ENTRE les vols à l’étalage (responsables d’environ 50 % de la démarque inconnue), les vols internes (environ 30 %) et les erreurs de fournisseurs ou les erreurs administratives (environ 20 %), la démarque inconnue s’élève à plus de 20 000 euros par officine et par an. En effet, la pharmacie ne manque pas de points à risque : les zones cachées derrière un meuble, le sas de livraison, le comptoir, où se pratique le vol au « rendez-moi » (la personne empoche la monnaie après avoir tendu un gros billet puis renonce au produit et profite d’une diversion pour conserver la monnaie)… De plus, entre les professionnels du vol et le client fidèle qu’on ne soupçonnerait jamais de voler, le pas est grand et pourtant le résultat est le même.
Investir dans les divers moyens proposés contre le vol peut donc très vite être rentable. Reste à déterminer ceux qui sont les plus appropriés à son officine. Pour empêcher le vol en dehors des horaires d’ouverture, le système d’alarme reste le premier équipement d’une officine. Le simple système de sirène est le plus classique mais il existe aussi des générateurs de brouillards qui enfument le magasin dès que l’alarme sonne et empêchent ainsi le voleur d’entrer dans le magasin.
Tiroir-caisse automatique.
Pour sécuriser spécifiquement les paiements en espèces, la société Cashguard propose son tiroir-caisse automatique. Le principe en est simple : la personne qui effectue la vente annonce la montant, le client met les pièces dans la machine et donne les billets au pharmacien. Puis l’appareil rend la monnaie. « Une centaine de pharmacies se sont équipées depuis le début d’année », souligne Laurent Jamin, de la société Cashguard : « non seulement le système évite les erreurs de caisse et dissuade les vols internes et externes, mais en plus le pharmacien gagne du temps pour son conseil et pour la gestion de sa caisse le soir (l’appareil donne le compte exact de la monnaie dans le tiroir-caisse). L’appareil est légèrement plus grand qu’un tiroir-caisse traditionnel et ne nécessite donc pas beaucoup de modifications dans l’officine ». Cette caisse est proposée en location pour un coût inférieur à 10 euros par jour en moyenne.
Portique et étiquettes électroniques.
Les portiques antivols et étiquettes électroniques sont, quant à eux, un bon moyen d’éviter le vol à l’étalage et d’oser mettre en avant des produits coûteux qu’on laissait derrière le comptoir par peur d’être volé. Trois systèmes existent : la radiofréquence, l’acoustomagnétique et l’électromagnétique. En pratique, on retrouve les deux premiers en officine et principalement la radiofréquence. Une étiquette est munie d’un circuit électronique qui emmagasine de l’énergie lorsqu’elle passe entre les antennes, se charge et émet un signal à ces antennes si elle n’a pas été désactivée. Les étiquettes et antennes ne cessent de s’améliorer. Ainsi, par exemple, la société Checkpoint systems, société spécialisée dans la gestion de la démarque inconnue, conçoit des antennes de plus en plus « intelligentes » qui peuvent procéder à un comptage des personnes entrant dans la pharmacie. Pour ne pas cacher des informations et pouvoir étiqueter des produits de petite taille, de nombreux efforts sont faits sur la taille des étiquettes : par exemple, les micro-stamps sont plus petites qu’un timbre-poste. Autre exemple, les étiquettes Micro Cosmetic, de forme allongée et transparentes, qui permettent de protéger les produits petits et les produits nus tels que mascaras ou crayons pour les yeux. La RFID (radio frequency identification) aura-t-elle un jour sa place en officine ? Cette nouvelle technologie, déjà implantée dans le textile, pourrait donner un intérêt supplémentaire à la radiofréquence. Une étiquette permettrait d’identifier un produit grâce à un code identifiant unique et pourrait contenir sur sa puce des informations supplémentaires telles que code article, coût, provenance, date limite d’utilisation, quantité dans la boîte… On pourrait ainsi suivre la traçabilité de chaque produit et effectuer des inventaires électroniques simplifiés.
Souriez, vous êtes filmés !
En complément ou pas des portiques, la vidéosurveillance est un bon moyen de surveiller toutes les zones critiques de la pharmacie et en particulier les zones qui ne peuvent être surveillées efficacement par l’équipe pendant les heures d’affluence : zones d’ombres, sas de livraison… « Les systèmes sont de plus en plus évolués. Aujourd’hui déjà, on réussit à fabriquer des petites machines qui peuvent retenir 30 jours d’enregistrement grâce à la technologie H.264 » (ce qui est le maximum légal autorisé), explique Pascal Moreau, directeur commercial Ntpharm, pour la sécurisation de l’officine, chez Alliadis.
Avant l’installation, la société définit avec le pharmacien ce qu’il souhaite protéger (Plutôt la caisse pour surveiller par exemple les billets rendus, plutôt les produits, plutôt le back-office, ou l’ensemble de la pharmacie ?). Puis d’autres critères doivent être pris en compte. Le choix du type de caméra est important : il existe des caméras jour et des caméras jour/nuit. La première coûte en moyenne 350 euros et il faut rajouter 250 euros supplémentaires pour une caméra jour/nuit. Il existe aussi une alternative pour la nuit : un spot qui s’allume en cas d’intrusion et permet donc aux caméras jour de filmer. Pour revenir rapidement sur un vol sans avoir à visualiser heure par heure ce qui s’est passé, le choix doit se porter sur une vidéosurveillance « intelligente », avec détection de mouvement, reconnaissance d’objets et identification de zones à surveiller (une alarme visuelle ou sonore est déclenchée dès que celles-ci sont suspectes). Les caméras de vidéosurveillance offrent aussi la possibilité d’être reliées à des écrans de contrôle sur smartphone, ce qui permet au titulaire une observation à distance de l’officine. En moyenne, la société Ntpharm d’Alliadis installe huit caméras par officine. L’investissement revient à 5 500 à 6 000 euros, ce qui peut assurer un retour sur investissement rapide quand on sait que la démarque inconnue s’élevait en 2009 à 20 000 euros en moyenne par an (soit 1,35 % du chiffre d’affaires*).
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