En matière de politique générale tout d’abord, le « leave » britannique prive les partisans les plus libéraux de l’Union européenne d’un pays champion de ces doctrines.
Les grandes offensives de la Commission européenne dans le secteur de la santé, à l’image des tentatives, avortées, de supprimer le monopole des pharmacies et d’autoriser les chaines, entre 2007 et 2009, n’auraient sans doute jamais été lancées sans le soutien britannique. De plus, le Royaume-Uni constitue, en Europe, la « mère patrie » des chaines de pharmacie : il sera désormais plus difficile à leurs partisans de les invoquer comme un modèle, même si d’autres pays de l’UE comme la Suède ou la Tchéquie les autorisent aussi.
Cela étant, le Brexit ne signifie pas que le Royaume-Uni va devenir aussi inaccessible que la Corée du Nord. Il est évident que, de l’industrie jusqu’à l’officine, des accords seront trouvés pour maintenir les bonnes relations commerciales entre le pays et le reste de l’Europe, d’ailleurs encore plus vitales pour les Britanniques que pour leurs partenaires.
Comme l’écrit l’association britannique de l’industrie pharmaceutique (ABPI), « nous devons immédiatement montrer que nous restons ouverts et désireux de travailler avec l’Europe ». L’industrie regrette le Brexit, mais il ne faut pas oublier que des firmes comme Roche, Pfizer ou Teva sont situées hors de l’UE… ce qui ne les empêche d’y travailler autant que Sanofi ou Boehringer.
Coup dans l'aile pour les importations parallèles
Certains pharmaciens se demandent s’il faudra « rebritanniser » toute la législation pharmaceutique européenne, en vigueur outre-Manche, ou si on se contentera de la « redupliquer ». Comme l’explique par contre John d’Acry, directeur du groupement de pharmaciens indépendants Numark, « la directive sur les médicaments contrefaits pose un vrai problème, car elle doit entrer en vigueur en 2019 avec de nombreuses mesures concrètes… le Royaume Uni y a contribué, mais n’a pas de solution nationale de rechange ».
Par ailleurs, les importations parallèles, très développées outre-Manche, devraient souffrir du Brexit, puisqu’elles ne sont rentables qu’ au sein d’un même marché unique.
Diplômes et permis de séjour
En ce qui concerne les diplômes, les titres britanniques et européens sont identiques et unifiés : on voit mal le Royaume-Uni exiger des pharmaciens européens qui y travaillent de repasser un examen, alors même que, bien avant 1973, le pays attirait déjà énormément de professionnels de santé venus d’autres pays, tout simplement parce qu’il en forme traditionnellement beaucoup moins que ses voisins.
En revache, des questions de permis de séjour de longue durée pourraient se poser, ce qui inquiète autant les « expats » européens outre-Manche que les Britanniques résidant sur le continent. Enfin, la question de la validité des cartes européennes d’assurés sociaux et des remboursements transfrontaliers pourrait se poser lorsque le « divorce » aura été officiellement consommé entre les deux parties.
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