Entre le digital et les maladies chroniques, il y a au départ comme un malentendu.
L’écho reçu par des dispositifs connectés tel que l’Apple Watch donne l’impression que beaucoup de choses sont possibles et faciles grâce à eux. S’il est vrai que parfois une montre connectée est capable de signaler un problème lié au rythme cardiaque, ce n’est jamais qu’un point de départ. Certes utile à une époque où il y a moins de médecins et donc moins de possibilités pour les patients de les consulter, encore faut-il qu’il soit fiable. Or, pour ce qui concerne l’Apple Watch, ce n’est pas si évident, tout au moins si l’on en croit le site suisse Medicalinfo, qui a analysé les résultats de deux études et démontré la relative inutilité de ce dispositif, en tout cas pour l’instant. Il peut y avoir des produits équivalents performants, mais se pose à un moment donné la question de quoi faire avec un problème détecté. Le digital, ce n’est pas laisser un patient dans une situation d’emblée angoissante. Tout l’enjeu, le véritable enjeu, c’est précisément la relation patient-soignant que le digital est susceptible d’améliorer. La plupart des dispositifs médicaux efficaces se doublent d’une manière ou d’une autre d’un système qui relève et transmet les données à des professionnels de santé.
Éviter des complications graves
Si l’on reste dans le domaine des troubles cardiaques, on peut citer la montre connectée Fitbit, disponible sur le site de l’entreprise et en France dans quelques grandes enseignes comme la Fnac ou Boulanger, qui se double désormais d’une application, Fibricheck, laquelle permet de transmettre les mesures qui s’affichent sur l’écran de la montre connectée à des professionnels de santé.
Certes, c’est une transmission simple et peut-être pas assez sécurisée selon les critères liés à la sécurisation de données de santé, mais c’est déjà un début. Dans d’autres domaines, des produits parfois assez simples permettent aussi d’éviter des complications graves de pathologies chroniques. Ainsi en est-il des balances connectées, puisqu’une prise de poids importante en 24 heures peut alerter un médecin et éviter un œdème aigu du poumon dans le cadre l’insuffisance cardiaque, explique ainsi le Pr Xavier Girerd, président de la Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle (FRHTA).
Mais la majeure partie du temps, la simplicité et l’efficacité des outils ne peuvent se suffire à elles-mêmes. Ainsi en est-il du diabète, pathologie pour laquelle le digital a sans doute été le plus loin dans sa prise en charge. De nombreux acteurs proposent dispositifs et applications, laboratoires et start-up, associations de patients, etc. Parmi eux, Diabnext, une plateforme intelligente qui combine trois dispositifs, dont un communicant qui se fixe à tous les stylos à insuline du marché, mais aussi un glucomètre connecté et une application pour évaluer la teneur en glucides et en lipides des plats et des boissons. L’AP-HP l’a choisie pour un programme de télésurveillance du diabète. Pour Isabelle Guéguen, directrice marketing de Diabnext, « la vraie problématique du digital est la récupération des données pour faire de la surveillance à distance et dans le cas du diabète, où les mesures sont très fréquentes, éviter aux patients de les noter à la main. » Or, cette récupération de données ne va pas de soi. « Souvent les systèmes proposés par les laboratoires ne récupèrent que leurs propres données, obligeant les professionnels de santé à sans cesse changer de système en fonction de ce que possèdent leurs patients », ajoute Isabelle Guéguen. D’où le choix de Diabnext d’être « œcuménique » et faire en sorte que la récupération de données soit standardisée. Et le fait même de transmettre des données et des mesures est parfois source d’une certaine complexité, en tout cas et nécessite des process de tests longs, selon le Dr David Guez, directeur exécutif innovation et sourcing de WeHealth, la division e-santé du groupe Servier.
Mâcher le travail des médecins
Last but not least, il ne suffit pas de transmettre des données brutes aux professionnels de santé, il faut souvent les filtrer. « Les médecins ne s’intéressent pas à ce type d’informations, ils n’ont pas le temps car souvent ils ont de nombreux patients concernés par l’hypertension artérielle, et aussi par l’insuffisance cardiaque, d’où la nécessité de créer des plateformes qui associent des outils technologiques avec des algorithmes performants à des compétences humaines capables de distinguer les informations et les alertes qu’il faut envoyer aux médecins », explique le Pr Xavier Girerd. Il faut donc leur mâcher le travail au préalable.
Cette étape a été franchie pour l’insuffisance cardiaque, selon le président de la FRHTA, elle reste à faire pour l’hyper tension artérielle, pour laquelle il y a de nombreux outils, des tensiomètres connectés reliés à des applications, dont certains sont proposés par la FRHTA elle-même, les associations médicales et de patients étant de forts prescripteurs en la matière. D’autres pathologies chroniques font l’objet de solutions digitales inventives, comme la maladie d’Alzheimer pour laquelle existent de nombreuses formes de surveillance numérique comme des capteurs placés dans l’habitation du patient, ou encore le cancer, avec des solutions pour la collecte et la gestion des données relatives aux tumeurs. Dans tous les cas, ces solutions doivent valoriser la relation bilatérale entre le patient et le soignant, et faire en sorte que le patient participe au suivi de sa pathologie, affirme en substance le Dr David Guez.
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