Rappelez-vous c’était en 2018. Le géant américain de l’e-commerce Amazon faisait sensation, voire même pour certains polémique, lors du congrès Pharmagora.
Cette présence remarquée avait déjà suscité, à l’époque, de nombreuses réactions de la part de la profession. En 2021, le sujet reste toujours d’actualité. La récente mise en ligne du service Amazon Pharmacy a remis sur le devant de la scène médiatique le sujet. Le débat sur la vente de médicaments par la plateforme américaine continue donc d’agiter les médias et bien sûr la profession. Ce nouveau concept de livraison à domicile renforce encore un peu plus l’idée qu’Amazon souhaite encore et toujours conquérir le marché de la pharmacie. Ce nouveau service s’attaque maintenant aux rayons des médicaments sur prescription.
Malgré toute cette polémique ambiante, certains pharmaciens titulaires ont déjà franchi le pas en cliquant sur le bouton « créer ma boutique en ligne » sur la market place. Mais, il faut le reconnaître, il existe autour de ce sujet un certain flou. Par exemple, le nombre d’e-pharmacies sur Amazon n’est pas précisément connu. Le sujet est jugé « non communicable » par le géant américain du e-commerce.
Quelques centaines de pharmacies sur Amazon
D’autre part, du côté pharmacien, l’évocation de la présence d’une e-boutique sur Amazon provoque des fins de non-recevoir lorsqu’on essaye d’échanger sur le sujet. Selon différentes estimations disponibles (notre article du 24 novembre 2020), le nombre de pharmacies physiques françaises en ligne sur Amazon serait de quelques dizaines à quelques centaines. Ce chiffre est à mettre en regard des quelque 700 officines en ligne déclarées sur le site de l’ordre des pharmaciens. Preuve également de cette discrétion sur la plateforme, certains pharmaciens font le choix de l’anonymat en utilisant des noms de boutique différents de celui de l’officine. Néanmoins le consommateur peut toujours étudier la fiche de renseignements pour connaître le propriétaire réel.
Pourquoi ces pharmaciens sur Amazon ont-ils alors franchi le pas ? Tout simplement parce que la plateforme offre probablement la meilleure solution « clés en main » pour développer une activité de vente en ligne. Car il faut l’admettre, créer un site d’e-commerce est difficile et long. Bien souvent, les résultats obtenus par une création « maison » sont en dessous des espoirs suscités. Les investissements financiers et en temps ne sont que rarement rentabilisés. Tous les spécialistes du e-commerce vous le diront : le nerf de la guerre sur internet c’est le référencement. Et cette science 2.0 reste difficile à maîtriser notamment pour des pharmaciens e-commerçants. Alors il y a bien sûr les offres des groupements qui permettent de mutualiser certaines tâches de création et de mise en ligne. Mais là aussi beaucoup de pharmaciens ne se retrouvent pas dans ces démarches trop génériques et peu personnalisables. Amazon constitue donc, au final, une solution séduisante pour les officinaux.
Amazon joue sur quatre émotions
En jouant sur les émotions, le discours bien huilé proposé aux pharmaciens a en effet de quoi séduire. Comme le détaille Sophie Gillardeau, consultante spécialisée en stratégie officinale, pour développer l’activité des pharmacies sur la plateforme « Amazon joue sur quatre émotions : la valorisation du métier car le pharmacien est au cœur du système de santé ; l’appartenance à un groupe - le titulaire n’est pas seul sur la plateforme, d’autres ont déjà franchi le pas - ; la maîtrise du business en ligne : Amazon est le maître incontesté de la vente en ligne et enfin la valorisation du chiffre d’affaires : argument imparable pour des pharmaciens cherchant la valorisation d’une activité de e-commerce ».
Amazon s’appuie également sur la situation actuelle de la vente en ligne de médicaments. Depuis 2012, mis à part quelques leaders dans le domaine, l’activité d’e-commerce peine à décoller pour les e-pharmacies françaises. Difficile alors pour de nombreux titulaires de résister aux sirènes de la plateforme Amazon. L’offre proposée a de quoi les séduire. Elle repose simplement sur un abonnement mensuel à un tarif fixe. Et pour quelques euros de plus par mois, la plateforme peut également gérer toute la partie logistique.
La question de la vente en ligne des médicaments fait donc toujours débat au sein de la profession, mais également auprès du grand public. L’arrivée d’Amazon dans le secteur de la pharmacie peut à la fois offrir de nouvelles opportunités mais également fragiliser la profession. En France, la réglementation reste pour l'heure favorable aux pharmacies physiques. Ce verrou législatif protège aujourd’hui le réseau officinal. Mais de nombreux secteurs d’activité ont déjà mué vers une « ubérisation » de leur business model.
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