Un entretien avec la patineuse artistique Nathalie Péchalat

« Toute une carrière à 10 °C »

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Publié le 11/12/2017
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Sur la glace, elle a représenté la France avec talent pendant près de 15 ans. Aujourd'hui devenue consultante sport, Nathalie Péchalat fait partager ses recettes du succès aux médias et aux entreprises. Depuis 2014, elle est aussi la marraine de l'association « Premiers de cordée » qui amène le sport auprès des enfants hospitalisés. Interrogée par le « Quotidien » la multimédaillée de patinage artistique explique les spécificités d'un sport forcément pratiqué à basse température.
Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat
Crédit photo : dr

Le Quotidien du pharmacien. — Quel type de protection contre le froid utilisez-vous quand vous patinez ?

Nathalie Péchalat.- Avant toute chose, je porte une attention particulière aux matières qui composent mes vêtements sur la glace. Aussi bien lorsque je m'entraîne que lors des compétitions. Je privilégie naturellement les microfibres, et plus globalement des tissus à la fois fins et chauds mais qui laissent passer la transpiration. L'autre façon de se protéger efficacement contre le froid est l'échauffement. On passe beaucoup de temps - au moins 30 minutes - à s'échauffer avant d'entrer sur la glace.

Quant aux cosmétiques, plus qu’une véritable protection anti-froid, nous prenons surtout soin à bien hydrater notre peau qui a tendance à sécher lorsqu'elle est soumise aux basses températures. C'est ainsi que nous avions noué, lorsque je patinais en couple avec Fabian Bourzat, un sponsoring efficace avec la marque Ictyane (Laboratoires Pierre Fabre). Il convient de bien hydrater l'ensemble du corps en portant une attention particulière aux mains et aux lèvres qui sont spécialement exposées. Il faut savoir que nous ne portons de gants qu'à l'entraînement. La compétition, notamment en couple, nous empêche d'en porter pour ne pas nuire à la qualité des prises de mains.

Quelle est la température ambiante sur une patinoire ?

Il fait généralement entre 10 et 15 °C sur la glace. Mais il m'est souvent arrivé de patiner sur des patinoires où il faisait seulement 5 °C, voire moins ! Ce n'est pas forcément pénible, nos corps sont habitués à cela.

Est-il difficile de pratiquer une activité musculaire à une température forcement basse ? Cela demande-t-il une préparation particulière ?

L'échauffement doit être d'autant plus rigoureux que les conditions climatiques sont un peu difficiles. Mais ce qui peut paraître un inconvénient s'avère parfois salutaire. L'idée reçue qui veut que le froid conserve n'est pas totalement fausse… Et puis lorsque l'on chute, et qu'on se fait mal, on a la glace immédiatement à portée de mains. C'est un bon médicament en accès direct et facile.

Prenez-vous des traitements ou pratiquez-vous des régimes, ne serait-ce qu'une supplémentation nutritionnelle, lors des compétitions ?

Les patineurs, sans doute comme la plupart des sportifs de haut niveau, sont un peu paranos avec les médicaments. J'évite d'en prendre pour éviter tout problème lors des contrôles antidopage. J'applique cette prudence, même avec les compléments alimentaires. Le seul produit que je prends régulièrement, notamment en hiver, est la vitamine C. Parallèlement, sans suivre véritablement un régime, on fait attention à ce que l'on mange. Moins pour garder la ligne que la forme.

Quels traitements appliquez-vous lors des (rares) chutes ?

Le premier soin après la chute, c'est le glaçage. On va tout de suite chercher un peu de neige raclée par la surfaceuse, et on l'applique sur le muscle. Sinon, une fois rentrée, l'arnica est le remède de choix. En crème et en homéopathie. Mes meilleurs amis sont Doliprane et arnica. De toute façon, je n'ai pas beaucoup de choix.

À noter qu'il existe aussi un produit que les patineurs connaissent bien, c'est le Roll-on Icy Hot (N.D.L.R. : menthol et méthyl-salicylate) qui est assez pratique et très efficace.

Durant votre carrière, avez-vous particulièrement souffert des infections ORL du fait de votre proximité obligée avec la glace ?

Je ne suis pas sûre d'être spécialement exposée aux infections ORL. La seule chose que je constate, c'est que je souffre assez souvent des otites. Mais je serais incapable de dire si c'est la température sur la glace ou plutôt les variations de pression imposée durant mes nombreux déplacements en avion qui en sont responsables… Peut-être que je dois cette protection relative aux quelques remèdes de grand-mère que je m'applique : citron pressé avec du miel et un peu d'eau chaude.

Les patinoires en glace artificielle sont-elles une alternative intéressante ?

C'est effectivement une alternative intéressante, surtout pour l'environnement. Malheureusement, au niveau de la qualité de patinage, je n'adhère pas… On n'a pas du tout la même accroche, la même adhérence. C'est du plastique. En outre, on abîme beaucoup les lames des patins. Par ailleurs, je ne suis pas sûre qu'au moment des chutes, ce soit plus confortable. La glace artificielle glisse moins et donc amortit moins le choc que la glace naturelle.

Propos recueillis par Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3396