'écarte plus la possibilité d'une épidémie, comme ce fut le cas en Italie en 2017. Comme les moustiques, l'augmentation de l'humidité et des températures moyennes favorise la prolifération des tiques en Europe du Nord et le développement des pathologies qu'elles transmettent, dont la borréliose de Lyme ou l'encéphalite à tiques.
Des catastrophes naturelles qui mettent en péril la qualité de l'eau.
Autre menace causée par le dérèglement climatique, la dégradation de la qualité de l'eau et des aliments. Si la France dispose d'un réseau d'assainissement hautement qualitatif, ce dernier est de plus en plus fréquemment mis sous pression par les événements climatiques extrêmes, tels que les inondations ou les sécheresses. Le défi est aujourd'hui d'assurer une meilleure gestion de l'eau potable tout en la préservant du risque de contamination par des agents pathogènes. Dans le domaine alimentaire, les changements de température et d'hygrométrie constituent un facteur de dégradation de la qualité et de la sécurité des productions, et favorisent la prolifération de bactéries (salmonellose) et de moisissures.
Une adaptation indispensable des politiques de santé publique.
Depuis 2003, suite à une canicule inédite et historique, les autorités sanitaires déploient différentes stratégies destinées à contrer les effets néfastes du dérèglement climatique, qu'il s'agisse des effets directs de la chaleur sur l'organisme ou des risques sanitaires indirects tels que les infections vectorielles. Avec l'ANRS-MIE et Arbofrance, la France s'est dotée de structures de recherche et de surveillance dédiées aux maladies émergentes, pour faire face aux nouvelles menaces sanitaires liées au dérèglement climatique.
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