L’urgence climatique et le niveau de pollution de la planète nous imposent le devoir de réduire au maximum notre empreinte sur l’environnement. Le milieu marin, à cet égard, fait figure de priorité. Le site de La Fondation pour la nature et l’homme* avance le nombre de 25 000 tonnes de crème solaire déversées chaque année dans la mer. La quantité, impressionnante, de produit annoncée n’est pas la seule problématique. En effet, la composition de ces formules pose problème à cause des substances qu’elles contiennent, notamment les filtres solaires qui sont dénoncés pour leur nocivité sur la faune et la flore marines. L’oxybenzone et l’octocrylène, par exemple, sont des filtres chimiques hautement toxiques pour le corail. L’exposition à ces deux substances provoquerait le blanchiment, la déformation et la mort de nombreux coraux. En outre, on les retrouverait à des concentrations toxiques dans les poissons, les coquillages et les algues.
Toujours un impact
Ces constats ont conduit certaines villes et États américains - comme Hawaï - à interdire purement et simplement la vente de crème solaire contentant de l’oxybenzone et autres filtres nuisibles aux récifs coralliens. « Bien d’autres substances présentes dans les cosmétiques sont néfastes pour l’environnement », précise Nicolas Bertrand, directeur de l’association Cosmébio qui réunit un grand nombre d’entreprises de la cosmétique bio. « Les silicones, très utilisés dans les shampooings, ont un lourd impact sur la nature et sont toxiques pour les poissons. » La liste ne s’arrête pas là : les phtalates, les antioxydants synthétiques BHA et BHT utilisés comme conservateurs, les parabens, le triclosan, le phénoxyéthanol sont, entre autres, interdits dans les formules certifiées bio qui répondent au cahier des charges Cosmos défendu par Cosmébio et par Ecocert, deux labels - avec Nature & Progrès - cités en référence par l’ADEME (Agence de la transition écologique) pour aider le public à choisir ses crèmes visage et corps.
« Tout ce qui ne se dégrade pas est mauvais pour l’environnement », poursuit Nicolas Bertrand en précisant que des normes d’écotoxicité et de biodégradabilité (de 70 % au bout de 28 jours concernant les ingrédients issus de la chimie) doivent être respectées par les cosmétiques labellisés Cosmébio. Quant aux filtres UV des protections solaires, ce sont les formules minérales (dioxyde de titane, oxyde de zinc) qui sont privilégiées. « Aucun cosmétique, même de composition minimaliste, ne peut prétendre à une absence d’impact sur la nature. Celui-ci sera limité dans le cas de la cosmétique bio et naturelle par rapport au conventionnel mais le produit laissera tout de même des résidus dans l’eau au moment de la douche qui se retrouveront fatalement dans les rivières. »
Pas de danger ?
De nombreuses actions peuvent être menées en faveur de l’environnement, selon le dirigeant de Cosmébio. Cependant, « face aux allégations souvent trompeuses qui mettent en avant la protection des océans et des coraux, beaucoup d'entreprises privilégient la participation financière à des associations de protection des milieux marins ». Ce que permet le collectif « 1 % pour la planète », une organisation internationale qui rassemble des entreprises philanthropes et les engage à verser 1 % de leur chiffre d’affaires annuel hors taxes à des associations de défense et protection de la nature.
Certaines gammes solaires communiquent pourtant sur l’écoresponsabilité de leurs soins. C’est le cas de Bergasol By Noreva qui indique que toutes ses formules sont inoffensives pour les océans. « Résistantes à l’eau, elles ont fait l’objet de tests indépendants sur leur éventuelle écotoxicité sur les organismes marins. Les résultats des tests mettent en évidence l’absence de dangerosité des formules Bergasol sur ces organismes marins », affirme la marque. La Rosée, pour sa part, précise qu’il est impossible de dire qu’un produit solaire n’a aucun impact pour le milieu marin mais que celui-ci peut être minimal si l’on utilise des protections solaires écoresponsables. « Pour cela, il faut que tous les ingrédients présents dans la formule soient "propres" car ils peuvent tous se retrouver dans les eaux des mers et des océans et produire des effets délétères pour les fonds marins ». De ce fait, la marque a banni les filtres organiques mais aussi minéraux - également désignés comme étant nocifs pour les coraux – de ses formules solaires pour leur préférer des « filtres organiques de nouvelle génération, vraiment respectueux des océans » comme l’illustre la mention « Ocean Respect » qui figure sur les emballages de la gamme. Elle cite, à ce propos, les résultats de tests menés avec l’Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de Nice (IRCAN) et indique en conclusion que « la viabilité cellulaire des Cnidaires (famille des coraux) ne montre "pas de diminution significative" avec nos filtres après 7 jours alors qu'avec le dioxyde de titane (TiO2), on observe une diminution de 67 % et avec l'oxyde de zinc (ZnO), de 57 % ».
*www.fnh.org/quelle-creme-solaire-choisir-pour-respecter-les-oceans
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