En Allemagne, près de 300 pharmacies, sur un peu plus de 20 000, disposent actuellement des installations nécessaires à la préparation et à la délivrance de médicaments cytostatiques, ce qui garantit un maillage efficace dans l’ensemble du pays. Les pharmaciens qui mènent cette activité ont, bien entendu, suivi une formation spécifique et consenti d’importants investissements.
Il y a deux ans, un pharmacien de Darmstadt, qui approvisionnait régulièrement un de ses patients en cytostatiques oraux, a toutefois été informé, par la caisse de ce dernier, qu’une autre officine, beaucoup plus éloignée, poursuivrait dorénavant à sa place le traitement du patient.
Cette mesure a obligé le patient à de longs déplacements vers l’officine qui lui avait été désignée, sans compter que son premier pharmacien le connaissait bien et qu’il était, de plus, soigné par un médecin de son secteur. Après avoir porté l’affaire en justice, au nom du principe du libre choix du patient, le pharmacien a obtenu gain de cause en première instance, mais a été débouté en appel.
Depuis, d’autres pharmacies pourtant habilitées à délivrer ce type de médicaments ont été confrontées à des décisions similaires de la part de plusieurs caisses qui, par ce moyen, espèrent faire diminuer leurs dépenses pour ce type de médicaments, une raison qu’elles n’avouent toutefois pas ouvertement. En 2014 (derniers chiffres publiés), les pharmacies ont délivré 2,4 millions de préparations cytostatiques et 1,1 million de solutions parentérales, pour un budget de 3 milliards d’euros, dont 1,6 milliard d’anticorps monoclonaux.
Les malades pénalisés
Les associations de pharmaciens et de cancérologues libéraux se sont mobilisées ces derniers mois pour que les patients retrouvent le droit d’aller chercher leurs médicaments cytostatiques dans la pharmacie habilitée de leur choix, et non dans des officines désignées, parfois très éloignées de chez eux.
Pour le Syndicat des pharmaciens (DAV), qui a organisé, avec les médecins, une journée d’information sur ce thème à Berlin il y a quelques jours, remettre en question le libre choix constitue non seulement une contrainte très lourde pour les patients, mais entrave la coopération entre le cancérologue et le pharmacien tout en menaçant la structure même de la distribution.
À terme, selon lui, la désignation administrative de pharmacies pour certaines délivrances pourrait déséquilibrer tout le réseau, avec d’énormes officines « référentes » et des pharmacies moins importantes, mais privées d’activités. Selon le président du syndicat, Fritz Becker, « il est inadmissible de pénaliser gravement les malades et de menacer l’approvisionnement pour des raisons soi-disant organisationnelles, mais qui sont en réalité purement comptables ».
Les échanges entre les professionnels et les représentants du monde politique ont été fructueux, au point que le sujet pourrait être transmis prochainement aux parlementaires qui, majoritairement, sont favorables à un rétablissement complet du libre choix des pharmacies par les patients. La question devrait être prochainement mise à l’ordre du jour des parlementaires, mais pourrait être accompagnée d’autres mesures, dont la mise en place de forfaits de remboursements pour ces produits, qui supprimerait donc toute différence de prix entre les spécialités préparées et délivrées pour une même indication, ce qui n’est pas le cas actuellement.
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