• « Le médicament n’a pas été efficace… »
Vigilance d’abord lorsqu’un patient a toujours pris des traitements ponctuels à visée symptomatique (un hypnotique en cas de troubles du sommeil, un antibiotique en cas d’infection, un antalgique contre une douleur…) et débute le traitement d’une maladie chronique dont l’efficacité ne sera pas immédiate, voire un traitement qui ne guérit pas mais ralentit l’évolution d’une maladie.
• « Je vais mieux… »
Les symptômes d’une infection ont disparu alors pourquoi prendre son antibiotique plus longtemps ? Une idée reçue que l’éducation thérapeutique peut endiguer. Parfois ce sont aussi des résultats biologiques satisfaisants (glycémie, hémoglobine glyquée, cholestérol…) ou une bonne tension chez le médecin qui vont inciter le patient à arrêter son traitement chronique. Attention donc à certaines pathologies en particulier : hypertension, diabète, hypercholestérolémie, ostéoporose… Pour lesquelles le patient peut se sentir guéri et estimer que le médicament n’est plus utile.
• « On m’a prescrit trop de médicaments… »
La polymédication devient également un facteur d’inobservance, ainsi qu’un nombre élevé de prises quotidiennes (par exemple avec la lévodopa dans la maladie de Parkinson). Attention donc aux ordonnances comportant plus de 4 médicaments par jour et réfléchir avec le patient et le médecin si une prise peut être décalée par souci de simplification.
• « J’ai confondu mes médicaments »
Différentes situations de la vie peuvent mettre un patient en difficulté face à son traitement : un veuvage récent pour un homme dont la femme avait pour habitude de préparer son pilulier, les suites d’une hospitalisation, période fragile pour le patient qui sort parfois avec un état clinique dégradé et avec en plus des traitements plus lourds (pas toujours expliqués)…
• « Le midi je suis au travail »
Une personne active peut omettre de prendre son traitement par mauvaise acceptation de la maladie ou tout simplement par souci de discrétion. Sans compter les prescriptions d’antibiotiques en trois prises par jour chez l’enfant qui ne peuvent être respectées à cause de l’interdiction d’emmener un médicament à l’école.
• « J’oublie de prendre mon traitement »
Il est important d’apprendre à adapter son traitement à la vie quotidienne et non l’inverse : chaque astuce est personnelle pour pallier un oubli : déposer les médicaments dont la prise se fait le soir sur la table de chevet, placer ses médicaments à côté de la brosse à dents, instaurer une alarme à l’heure de la prise pour les personnes actives qui oublient…
• « Ce médicament me rend malade »
Les effets indésirables, même s’ils sont le plus souvent bénins et transitoires, sont bien évidemment aussi sources d’interruption de traitement, quels qu’ils soient : vertiges, céphalées, nausées, difficultés de concentration, somnolence, troubles digestifs… Le patient retarde parfois la prise de son médicament jusqu’à ce que les symptômes de la maladie soient plus inacceptables que les effets indésirables du traitement. Parfois même la simple lecture de la notice suffit à ne pas commencer un traitement ! Le médicament prend alors l’image d’un poison qu’on ingère.
Le dialogue et l’éducation thérapeutique restent les meilleurs atouts contre cette inobservance : le seul fait d’être prévenu d’un effet indésirable peut le rendre plus acceptable. La connaissance du traitement et de ses effets indésirables rend le patient acteur et permet une meilleure acceptation. Lui demander aussi de signaler les effets indésirables pour ne pas les subir lorsque des alternatives thérapeutiques existent.
• « Ce médicament n’est pas facile à prendre »
Les différentes formes galéniques sont diversement appréciées par les patients : ainsi les comprimés font l’objet de la meilleure observance (sans aller vers le trop gros « iningérable » ou le trop petit qui tombe des mains), à condition que le blister ne soit pas difficile à ouvrir. Le sirop a également une bonne image, notamment auprès des personnes âgées, car il est facile de le déglutir. En revanche, attention aux gouttes qui peuvent être délaissées en cas de tremblements, de troubles de la mémoire ou de troubles de la vue.
Lors de la délivrance d’une première prescription, quelques démonstrations simples peuvent souvent permettre de lever des craintes : ainsi faire manipuler des médicaments (comme un aérosol, un collyre, un flacon compte-gouttes, ou un comprimé sécable) permet de s’assurer que le patient sera capable de les utiliser. Le goût du médicament a une influence également sur l’observance, mais différente selon les patients : certains abandonneront leur traitement en cas de mauvais goût tandis que d’autres penseront que plus c’est mauvais, plus c’est efficace !
• « C’est un générique, ce n’est pas efficace »
Le remplacement d’un princeps par un générique peut également être à l’origine de l’arrêt d’un traitement. Les raisons sont diverses : doutes sur l’efficacité, mauvaise compréhension de la substitution, erreurs de prise. En relisant l’ordonnance avec le patient, en lui montrant le princeps et le nouveau générique qui va le remplacer, on peut parfois facilement lever des difficultés.
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