APPLE ne s’est pas contenté de dévoiler l’Iphone 6 le 9 septembre dernier, il a également présenté un tout nouveau produit, l’Apple Watch, une montre capable entre autres fonctionnalités de lire un très grand nombre de paramètres physiologiques. Grâce à ses nombreux capteurs, elle pourrait renseigner sur les pulsations cardiaques, la pression artérielle ou le taux de glycémie de son porteur… Ces informations, encore de l’ordre de la rumeur car le détail de ce que fait ce tout nouvel objet n’a pas été évoqué, montrent néanmoins que le signal est lancé. Si le géant de la high-tech ludique cible le marché de la e-santé, c’est que celui-ci est prêt à exploser. Selon Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest, il pourrait atteindre quelque 500 millions d’euros en France d’ici 2016 (santé et maison), et 250 millions d’objets connectés mobiles au niveau mondial deux ans plus tard, grâce à une croissance annuelle d’environ 50 %.
Les objets parlent de mieux en mieux.
Cette évolution est ressentie comme d’autant plus évidente dans un monde toujours plus connecté, où les objets « parlent » de plus en plus grâce au Web et à différents protocoles de communication. Cette année, la première chaîne d’objets connectés, tous secteurs confondus, sous l’enseigne Lick, a commencé d’ouvrir quelques magasins en France, dont un à La Défense. Déjà, de nombreux acteurs de taille plus modeste qu’Apple se positionnent sur ce marché des objets connectés, qui pourront renseigner sur des éléments des plus simples au plus sophistiqués de la santé des gens.
Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on appelle les objets connectés de santé. Rien de commun entre un tracker d’activité qui va renseigner les performances sportives d’une personne (nombre de pas, de calories brûlées, distance parcourue etc…), on est dans le cadre du bien-être connecté, ou du « quantified self », et des applications beaucoup plus pointues, comme l’évoquait Uwe Diegel, président de la société I Health, au cours de l’université d’été de la e santé qui s’est tenue à Castres au début du mois de juillet dernier. À titre d’exemple, le CHU de Toulouse développe un projet de semelle connectée, « qui a pour but de prédire la perte d’autonomie chez les personnes âgées, en mesurant leur marche, en détectant les chutes et en récoltant les données à pertinence médicale. » Ces objets sont connectés à des logiciels ou des plateformes qui permettent de recueillir directement des données susceptibles d’être traitées, interprétées.
Le risque d’être marginalisés.
Comment les pharmaciens vont-ils trouver leur place dans ce nouveau paysage technologique, énième révolution des mœurs high-tech ? Car la question de savoir s’ils doivent la trouver ne doit pas se poser, sous peine d’être marginalisés. L’offre de produits connectés susceptibles d’intéresser les officines existe déjà : ainsi la société Visiomed commercialise-t-elle ce mois ci un thermomètre médical sans contact, et dès le mois de prochain, un tensiomètre, une balance et un oxymètre de pouls. Tous ces objets seront reliés à une plate-forme qui permettra « de créer un profil avec différentes informations sur le patient, de réunir les données transmises et de les agréger ensuite sous formes de tableaux de bord », explique Christine Berisot, directrice marketing de Visiomed. La question est de savoir quelle peut être la valeur ajoutée des pharmaciens. En l’occurrence, la solution proposée par la start-up française s’adresse directement au patient, c’est lui qui lira les données et le cas échéant les transmettra à qui de droit. Même chose pour I Health, qui commercialise tensiomètres, balances et glucomètre (pour vérifier le taux de glucose) avec une interface destinée à l’utilisateur.
Dans ce contexte, c’est seulement avec une couche logicielle pensée pour le pharmacien que celui-ci pourra apporter sa valeur ajoutée, et ne pas laisser le marché de la e santé uniquement à d’autres acteurs. C’est peut-être aux spécialistes traditionnels de l’informatique d’officine que revient cette tâche. C’est ainsi que Pharmagest va commercialiser une solution reliée à son LGO. « Nous travaillons avec la société Kappelse, laquelle a conçu une box santé réunissant des « devices » offerts par des appareils de santé, explique Jérôme Lapray, elle dialogue avec notre propre couche logicielle, qui va exploiter l’expertise développée au sein du groupe pour suivre par exemple l’évolution des constantes ». Un système d’alertes permettra de notifier toute anomalie. Et Pharmagest compte aussi sur le lien de cette application avec LGPI pour l’intégrer dans le quotidien du pharmacien, et donc en simplifier l’usage, un facteur clé selon lui de son succès. Cette application, « Mon Web santé » devrait être disponible d’ici la fin de l’année pour les clients de Pharmagest.
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