Actuellement, il n’existe pas de traitement curatif radical de la grippe. Seul le vaccin permet de prévenir une contamination et reste une arme incontournable. Les Français ont dans l’ensemble une bonne connaissance de la maladie, de sa prévention et de ses complications, mais beaucoup d’idées reçues subsistent. Elles concernent en majorité les effets indésirables du vaccin et le fait qu'il pourrait lui-même conférer la maladie ou une vulnérabilité accrue.
« J’ai enchaîné les maladies respiratoires l’hiver où je me suis fait vacciner. »
Le vaccin étant préparé à partir de particules virales inactivées, il est impossible que la vaccination soit à l’origine d'autres symptômes ORL. D'autre part, le vaccin confère une protection uniquement envers le virus de la grippe. Lorsque cette dernière survient peu après l’acte vaccinal, il s’agit d’une contamination inévitable, l’immunité procurée par le vaccin n’apparaissant pas immédiatement après l’injection. De même, l’efficacité démontrée du vaccin étant en moyenne de 80 % (la couverture 100 % n’existe pas), certains sujets vaccinés feront malgré tout un épisode viral.
« Je suis enceinte et j’ai peur que le vaccin antigrippal fasse courir des risques à mon bébé. »
Le troisième trimestre de la grossesse est une période propice aux surinfections et la vaccination de la femme enceinte est encouragée : elle protège le nourrisson de moins de six mois grâce aux anticorps maternels passivement transmis. Le vaccin a prouvé qu’il était utile, bien toléré et sans danger, surtout pour les femmes fragilisées par une maladie (diabète, hypertension, asthme…).
« Mon père de 83 ans se fait vacciner chaque année contre la grippe mais il l'attrape quand même. »
Malgré les anticorps acquis lors d'une précédente infection, il existe des possibilités de réinfection par un même groupe de virus. Par ailleurs, l'efficacité du vaccin est moindre chez les personnes âgées en raison d’une moins bonne qualité de la réponse immunitaire. Même vaccinés, des seniors sont victimes des épidémies de grippe chaque année. Cependant, les symptômes sont moins intenses qu’en l’absence de vaccination.
« L’un de mes enfants est souvent malade et j’hésite à le faire vacciner. »
À chaque début d'épidémie, la grippe touche les enfants, en priorité ceux d'âge scolaire ou gardés en collectivité à cause de la promiscuité. Son incidence est élevée puisqu'elle peut toucher en période épidémique un enfant sur trois, contre dans le même temps, un adulte sur dix. La vaccination antigrippale est autorisée à partir de l'âge de six mois. En France et en Europe, elle n'est recommandée que pour les enfants à risque. Le vaccin Fluenz Tetra administré par voie nasale est indiqué chez les enfants de 3 à 17 révolus. Il n'est pas disponible en officine cette année et n'est pas pris en charge par l'assurance-maladie.
« Les enfants en bonne santé n'ont pas besoin d'être vaccinés contre la grippe. »
En fait, les enfants sont les principaux vecteurs du virus grippal au sein de la population des adultes. Ils représentent une source de dissémination importante et rapide du virus vers les autres membres de la famille, car le taux de virus dans les sécrétions nasopharyngées est élevé. D'autre part, l'enfant est contagieux plus longtemps que l'adulte car le virus a une vie plus longue au sein de son organisme.
« J'attends toujours le début d'une épidémie pour me vacciner. »
La vitesse avec laquelle se propage le virus de la grippe à travers le monde explique qu'il n'est pas raisonnable de faire une vaccination juste au moment où les premiers cas se déclarent : prévenir c'est vacciner avant. La vaccination doit se faire tous les ans à la même époque avec les nouvelles souches virales identifiées.
« Se vacciner tardivement ne sert à rien. »
Tout dépend de la date à laquelle va se déclarer l'épidémie. C'est avant la mi-décembre, idéalement dès le mois d'octobre, qu'il faut se faire vacciner, on compte une quinzaine de jours pour que la vaccination soit pleinement efficace. En effet, l'immunité apparaît dix à quinze jours après et dure de neuf à douze mois. Les populations à risque, notamment les personnes âgées, ont intérêt à se faire vacciner le plus tôt possible en automne.
« Malgré mon bon de prise en charge, je n'ai jamais le temps d'aller voir mon médecin pour me faire vacciner. »
Désormais, les Français ont le choix de se faire vacciner par leur médecin, un infirmier ou leur pharmacien. Cette dernière option fait partie des nouvelles missions accordées aux officinaux qui participent à l'expérimentation dans plusieurs régions de France (Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Auvergne Rhône-Alpes, Hauts-de-France).
« Je ne bénéficie toujours pas de la gratuité de la vaccination. »
En France, la vaccination est gratuite chez les personnes de 65 ans et plus, et pour toutes celles atteintes d'affections de longue durée (ALD). La liste des personnes dont la vaccination est recommandée et prise en charge inclut également celles ayant des antécédents d’AVC, souffrant de maladies coronariennes, d’une atteinte respiratoire (ALD ou pas), de diabète, ainsi que les professionnels de santé libéraux dont les pharmaciens titulaires. Elle a été étendue aux femmes enceintes quel que soit le terme, et aux obèses avec un IMC > 40 kg/m2.
« Je ne comprends pas pourquoi on ajoute des adjuvants dans certains vaccins. »
La plupart des vaccins ne provoquent pas de réponse immunitaire innée suffisante. L'ajout d'un adjuvant renforce le pouvoir antigénique dont dépend le succès de la vaccination. Les adjuvants peuvent en outre permettre de limiter les doses d’antigènes à administrer, de réduire le nombre d’injections nécessaires pour une bonne immunisation, ou encore stimuler l'immunité chez les plus faibles (personnes immunodéprimées, âgées…). Les vaccins contre la grippe sont sans adjuvant.
« Les antiviraux et les antibiotiques sont très efficaces contre la grippe. »
Les antiviraux freinent la multiplication virale (phase d’incubation), ils diminuent la durée et l’intensité des symptômes ainsi que les risques de complications. Ils ne sont pas efficaces à 100 %. L'inhibiteur de la neuraminidase oseltamivir/Tamiflu par voie orale est le plus utilisé devant le zanamivir/Relenza par voie inhalée. Un nouvel antiviral, le baloxavir apporte ses premières preuves d'efficacité et de tolérance (voir Quotidien du 10 septembre 2018). Quant aux antibiotiques, le médecin les réserve aux cas sévères et aux surinfections bactériennes.
« Les vaccins antigrippaux disponibles en pharmacie sont-ils équivalents ? »
Les vaccins contre la grippe saisonnière pour la saison grippale 2018-2019 sont tétravalents. Ils contiennent tous deux souches de type A et deux souches de type B, dans le but de protéger contre un plus grand nombre de virus grippaux. Les souches vaccinales correspondent aux recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette année les pharmacies disposent de trois vaccins tétravalents injectables : Fluarix Tetra, Vaxigrip Tetra (recommandés dès l'âge de 6 mois) et Influvac Tetra (recommandé à partir de 18 ans).
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