Le Quotidien du pharmacien.- Quel type de préparation physique vous imposez-vous avant de vous lancer dans un défi ? Sommet andin ou traversée de l’Atlantique sud, requièrent-ils la même préparation ?
Denis Cardonne.- Ces deux milieux hostiles et extrêmes m’imposent un niveau de préparation très différent. En effet, lors de mes défis en mer, je dois prendre du poids et augmenter mes réserves énergétiques.
L’entraînement est donc composé de séances longues (4 à 5 heures de rame) à une intensité modérée en alternance avec des séances courtes où l’intensité est plus élevée. Les activités spécifiques, rame, paddle, pirogue, sont fractionnées sur la journée pour éviter les problèmes biomécaniques (position assise trop longue et apparition d’érythèmes en pirogue, sciatique du poplité externe spécifique à la position à genoux sur le paddle). Les activités foncières - course, natation et vélo - sont, elles, programmées en fonction des séances spécifiques et de la saisonnalité des défis… En effet, l’hiver les séances dites foncières sont plus importantes que les séances spécifiques, car en règle générale, les défis et records réalisés en Méditerranée l’ont été dans l’intervalle juin à septembre.
Pour l’Atlantique ce sera l’inverse, avec une traversée prévue entre janvier et février. Mais la réalité c’est qu’en dehors du phénomène de saisonnalité, je suis totalement dépendant des conditions météo en mer et en montagne. À ce titre, j’adapte mes séances en fonction de celles-ci et prévois des séances en mer et en montagne par mauvais temps aussi pour augmenter ma résistance physique au milieu halin ou la déshydratation est très forte et en montagne ou le taux d’hygrométrie (très sec en général) et le froid m’imposent des contraintes physiques à l’effort spécifique (hypoxie notamment). Ces paramètres ont une influence considérable sur mes séances et créent dans le temps une adaptation au milieu. Dans le premier cas (en mer), on parle de s’amariner (variable selon les individus). Dans le second cas (en montagne), on parle d’acclimatation (12 jours à minima) et à distinguer fondamentalement de l’accommodation.
En résumé, je dois passer très vite de la mer à la montagne en optimisant ma récupération et en observant des règles strictes concernant les enchaînements dans les différentes disciplines pour éviter de créer un déséquilibre qui porterait préjudice à mes défis en mer ou en montagne.
Lorsque vous vous attaquez aux sommets en conditions extrêmes, quelle trousse de secours emportez-vous et quelle alimentation privilégiez-vous ? Êtes-vous adepte des compléments alimentaires ?
En montagne, ma trousse de secours est composée principalement d’agrafes, de colle et de Steri-strip. En effet, l’utilisation de moyens de tractions (piolets) et de crampons augmente le risque de blessures en cas de chute lors des ascensions. En cas de blessures, je dispose de pansements compressifs et de coussins hémostatiques en cas d’hémorragie. Je dispose aussi de crèmes cicatrisantes pour les petites brûlures superficielles, de sérum physiologique pour les muqueuses nasales, de collyre/gouttes ophtalmiques.
Ensuite pour la « bobologie » courante : des pansements anti-ampoules, des pansements de tailles diverses, des compresses de gaze stériles…
Les ascensions en très haute montagne impliquent une préparation sans faille sur le plan nutritionnel. Pour m'assurer d'assimiler la charge nutritionnelle proportionnelle à l'effort, je prépare pendant un mois mon microbiote pour éviter tout problème de perméabilité digestive et assurer une bonne assimilation de la charge nutritionnelle en prenant le complexe Ferments Lactiques 4 souches PharmaVie. Cette supplémentation en probiotiques (bactéries qui vont optimiser la dégradation des nutriments) vient renforcer mes bactéries déjà présentes et qui travaillent déjà sur le chapitre de l'assimilation. Par ailleurs en amont, je consomme des aliments dits « prébiotiques ». Une fois mon équilibre acido-basique régulé et ma flore réensemencée, je peux envisager sereinement mes objectifs.
L'entraînement, et à plus forte raison la compétition, quel que soit l’intensité, rompt l'équilibre acido-basique dans un organisme, souvent en faveur de l’acidité qui est source de douleurs, fatigue excessive, crampes, tendinites chroniques… La liste est longue et non exhaustive. Pour rétablir mon pH sanguin, j'utilise des solutions alcalinisantes destinées à rompre ces effets négatifs qui sont fortement préjudiciables à la performance. En plus des fruits et légumes qui sont une excellente source alcalinisante, j'utilise le magnésium glycérophosphate PharmaVie ainsi que le lithothamne présent dans le complexe PharmaVie Nutri Sport Récupération, excellente source de calcium et de minéraux basiques alcalins.
Outre les vêtements techniques qui régulent les échanges avec le milieu, mon régime est donc composé essentiellement de lipides (oméga 3–6) qui sont une source d’énergie infinie couplée aux légumineuses. En effet, les lipides m’assurent, en milieu extrême froid, une protection mécanique contre les coupures et brûlures auxquelles je suis exposé mais aussi électriques (ils empêchent le courant de passer, pas mal pour le phénomène d’arc électrique en montagne) et évidement thermique car les lipides me protègent contre le froid hyperénergivore. L’épaisseur du tissu adipeux lors d’efforts intenses comme le dénivelé l’impose en montagne.
Pour prévenir les agressions dues aux basses températures et au vent, quels soins dermocosmétiques appliquez-vous ?
Pour les soins dermocosmétiques, j’utilise des crèmes nourrissantes (grasses) pour maintenir l’hydratation de ma peau et réparatrices pour me protéger des agressions extérieures. En plus de cela, j’utilise pour le visage une crème solaire indice 50, de préférence minérale ainsi qu’un baume à lèvres très réparateur qui évite les crevasses sur les lèvres.
Y a-t-il eu des moments de doutes, voire de peur, lors de vos derniers défis ? Ont-ils parfois rabaissé vos ambitions ?
Oui, les moments de doutes et de peur sont assurément ceux qui m’ont permis de réussir la majorité de mes défis ! Grâce à la peur et aux doutes qui jalonnent ma préparation et bien sûr durant les épreuves, je préserve mon capital lucidité et prise de décision qui me met à l’abri de toute décision hâtive préjudiciable. En mer ou en montagne, une mauvaise décision peut être fatale… Par contre, jamais ces peurs et ces doutes n’ont entravé, ne serait-ce qu’une seconde, mes ambitions et mes motivations. Si l’on se demande par exemple ce que l’on fait, là, pendant le défi, on s’expose au danger et on compromet ses chances de réussite.
Vous allez tenter en 2017 la traversée en pirogue et en solitaire de l'Atlantique sud. Quelle est la spécificité de ce défi ?
Tout d’abord l’Atlantique en pirogue est une première mondiale dans les sports de rame. En effet, depuis la première traversée de Daboville en 1980 de l’Océan Atlantique, jamais personne n’a effectué la traversée en pirogue. Toutes les traversées ont été effectuées en yole de mer. Le record actuel en yole est de 42 jours et l’idée fondamentale est de passer sous la barre des 42 jours. Mon objectif en pirogue est de ramer entre 10 et 12 heures par jour à 4 nœuds voire 4,5 nœuds de moyenne pour passer cette barre mythique. Avec une embarcation plus légère, mon ratio poids/puissance sera plus élevé et me permettra, je l’espère d’atteindre mon objectif car il s‘agirait ici d’un double record du monde.
À cet effet, ma préparation est totalement différente avec de gros volumes en intensité pour parfaire aussi ma technique de rame. Un important programme de renforcement musculaire associé à une prise de poids de l’ordre de 7 à 8 kg de masse maigre est l’autre volet de cette préparation ultra-spécifique.
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